Les élèves du "DU transformation digitale du droit et Legaltech" ont des profils très différents. Mais la grande majorité d’entre eux a pour point commun la recherche ou la création en cours d’un projet professionnel intégrant les technologies... et d’autres façons d’exercer le droit, ainsi que la recherche d’une fine connaissance des mécaniques du marché du droit et de ses acteurs.
Ceci mérite d’être souligné, ces futurs professionnels avisés souhaitent précisément anticiper le futur de leur profession, et non pas suivre une voie traditionnelle...
Il était donc intéressant d’échanger avec un éditeur de logiciel de gestion de cabinet d’avocats "nouvelle génération" puisque lancé il y a 4 ans seulement, se présentant comme "disruptif" et avec une vue transatlantique pour s’inspirer d’ailleurs et anticiper les évolutions.
- Rencontre / débat de Jarvis Legal (Martin Bussy) et Village de la Justice (Christophe Albert) avec les étudiants du DU "Transformation digitale du droit et Legaltech", dans les locaux de EY qui accompagne le DU, avec Stéphane Baller.
Jarvis se présente comme une startup qui souhaite révolutionner les technologies juridiques, ce qui se matérialise par le choix de technologies agiles, conçues en architecture adaptable. Jarvis croit en la force des solutions de type "API" et "cloud" [1] pour non pas proposer un logiciel de gestion de cabinet "qui fait tout", mais plutôt une plateforme qui offre les fonctionnalités importantes aux avocats... avec en plus l’intégration vers ce dont a besoin un cabinet et qui existe ailleurs : la gestion bancaire, la gestion des contrats, la comptabilité, les solutions collaboratives, etc.
Cette approche logicielle est novatrice par rapport aux anciens logiciels plutôt basés sur le "tout-en-un" et change complètement le modèle économique. Ici le client n’investit plus mais loue l’utilisation d’une plateforme logicielle chaque mois, décide de sa durée d’abonnement, n’est plus captif, choisit les interconnexions avec les services tiers dont il a besoin... L’éditeur se doit donc d’être à la recherche de la satisfaction du client et d’innovation, avec une stratégie parallèle de conquête permanente de nouveaux clients.
- Martin Bussy
En écoutant Martin Bussy décrire son business-model, l’importance de la relation-client et des interconnexions, on ne peut que se dire que ce mode "API" est un modèle qui concerne les professions du droit (les premières "plateformes" lancées par des avocats -avec plus ou moins d’interprofessionnalité- apparaissent d’ailleurs ces derniers temps...).
Interrogé à ce sujet, il rappelle l’importance de l’approche entrepreneuriale basée sur la relation-client, encore débattue dans la profession d’avocat [2]. "Il y a encore du chemin à faire pour beaucoup de cabinets, sur la réponse d’interprofessionnalité notamment, sur la façon d’accueillir et accompagner le client et ses demandes diverses, ou bien encore sur le pricing (mode de facturation)."
La modularité et la souplesse de ce modèle sont également opportuns en terme de ressources humaines : "Les cabinets doivent de plus en plus développer une marque Employeur, pour attirer / fidéliser les talents, et ça passe aussi par des outils souples, modulables, extrêmement mobiles."
S’en sont suivis d’intéressants échanges sur le marché français du droit, des structures d’avocats, sur les leçons à tirer d’autres pays... Et la rencontre s’est achevée sur deux recommandations de Martin Bussy pour tout avocat entrepreneur, que ce soit en management de cabinet d’avocat ou sur le sujet de la legaltech : "Il faut de l’humilité pour s’adapter en permanence, et de la pugnacité, car l’entreprenariat est à rebours des images d’Epinal de la startup en permanence cool & fun"...
Discussion en cours :
Sur la question des legal tech, nous manquons encore de recul et le retour d’expérience, qui débute à peine, sera déterminant dans la voie que prendront tous ces nouveaux acteurs. Il ya aura de toute façon du regroupement et certains disparaitront.
Les solutions sur le marché sont nombreuses mais force est de constater que la qualité n’est pas toujours au RDV. La vraie question est celle de la protection de l’indépendance d’une part, et de l’intégrité des données d’autre part.