Un hymne à la vie. Pupille s’ouvre en effet par une scène d’accouchement, minutieusement filmée, et se clôture sur une complicité courageusement acquise entre une mère adoptive et son fils, pupille de la Nation.
Entre les deux séquences, le film propose une immersion dans le processus de l’adoption. Théo, nouveau-né, est mis à l’adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance, suite à un accouchement sous X. Les services de l’aide sociale à l’enfance et le service adoption se mettent en mouvement pour lui donner le meilleur accueil possible. Les premiers doivent s’occuper de lui, le temps que les seconds trouvent celle ou ceux qui deviendront ses parents adoptants.
Durant deux heures de fiction, l’œuvre filme le quotidien à la fois crispant et envoutant des services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de l’Organisme autorisé pour l’adoption (OAA). Prendre en charge un bébé, le faire grandir, le considérer comme son propre enfant, avant de devoir s’en séparer et le confier à ses parents adoptifs. Telle est la mission noble et tragique du chargé d’accueil, interprété magistralement dans le film par Gilles Lellouche.
Mais ce sont surtout les débats passionnés au sein du Conseil de famille qui retiennent l’attention du spectateur. On y découvre des membres représentatifs des catégories de la société française, allant de personnages plutôt conservateurs aux modernistes émancipés. Cette structure hybride a en effet la lourde tâche de choisir les adoptants de Théo.
Les échanges entre les membres sont d’autant plus intéressants qu’ils ont lieu juste après l’entrée en vigueur de la réforme de 2002, qui interdit aux OAA d’exclure les candidatures du seul fait de leur célibat.
Les discussions s’enveniment et s’enflamment autour du choix d’accorder l’adoption à Alice (Elodie Bouchez), femme célibataire qui se bat depuis 10 ans pour avoir un enfant. En filigrane, le film incite également à la réflexion sur le droit d’adoption des couples homosexuels.
Si l’œuvre est réalisée avec beaucoup de pudeur et d’humanisme, elle pêche toutefois par la multiplicité des thèmes abordés, ainsi que par un manque de rythme, au point de perdre le spectateur au fil du film. A titre d’exemple, la grossesse non désirée de la mère biologique de Théo et son sort après la période de rétractation (période de deux 2 mois où elle peut retirer son fils de la liste des pupilles de la Nation et le reprendre) n’ont pas reçu le développement escompté.