[Nouvelle parution] "Les femmes ne meurent pas par hasard".

[Nouvelle parution] "Les femmes ne meurent pas par hasard".

Nathalie Hantz, Rédaction du Village de la Justice

1344 lectures 1re Parution: Modifié: 5  /5

En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 74 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques, sexuelles et/ou psychologiques commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 321 000 femmes...
En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 74 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols, tentatives de viol et/ou agressions sexuelles est estimé à 217 000 femmes... Ces chiffres, ce sont ceux publiés par L’Observatoire national des violences faites aux femmes [1].
Ces chiffres, Anne Bouillon, Avocat, refuse d’en faire une fatalité. Au quotidien, dans son métier, elle lutte contre ces violences et accompagne les victimes. Après en avoir parlé dans un livre, c’est désormais sous la forme d’un roman graphique co-écrit avec la journaliste Charlotte Rotman qu’elle en fait le récit.

-

La journaliste Charlotte Rotman a suivi pendant plusieurs années le travail d’Anne Bouillon dans son cabinet nantais, qui ne désemplit pas, et assisté à des procès. L’album, dont elles ont co-écrit ensemble le scénario, est basé sur ces années d’observations, et témoigne du traitement judiciaire quotidien des violences faites aux femmes.
L’occasion pour la Rédaction du Village de la Justice d’aller interroger une avocate engagée...

Village de la Justice : À qui s’adresse ce livre ?

Anne Bouillon : « Plutôt à un public jeune, à ceux et celles qui n’auront pas le réflexe d’aller lire un livre sur ce sujet, à ceux qui s’interrogent sur les violences conjugales, sans pour autant avoir envie de lire un livre "de juriste". »

VJ : Pourquoi ce choix du roman graphique ? Est-ce que les images marquent, voire choquent plus ?

Anne Bouillon

AB : « Non, pas du tout, ce n’est pas l’idée. J’ai mené les deux exercices de front (écrire un livre et écrire cette bande-dessinée) et pour le livre [2], ses lecteurs m’ont témoigné que le récit avec des mots pouvait aussi être difficile.
La finalité de l’image, à mon sens, c’est le mouvement. On perçoit les actions, le quotidien, les situations qui s’enchaînent, et le fait que ma pratique d’avocate dépasse mon cabinet. »

VJ : Quel est le plus beau compliment qu’on puisse vous faire à propos de cet ouvrage ?

AB : « Qu’il aide à percevoir et mesurer la réalité de ce que vivent les femmes, qu’il permette de montrer qu’il ne s’agit pas d’un épiphénomène, que notre société est organisée autour des violences faites aux femmes, mais qu’il ne s’agit pas d’une fatalité, qu’on peut changer cela.
J’ai moi-même fait mon propre travail introspectif, depuis 23 ans que je défends les femmes, ma pratique s’est améliorée. »

V.J : Comment se protège-t-on de la dureté des situations ?

AB : « Ma fonction, le mandat qui m’est donné et ma robe d’avocate me protègent.
Je suis mue par des objectifs définis, mais je sais que je ne vais sauver personne : je ne suis pas une "sauveuse", je suis "une défendeuse".
Cela étant, je suis parfois impactée mais cette émotion, cette indignation, cette colère, je veux les conserver, elles sont un moteur.

Tout ça, une nouvelle fois, n’est pas une fatalité. Les choses sont en mouvement et je suis heureuse d’y participer, c’est... une joie, pour moi. »

V.J : Que pensez-vous du "tribunal médiatique" que certains confrères dénoncent, ou encore de la Justice qui serait "laxiste" ?

A.B : « Je n’observe pas, dans mon quotidien d’avocat, une justice qui serait expéditive ou laxiste. Ni le principe du contradictoire, ni l’individualisation des peines ou encore la présomption d’innocence ne sont écornés parce que l’on prête une attention accrue à la parole des femmes.

Quant au tribunal médiatique, il s’agit en réalité de savoir pourquoi la parole déborde : parce qu’elle ne va pas au bon endroit, et elle ne va pas au bon endroit car ces endroits destinés à ça manquent de moyens !
Alors oui, on peut regretter l’absence de filtres sur les réseaux sociaux, mais pas que les médias fassent leur travail et révèlent des faits.
Il ne faut pas se tromper : le vrai problème de notre société, ce sont les chiffres des féminicides et des violences commis chaque année en France... »

La Rédaction a sélectionné différentes pages de l’ouvrage, des extraits qui témoignent de la diversité des situations traitées par l’avocate. (Cliquez sur l’image pour l’agrandir !)

Informations techniques :
Titre : "Les femmes ne meurent pas par hasard. "
Auteurs : Anne Bouillon, Charlotte Rotman, Lison Ferné
Editions : Steinkis
Date de parution : 31 Octobre 2024
ISBN 9782368466575
Pages : 192
Prix : 24€

Nathalie Hantz, Rédaction du Village de la Justice

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

6 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Notes de l'article:

[2NDLR : "Affaires de femme", paru le 3/10/2024 aux éditions L’Iconoclaste.

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27874 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs