Tendances confortées : gain en compétences et en positionnement...
Cette troisième cartographie des directions juridiques, réalisée par le cabinet Lexqi Conseil, en partenariat avec le Cercle Montesquieu, l’AFJE, l’AJAR et l’ANJB, vient davantage conforter l’évolution des tendances constatées les années précédentes, qui démontrent un meilleur positionnement des directions juridiques. Ainsi le rattachement hiérarchique de la fonction se maintient auprès de la Direction Générale et de la Présidence pour 54% des directions interrogées, contre 47% en 2010 dans le Baromètre AFJE IPSOS.
Les juristes ont également élargi leur périmètre d’intervention vers l’international et vers des domaines comme la conformité (pour 68%), la gestion des risques et les assurances (63%) mais encore seuls 37% interviennent dans le cadre des affaires publiques.
Par ailleurs, les formations des juristes d’entreprises sont de plus en plus poussées avec des juristes se formant même le soir et le week end pour obtenir le CAPA (56% des directions juridiques ont dans leurs équipes des juristes titulaires du CAPA), le recrutement d’anciens étudiants d’écoles de commerce ou de Sciences Po et des juristes ayant bénéficié d’un cursus à l’étranger (type LLM).
Identifier les juristes en interne.
Selon l’organisation et la dimension de l’entreprise, il est parfois difficile d’identifier clairement les juristes. L’objectif pour un manager juridique est d’éviter les juristes cachés dans l’entreprise qui font du droit sans le dire, car il reste fondamental de conserver l’indépendance intellectuelle et donc de s’assurer que l’ensemble des avis juridiques donnés passent par la fonction.
Des compétences additionnelles.
La médiane du ratio Effectif juristes/Effectif total DJ est de 75% cette année. Les juristes représentent ainsi environ 75% de l’effectif de leur direction. Ce taux est assez élevé, car les équipes auraient souvent besoin de s’associer des compétences administratives, des paralégals, des informaticiens dédiés ou encore des ingénieurs brevets.
Un budget médian relativement faible.
La direction juridique reste souvent perçue comme un centre de coût, pour autant le ratio moyen du budget direction juridique total/CA entreprise n’est en France que de 0,15%, (contre 0,36% aux Etats Unis et 0,49% au Canada selon General Counsel Metrics) .
L’internalisation et le poids économique de la fonction juridiques sont positifs pour l’ensemble du marché du droit.
38% des directions juridiques ont augmenté leur effectif en 2012, ce qui marque une tendance à l’internalisation mais également une augmentation du poids des juristes d’entreprises sur le marché du droit. Cette tendance est confirmée par l’évolution du ratio médian « budget interne direction juridique/ budget total » qui passe de 50% en 2010 à 63% pour l’exercice 2011.
Mais les avocats n’ont rien à craindre de ces évolutions, bien au contraire nous explique Denis Musson : « Plus le poids des directions juridiques sera important, plus les avocats développeront des partenariats durables et des missions constructives. En effet, la maturité du positionnement en entreprise confère une dynamique positive en termes de recrutements d’avocats. »
Les directions juridiques interrogées sur leurs relations avec les cabinets d’avocats souhaitent favoriser des partenariats durables avec un nombre plus restreint de cabinets et une vraie transparence, en contre partie elles attendent une grande qualité de service et une réelle pro activité dans les offres de la part des cabinets. Cette relation durable peut être renforcée par la délégation d’un collaborateur au sein d’une direction juridique. « Cette solution fortement exploitée dans les pays anglo-saxons est encore peu pratiquée en France » relève Marc de Lapérouse.
Le référencement des cabinets dans un panel.
Dans cet objectif de renforcer la connaissance intime des compétences et de développer de vrais partenariats, 84% des directions juridiques en France ont mis en place un panel de cabinets d’avocats (2/3 d’entre elles ayant moins de 10 cabinets). Cette sélection leur permet de s’accorder en amont avec leurs cabinets sur les conditions générales d’intervention et de facturation. Les critères de sélection les plus essentiels sont la qualité du travail (95%), le caractère pratique des avis donnés et la réactivité. Ces critères démontrent bien que les panels sont constitués en fonction des relations existantes avec les avocats. Quand un cabinet est bon, on le garde !… Il est donc plus difficile pour un jeune cabinet de rentrer dans un panel pour faire ses preuves si l’entreprise est très satisfaite de ses conseils existants. « Parfois, à l’occasion d’une négociation ou d’un contentieux on réalise également que les avocats de l’autre partie sont très compétents, on peut être amenés ainsi à identifier des talents ! » relève également Didier Musson.
« Intuitu personae » ou « marque » ?
« Beaucoup de cabinets sont aujourd’hui très bien organisés, mais ce qui fait principalement la différence c’est souvent la qualité des avocats » précise Hervé Delanoy. Les directions juridiques font appel aux cabinets quand elles n’ont pas toutes les compétences en interne, quand un dossier est très sensible, nécessite une hyper-technicité, et parfois pour conforter un avis juridique. Pour autant, il reste de la place pour des missions à moins forte valeur ajoutée. « Je prends l’exemple de la gestion des marques, certains cabinets proposent des solutions d’externalisation performantes qui répondent à un besoin du marché » explique Hélène Trink.
Mais qui décide ? Si le chiffre de participation de la Direction achat parait faible, c’est que les Direction achats participent davantage à la mise en place du cadre global des panels. Pour autant dans 2/3 des cas la direction juridique ou la direction générale décide seule, et dans un tiers des cas un comité est mis en place pour étudier les caractéristiques des cabinets.
Un des objectifs futurs : « Harmoniser » ? Au-delà de l’indépendance affirmée et réaffirmée des juristes d’entreprises, un des chantiers futur réside dans l’harmonisation : harmonisation des statuts, des définitions, des compétences en France et en Europe, pour renforcer le poids du marché du droit. La cartographie démontre également que les juristes ont besoin de ratios et d’outils de comparaison. « Avec la nomination de Philippe Coen à la Présidence de l’ECLA nous espérons favoriser l’échange d’informations et de chiffres sur nos professions au niveau européen » conclut ainsi Hervé Delanoy.
La cartographie des directions juridiques a été cette année réalisée sur un panel de Directeurs et Directrices juridiques élargi comprenant 119 réponses complètes. Le panel se compose à 57% de sociétés cotées de tous secteurs d’activité.
Graphes de cette page issus de la Cartographie ci-contre.