La question est traitée par Mark Herrman (responsable juridique des litiges et vice-président chez Aon, premier fournisseur mondial de services en gestion des risques) sur le site Droit-inc.com, et nous y revenons car elle n’est pas inintéressante du tout.
Il s’agit en fait de deux aspects : "Comment choisissez-vous vos avocats ? " et "Pourquoi les entreprises embauchent-elles de plus en plus des avocats ?" qui "passent à l’entreprise".
Comment choisissez-vous vos cabinets d’avocats ?
Mark Herrman pense qu’une entreprise raisonnable s’intéresserait plutôt aux avocats (la personne) qu’aux cabinets d’avocats (la structure). Il s’agit sans doute dans son esprit de privilégier le recours à "un avocat" plutôt qu’ "à un cabinet", donc d’imposer les intervenants sur ses dossiers : "En tant que client, ce qui importe c’est la qualité de l’avocat qui travaille sur le dossier, pas la qualité de ceux qui ne travaillent pas sur le dossier, ni même l’identité du cabinet."
Avec humour (?) il souligne une exception possible à ce raisonnement... raisonnable : "Exception faite du client timide qui se protège contre la possibilité d’un mauvais résultat : « Nous avons engagé le plus grand cabinet d’avocats disponible pour traiter notre dossier. Maintenant que les choses tournent au vinaigre, vous ne pouvez pas me blâmer, parce que j’ai embauché le meilleur et que j’ai perdu beaucoup d’argent dans l’affaire. » "
Il met en garde les services juridiques contre "les ventes croisées" (cross-selling), c’est-à-dire la transmission d’un dossier à quelqu’un pris un peu hasard, pour ne pas perdre le dossier.
On pourra sans doute s’assurer contre ces risques dans le cadre de vrais échanges de confiance entre le service juridique et ses cabinets d’avocats, peut-être aussi en remettant en jeu régulièrement les "marchés" de prestations juridiques, et en s’intéressant également aux "petits cabinets" de niche.
Pourquoi les entreprises embauchent-elles de plus en plus des avocats ?
Mais notre propos est aussi de vous inviter à mettre cela en parallèle avec la très forte tendance des services juridiques à recruter des avocats (avec le CRFPA donc) plutôt que des juristes diplômés.
Cette tendance est croissante depuis quelques années, et désormais certaines entreprises ne recrutent plus que des avocats. Certes c’est parfois pour jouer la carte de la "sélection automatique", mais aussi souvent pour intégrer un intermédiaire entre les juristes et les cabinets d’avocats extérieurs.
Raisonnable ou pas, le débat n’est pas tranché (sauf par les juristes diplômés qui souffrent franchement de cette concurrence).
Mais peut-être que si les cabinets d’avocats attiraient mieux et conservaient les "meilleurs avocats" (y compris et surtout les femmes, qui passent souvent en entreprises après quelques années de barreau) et évitaient les excès des "ventes croisées", tout serait différent...
Rédaction Village de la justice