Village de la Justice : Pourquoi avoir choisi de vous "ultra spécialiser" ? S’agit-il du résultat d’une passion, ou d’une vraie stratégie de création de valeur ajouté maximale pour les clients ?
Eloïse Wagner : « Cette expertise sectorielle, c’est complètement un choix, je dirai même un choix de cœur ! Cette façon d’exercer la profession d’avocat a été faite en cohérence avec ce que je suis. En effet, je me suis intéressée très tôt aux domaines dans lesquels j’exerce. C’est pour ça que j’ai choisi de faire le Master II Droit du cinéma, de l’audiovisuel et des multimédias à Lyon 3. C’était un diplôme qui offrait un enseignement évidemment très approfondi en propriété littéraire et artistique, mais aussi et surtout à ces domaines professionnels précis. A l’issue de mes études, je me suis installée très vite et j’ai choisi de n’accepter de traiter que des dossiers relatifs au droit de la culture et des médias. Et puis, petit à petit, cela s’est resserré encore plus sur le divertissement et les médias. C’était un choix financier risqué d’exercer uniquement dans ces domaines, puisqu’il y a bien sûr moins de demandes dans ces secteurs que dans ceux qui touchent absolument tout le monde. Mais je ne me voyais pas travailler sur des thématiques qui ne me plaisaient pas, alors je me suis accrochée.
Cela me semblait être aussi important pour moi que pour mes clients. En effet, se dédier à un domaine précis permet de développer une expertise forte. A mes yeux, ce n’est qu’en devenant expert d’un domaine du droit et/ou d’un domaine professionnel qu’on peut être sûr d’offrir un accompagnement pointu aux clients.
Mon domaine d’expertise, c’était d’abord le droit d’auteur et les droits voisins, mais cela s’est petit à petit élargi aux différents besoins juridiques du droit du divertissement et des médias. En effet, souvent, plusieurs domaines du droit vont se croiser dans un même dossier : droit de la publicité, droit du travail, droit de la presse... Cela peut toucher aussi au droit pénal et aux droits de la personnalité.
Aujourd’hui, je considère avoir une expertise sectorielle mais cela ne veut pas dire pour autant que je suis généraliste du divertissement. Lorsque mes clients ont un besoin juridique axé sur un domaine du droit précis que je ne maitrise pas ou trop peu, alors je fais appel à des consœurs et confrères dont c’est la spécialité ».
Cette approche est-elle novatrice ? A quels besoins répondez-vous ? Comment permet-elle de mieux répondre aux attentes des clients ?
« Je ne dirais pas que cette approche est novatrice, elle correspond plutôt à une demande des clients, et à un développement naturel de la profession d’avocats. Nous sommes de plus en plus nombreux et nous avons donc la possibilité de pouvoir offrir des expertises de niche. Les justiciables ont besoin quant à eux d’être compris, de pouvoir aller droit au but sans avoir à expliquer toute leur activité. C’est aussi un besoin de confiance.
C’est d’autant plus vrai pour les vidéastes/créateurs de contenus qui ont un métier à part et dont les problématiques techniques et juridiques sont récentes.
De mon côté, je suis créatrice de contenus depuis 2016. Je suis moi-même confrontée aux mêmes contraintes, questionnements, enjeux, etc. qu’eux. Quand on se parle, on a donc le même langage. Cela fait gagner un temps précieux à tout le monde, et surtout, cela me permet de leur offrir un accompagnement juridique de qualité. Connaître le milieu professionnel du client permet d’être sûr de ne pas passer à côté de certains sujets dans son dossier ! Comment anticiper une éventuelle difficulté à venir et le prévoir dans un contrat, si on ne connait pas les enjeux et les pièges du secteur ? C’est essentiel d’être au fait des contraintes, mécanismes, codes, usages du domaine professionnel dans lequel on intervient.
Cependant, ce mouvement « ultra-sectoriel » ne doit pas prendre le pas sur un exercice généraliste du droit. Comme dans le monde médical, il faut de tout. Il y a de la place pour tout le monde et il faut de la variété pour permettre à chacun de trouver l’avocat qui convient à son besoin ».
Le commentaire de la Rédac’ du Village :
Devenir expert d’un domaine du droit et/ou d’un domaine professionnel est une façon pour l’avocat d’être sûr d’offrir un accompagnement pointu aux clients, de connaître son milieu professionnel de mieux le comprendre et de répondre au besoin de confiance de ce dernier.
Le mouvement "ultra sectoriel" ne doit pas se faire au détriment de l’exercice généraliste du droit, ce d’autant plus que les dossiers sont souvent à la croisée de plusieurs domaines du droit.