Quelles sont les dernières tendances du recrutement de juristes ?

Quelles sont les dernières tendances du recrutement de juristes ?

Rédaction du village

Alors que le nombre d’offres d’emplois dans le secteur juridique a atteint des records [1], que les entreprises retrouvent le sourire et la confiance, comment se comporte le recrutement juridique vu de l’intérieur ? Que faut-il savoir pour vous candidats et recruteurs ?
C’est la question que nous avons posé à Séverine Blum, Manager Senior HAYS - Pôle RH et juridique [2] à l’occasion de la publication d’une nouvelle étude de rémunération.

Mise à jour de notre article initialement publié en Janvier 2017.

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L’étude Hays 2017 anticipait une nouvelle hausse des récrutements pour les mois à venir : les perspectives sont très positives puisque 69% des recruteurs (entreprises en général) déclarent avoir des projets de recrutement en 2017... Et c’est bien ce que nous avons constaté sur Le Village de la Justice, une réelle hausse du nombre d’offres toute l’année.

Mais face à cela, l’ensemble des recruteurs, cabinets de recrutement, cabinet d’avocats ou services juridiques, constatent une réelle frilosité des candidats, avec par exemple un taux de réponse aux annonces en baisse, ou avec l’abandon fréquent par les candidats du processus de recrutement avant sa fin, positive ou négative.

"C’est aujourd’hui à l’entreprise d’être plus vendeuse pour faire venir les candidats."

Que se passe-t-il ?

Séverine Blum nous confirme que c’est particulièrement le cas dans le secteur juridique, dans lequel les offres sont assez spécialisées sur des niches et n’attirent l’attention que de trop peu de candidats. "C’est un nouveau phénomène, très net en 2016. De nombreux professionnels ont une envie de se remettre en recherche et d’évoluer au bout de 5 ans environ, mais souvent ils reculent devant une prise de risque". Risque mis en balance avec leur situation actuelle et les incertitudes de l’avenir... à l’heure où l’on est souvent installé dans la vie personnelle (couple, enfants...).

Au-delà de cette tendance que l’on peut pour le moment supposer temporaire, quelque chose aurait-il changé ? "Oui, c’est aujourd’hui à l’entreprise d’être plus vendeuse pour faire venir les candidats, et plus réactive pour garder la motivation des candidats qui s’émousse si le processus est trop long."

Séverine Blum, Manager Senior HAYS - Pôle RH et juridique.

Pour cela les recruteurs doivent mieux "vendre" le poste : c’est un projet de carrière et d’évolution qu’il faut présenter, pour valoriser le poste... Travail en équipe, ouverture vers les autres directions par exemple, perspectives de l’entreprise... Tout compte pour motiver les candidats qui pensent "carrière et travail" dans un écosystème et plus seulement à travers leurs missions personnelles.
"Hays accompagne de fait ses clients pour les aider à faire avancer leur communication de recrutement au-delà du seul profil de poste - ce d’autant plus que de nombreux profils de juristes sont proches, la différence pour les candidats se situant ailleurs" [3].

Il est certain aussi que les longs processus de recrutement (souvent plusieurs mois) ne sont plus guère adaptés à l’accélération qui touche tous les pans de nos vies... Mais les juristes qui souhaitent évoluer ont en 2017 une vraie fenêtre d’opportunités ! Autant être parmi les premiers... et apprendre à apprivoiser les codes et processus des recruteurs.

Comment se porte le marché ?

Hays confirme notre constat qu’il y a une vraie hausse du nombre de recrutements, avec des équipes qui se créent de toutes pièces et qui n’existaient pas, "par exemple dans le domaine des contrats (secteurs de l’IT, des SSI...), où l’on monte des services de plusieurs juristes pour accompagner les équipes commerciales dans la vente".

Oui, il n’est plus rare que les juristes participent aux projets des autres directions très en amont, car ils sont de plus en plus impliqués dans le business et le management de l’entreprise. Nous le constatons chaque année notamment lors du Prix de l’innovation en management juridique, avec des services juridiques qui s’investissent aux côtés des opérationnels (pensons notamment à la candidature de la Direction juridique de Microsoft qui accompagne les équipes commerciales sur des événements notamment pour aider le développement de l’offre Cloud "maison"). D’autres juristes participent aussi aux négociations commerciales qui déboucheront sur des contrats, etc.

"Il y a également de plus en plus de postes d’experts et de spécialistes, notamment dans le cloud et le numérique, les brevets et la P.I., où des postes se créent vraiment, car il faut des compétences assez techniques, dont les entreprises ont besoin assez rapidement pour de nouveaux projets". Dans ce cas, le recrutement externe est un atout de développement pour l’entreprise, pour aller vite vers de nouvelles compétences.

Le marché est donc redevenu dynamique sur ces profils en 2016 et 2017 avec de belles perspectives pour 2018, surtout si les candidats perçoivent le côté valorisant de ces postes pour leur carrière et plaisir de travailler.
Mais attention, les recruteurs ont un niveau d’exigence élevé sur ces postes ! (En terme de niveau de langue ou d’aptitudes relationnelles).

Ayez en tête toutefois que les postes de Juristes d’affaires généralistes restent majoritaires dans les recrutements en 2017.

"Il est demandé au juriste des compétences relationnelles fortes, bien plus qu’il y a cinq ans où l’on demandait des profils surtout techniques."

Que cherchent les recruteurs en 2017 ? Y a-t-il de nouveaux profils de postes, aptes à mieux appréhender les LegalTech par exemple, ou le management, l’innovation... ?

Séverine Blum confirme que "oui, le monde du droit évolue, un juriste est de plus en plus souvent quelqu’un qui est proche des autres membres de son équipe et des autres directions, il agit de moins en moins seul. Il lui est demandé des compétences relationnelles fortes, bien plus qu’il y a cinq ans où l’on demandait des profils surtout techniques.
Désormais le juriste va avoir un rôle fort en interne, il doit savoir vulgariser son discours, participer à des projets transversaux...
", voire vendre son service en interne pour obtenir des moyens de le développer.

"On peut prendre l’exemple de la compliance : ces fonctions de juristes sont au coeur du business avec les opérationnels. De même pour le juriste en droit de l’immobilier et de la construction ; il y a énormément de demandes des recruteurs, qui recherchent souvent plusieurs juristes, au coeur du business, et pas nécessairement en service juridique. Dans ces domaines, il n’y a plus tellement de juristes généralistes, mais des experts."

Par contre les aptitudes sur la legaltech sont encore très rarement demandées en France "mais c’est déjà le cas aux Etats-Unis", et de fait le sujet émerge à peine [4]. "Les prestations proposées sont de plus en plus performantes et changent la vision du conseil juridique traditionnel. Tout nous amène à penser que la LegalTech poursuivra son développement en France"... et qu’il y a là des recrutements spécifiques, en startup ou services juridique ou cabinets d’avocats, pour ceux qui sauront allier Droit, Marketing et Technos.

Enfin, quelle est la tendance sur le débat de la spécialisation des juristes ? Que demandent les recruteurs sur ce sujet ?

"Tout dépend de l’entreprise. Dans une PME il faudra souvent et encore être généraliste, et dans les plus grands groupes plutôt spécialiste. Mais les candidats ne sont souvent pas les mêmes dans les deux cas, avec des aspirations différentes en petites et grandes structures. L’environnement de travail est finalement souvent ce qui va trancher entre le choix de faire une carrière de généraliste ou de spécialiste...".

Comment évoluent les rémunérations dans ce cadre ?

"Il n’y a pas eu de grosses évolutions, à part pour les postes pour lesquels la "compétence langue" est primordiale (juristes internationaux), toujours très recherchée" (cela concerne l’anglais, puis l’espagnol, surtout).
"Néanmoins, la partie variable des rémunérations est grandissante dans les fonctions juridiques et même les fonctions supports, avec des objectifs individuels et en équipe. C’est nouveau, jusqu’à 10 ou 15% du salaire peut-être lié à des objectifs, par exemple en droit social" (sur le nombre de contentieux réglés, ou le nombre de contrats, etc).

Clôturons ce sujet avec deux conseils :

Aux recruteurs, on conseillera désormais d’ "apprendre à vendre vraiment un projet et pas seulement un poste, d’être créatif pour séduire et conserver les candidats pendant le processus de recrutement", lequel doit s’accélérer chaque fois que possible.

Aux candidats, on insistera sur les langues et l’expérience internationale, très appréciée par les recruteurs, même pour le droit des sociétés en grosse PME. "Et il faut mettre en avant votre relationnel !"

Rédaction du village

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Notes de l'article:

[1Tous les records ont été battus sur Le Village de la Justice en 2017 avec des sommets de plus de 3200 offres d’emploi et de stage en ligne.

[2Cabinet de recrutement surtout centré sur les Directions juridiques et les fonctions supports en cabinet d’avocats.

[3On relira à ce sujet et avec profit notre article sur les "soft-skills" pour les avocats, valable évidemment aussi pour les juristes, et qui traite de l’importance grandissante des aptitudes comportementales, tant pour les recruteurs que pour les candidats.

[4Voir à ce propos le Salon de la LegalTech qui aborde le sujet chaque année (prochaine édition en décembre 2017) avec l’association OpenLaw qui planche sur ces questions d’adéquation des formations aux besoins de demain en matière de technologies...

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