La legaltech n’est pas un secteur qui s’incube différemment des autres.
Contrairement à ce que l’on aurait pu penser et malgré le degré de technicité du droit, les legaltech ne s’incubent pas différemment des start-up qui se développent dans d’autres domaines. Qu’elles utilisent l’intelligence artificielle ou pas et quelle que soit celle sur laquelle s’appuient les start-up, « l’incubateur ne va pas à ce niveau de finesse explique Jacques Lévy Véhel, co-fondateur de Case Law Analytics. Il donne un cadre sur lequel on peut s’appuyer pour grandir à tout point de vue mais il n’intervient pas sur notre cœur de métier.
Station F regroupe une multitude de start-ups sur lesquelles il peut être intéressant de s’appuyer. Celles qui font de l’intelligence artificielle car nous devons être à jour des dernières nouveautés en matière de langages, librairies, algorithmes mais aussi celles qui n’en font pas et avec qui nous avons des interactions. J’utilise par exemple les services d’une start-up qui fait de la data visualisation. Ce n’est pas de l’intelligence artificielle mais c’est très utile. »
Le secteur d’activité n’a donc aucune incidence au sein de cet incubateur et les synergies entre des start-up très différentes sont bel et bien réelles.
Station F : un lieu propice aux synergies et aux échanges.
Les start-up qui intègrent le « Founders program » bénéficient de postes de travail dans un open space regroupant plusieurs start-up. « Nous sommes 7 dans le nôtre. L’idée est de créer des synergies et des échanges entre des start-up d’horizons différents en terme de secteur d’activité adressé, de culture et de pays d’origine, et de maturité, explique Rémi Laurent, co-fondateur de Share Your Knowledge. Dès que l’on rencontre une problématique, on sait que l’on peut trouver un soutien auprès d’une start-up de notre équipe. C’est notre complémentarité qui fait notre force, nous permet de gagner du temps et d’éviter les erreurs ».
Chaque start-up a sa spécificité et les personnes qui y travaillent des affinités sur certains sujets, ce qui permet un échange de bonnes pratiques et des conseils précieux.
- Bérénice Doulcet et Rémi Laurent, co-fondateurs de Share Your Knowledge
« Nous sommes en B to B et très orientés « juridique ». C’est donc très intéressant de nous challenger intellectuellement sur notre communication avec des start-up qui font du B to C, par exemple. Elles peuvent nous dire ce qu’elles ont essayé, ce qui a marché, et nous les aider sur des sujets liés au droit. C’est ce qui fait tout l’intérêt de Station F. Nous pouvons aussi imaginer travailler ensemble, faire un partenariat ou un co-branding pour une opération spéciale ou un évènement, par exemple ».
Au-delà de la diversité de start-up qu’il est possible de rencontrer, Station F organise régulièrement des formations et fait venir des intervenants de qualité qui viennent pitcher et faire un retour d’expérience sur des thématiques diverses : des CEO (Chief executive officer ou PDG), des chefs de produit, des directeurs financiers, mais aussi des investisseurs, des business angels ou des ventures capitalist… « Ces interventions se passent en petit groupe de 20-25 personnes, ce qui est propice à l’échange, explique Bérénice Doulcet. Mais nous avons aussi la possibilité d’échanger en face à face avec eux pendant une heure et de parler directement de notre business, ce qui nous permet de comprendre nos faiblesses et nos points forts. Et puis, les intervenants venant du monde entier, cela nous pousse à imaginer notre modèle différemment, de manière plus large et à penser plus global. »
Des start-up au cœur d’un écosystème entrepreneurial.
Tout l’écosystème entrepreneurial est réuni au même endroit : les fonds d’investissement, la BPI, les accélérateurs… ce qui facilite toutes les démarches à effectuer pour trouver des subventions, se structurer…
Etre à Station F permet de bénéficier d’avantages non négligeables. Tout a été pensé de manière à permettre aux start-up de grandir et de pouvoir se projeter. Contrairement à d’autres incubateurs, le Founders Program met, par exemple, à disposition des locaux avec des postes de travail fixes sans limite de temps a priori. Station F a aussi développé des partenariats avec une centaine d’acteurs offrant des services aux entreprises. Ils permettent de bénéficier de réductions ou d’un accompagnement spécifique sur une problématique particulière. Microsoft propose par exemple ses Iaas ou PaaS (Infrastructure ou Platform as a service) à des tarifs préférentiels.
« Nous sommes entourés par des « mentors », s’enthousiasme Bérénice Doulcet. Par exemple, nous sommes en discussion avec un accélérateur en B to B, Axeleo, qui est spécialisé dans les logiciels d’entreprise, afin de travailler sur notre positionnement et notre communication produit, celui que nous destinons aux grands cabinets et entreprises. C’est très qualitatif car c’est un suivi global avec des personnes qui ont de l’expérience et ont accéléré des logiciels qui fonctionnent bien aujourd’hui. »
- Intérieur de Station F
Station F : un incubateur qui favorise la levée de fonds ?
Si être incubé à Station F permet de se distinguer des autres start-up, de gagner en visibilité tout en ayant accès à un écosystème entrepreneurial unique, cela a bien entendu une incidence sur ce qu’attendent toutes les start-up : la levée de fonds. « Etre à Station F favorise certainement une levée de fonds parce que Microsoft ou Station F en général peuvent nous mettre en contact avec des investisseurs, certains ont même des bureaux permanents ici, explique Jacques Lévy Véhel. Sinon, il y a aussi un effet indirect. Depuis que Microsoft a annoncé que nous étions incubés chez eux à Station F, le nombre d’appels d’investisseurs qui souhaitent avoir des renseignements sur Case Law Analytics a sensiblement crû ».
Cette proximité présente un intérêt certain mais « il faut faire vos preuves et démontrer que vous avez un produit qui en vaut la peine » précise Bérénice Doulcet. « Ce qui est sûr c’est qu’être à Station F facilite la préparation à la levée de fonds, poursuit Rémi Laurent. Il y a des start-up qui en ont déjà fait et qui peuvent être de bons conseils, nous donner des contacts ou nous mettre en relation avec les personnes susceptibles d’être intéressées par notre produit. Ce retour d’expérience est une mine d’or pour nous car il faut procéder étape par étape pour ne pas faire d’erreur. Nous pouvons aussi demander des conseils et des informations directement aux investisseurs. Mais quoi qu’il en soit, nous sommes dans le milieu des affaires et ils ont leur libre arbitre ».
Deux autres start-up du droit ont intégré Station F : Le Droit Pour Moi et LexDex (incubateur HEC). Et ce ne seront certainement pas les dernières tant la legaltech est un secteur prometteur de la French Tech !
Pour découvrir l’univers de la legaltech et tous ses acteurs, ne manquez pas le 3ème salon de la legaltech en France en novembre 2018 à Paris.