Un sujet proposé par la Rédaction du Village de la Justice

Focus sur la loi du 8 mars 2024 visant à renforcer la protection des mineurs et l’honorabilité dans le sport.

Par Victoria Dreze, Juriste et Guillaume Ghestem, Avocat.

1501 lectures 1re Parution: 3.67  /5

Explorer : # protection des mineurs # violences sexuelles # contrôle d'honorabilité # droit du sport

Ce que vous allez lire ici :

Suite à une forte augmentation des signalements de violences sexuelles dans le sport, la loi du 8 mars 2024 renforce le dispositif de contrôle de l'honorabilité des enseignants, animateurs et éducateurs sportifs. Désormais,qu'ils soient professionnels ou bénévoles, ils doivent tous faire l'objet d'un contrôle annuel et les dirigeants de clubs sportifs doivent signaler tout comportement à risques.
Description rédigée par l'IA du Village

Depuis le 16 janvier 2023, le Sénat et l’Assemblée nationale examinent une proposition de loi portée par Monsieur Sébastien Pla et visant à renforcer la protection des mineurs et l’honorabilité dans le sport. Cette proposition de loi a été déposée pour répondre aux problématiques rencontrées par le milieu sportif depuis plusieurs années en matière, notamment, de violences sexuelles contre des mineurs.

-

Depuis plusieurs décennies, il existe une obligation d’honorabilité pour les enseignants, les animateurs et les éducateurs sportifs. Cette obligation existe sans distinction que l’enseignant, l’animateur ou l’éducateur soit rémunéré ou bénévole.

Toutefois, l’efficacité et le contrôle de cette obligation étaient toutes relatives. En effet, seuls les enseignants, les animateurs et les éducateurs sportifs professionnels, c’est-à-dire rémunérés, voyaient leur obligation d’honorabilité contrôlée, et ce annuellement depuis quelques années.

Ce contrôle était donc insuffisant car les enseignants, les animateurs et les éducateurs sportifs sont quasiment tous bénévoles (2 millions de bénévoles pour 250 000 professionnels). De surcroit, jusqu’en 2022, date de la mise en place du contrôle automatisé de l’honorabilité, près de 90% des éducateurs sportifs voyaient leur honorabilité vérifiée uniquement lors d’un contrôle sur place par les services départementaux à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (SDJES) ou lors de la délivrance de leur carte professionnelle.

Face à l’explosion du nombre de dénonciations de violences sexuelles dans le sport, en mai 2023, près d’un million de bénévoles ont été contrôlés et 130 incapacités ont été notifiées à la suite du contrôle automatisé. L’objectif est de contrôler les 2 millions de bénévoles du monde du sport.

Afin de mieux protéger les enfants des violences sexuelles dans le sport, la loi du 8 mars 2024 renforce le dispositif de contrôle de l’honorabilité des éducateurs sportifs en l’alignant sur celui existant dans le secteur social et médico-social [1].

Désormais, l’article L212-9 du Code du sport prévoit que le contrôle d’honorabilité des enseignants, animateurs et éducateurs sportifs consiste en la consultation systématique et annuelle, par les autorités administratives :

  • du bulletin n° 2 du casier judiciaire (B2) ;
  • du fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS), qui recense les personnes condamnées ou mises en cause pour certaines infractions sexuelles ou violentes, à partir de l’âge de 13 ans.

En conséquence, le principe d’annualité du contrôle est désormais inscrit dans la loi. Cette annualité est facilitée par l’obligation faite aux clubs sportifs de relever l’identité complète de toutes les personnes susceptibles d’intervenir auprès d’enfants afin d’obtenir une licence sportive.

Par exception au principe de réhabilitation pénale, l’inscription d’une condamnation au FIJAIS, entraînera l’interdiction d’exercer pour l’enseignant, l’animateur ou l’éducateur concerné, même si ladite condamnation n’est plus inscrite sur le B2. En effet, si certaines condamnations peuvent être effacées du B2 six mois après la date de condamnation à la demande de la personne condamnée, ces condamnations restent inscrites au FIJAIS au minimum 20 ans (10 ans lorsque l’auteur est mineur au moment des faits). En conséquence, la consultation du B2 et du FIJAIS renforce, dans les faits, la durée de l’interdiction d’exercer.

La loi du 8 mars 2024 introduit également une interdiction d’exercer pour les personnes qui ont été condamnées à l’étranger pour des faits qui entraîneraient en France une interdiction d’exercer [2].

Le deuxième pan de la loi du 8 mars 2024 introduit de nouvelles obligations pour les dirigeants. En effet, les dirigeants de clubs sportifs ont désormais l’obligation de signaler aux services de l’État les comportements à risques des enseignants, animateurs et éducateurs qu’ils emploient ou de toute personne en contact avec des enfants présentant un danger [3].

Est créée une mesure administrative spécifique applicable aux dirigeants de clubs sportifs. L’article L322-3 du Code du sport met en place une interdiction temporaire ou définitive d’exercer pour un dirigeant de club sportif dans trois situations :

  • lorsqu’il représente lui-même un danger pour la sécurité et la santé physique ou morale des pratiquants du club ;
  • lorsqu’il emploie une personne ne respectant pas les conditions d’honorabilité ou un éducateur sportif interdit d’exercer ;
  • lorsqu’il ne signale pas à l’administration des comportements à risques d’un éducateur sportif au sein de son club.

Le non-respect de cette interdiction de diriger pourra être puni d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende.

Enfin, les fédérations sportives agréées auront, comme les dirigeants de clubs, l’obligation d’informer sans délai le ministre des sports de tout comportement à risques [4].

Victoria Dreze, Juriste
et Guillaume Ghestem, Avocat, Barreau de Lille
Pôle droit du sport
Cabinet d’Avocats Essentiel A

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

3 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Notes de l'article:

[1Loi du 7 février 2022 dite Taquet.

[2Article L212-9 du Code du sport.

[3Article L322-4-1 du Code du sport.

[4Article L131-8-1 du Code du sport.

"Ce que vous allez lire ici". La présentation de cet article et seulement celle-ci a été générée automatiquement par l'intelligence artificielle du Village de la Justice. Elle n'engage pas l'auteur et n'a vocation qu'à présenter les grandes lignes de l'article pour une meilleure appréhension de l'article par les lecteurs. Elle ne dispense pas d'une lecture complète.

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27868 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs