Quand la rédaction d’un accord de confidentialité impose désormais des dons de divination...

Par Delphine Bastien, Avocate.

4909 lectures 1re Parution: 2 commentaires 4.89  /5

Explorer : # confidentialité # concurrence déloyale # négociation commerciale

Bien qu’émanant d’une juridiction de 1ère instance (Tribunal de grande instance de Nanterre), le jugement en date du 2 octobre 2014 ne laisse pas indifférent en particulier s’il devait sonner comme les prémices d’un nouveau mouvement de jurisprudence.

-

Ainsi, dans cette affaire, une négociation s’est ouverte entre Digitre, société éditant le site Internet « drimki.fr » et mettant en relation acheteurs et vendeurs de biens immobiliers d’une part, et la société A Vendre A Louer d’autre part, en vue d’un éventuel et futur partenariat.

Dans le cadre de ces négociations, Mr. M.N., Directeur commercial de la société A Vendre A Louer, a signé un accord de confidentialité rédigé en des termes généraux comme suit « (…) je vous confirme mon engagement : de ne pas divulguer l’existence et l’objet de nos discussions, de garder confidentielles toutes informations ayant un caractère confidentiel, c’est-à-dire toutes informations de quelque nature que ce soient, qui me seraient communiquées, sous quelque forme que ce soit et qui n’auraient pas été diffusée auprès du public. (…) En conséquence, je m’engage à garder ces informations pour strictement confidentielles et à ne les divulguer à quiconque. Je m’engage par ailleurs à ne pas utiliser directement ou indirectement lesdites informations à des fins personnelles ou pour le compte d’une société autre que celle portant le projet DRIMKI. (…) »

Le partenariat ne verra jamais le jour, mais le directeur commercial va créer sa propre société Néo Avenue et développer son propre site Internet de ventes immobilières en ligne.

Considérant que les deux sites Internet comportent des ressemblances frappantes, la société Digitre engage une procédure judiciaire à l’encontre de la société Néo Avenue et de Mr M.N. pour violation de l’accord de confidentialité et actes de concurrence déloyale. Cette procédure se soldera pour la société Digitre par un échec, le Tribunal estimant que celle-ci ne détermine pas les informations confidentielles qui auraient été dévoilées et utilisées fautivement.

La morale de cette histoire est que plus les clauses de confidentialité sont rédigées de façon générale sans liste précise desdites informations confidentielles, moins elles seront efficaces devant un Tribunal. Mais comment deviner à l’avance les informations qui seront confidentielles au fil du temps. Une autre approche, juridiquement moins risquée, consisterait à considérer comme confidentielles toutes les informations qui portent la mention « confidentiel ». Attention néanmoins à ne pas oublier de faire porter cette mention sur les documents sensibles.

(Tribunal de grande instance Nanterre, 2 octobre 2014, Sté Digitre c/ Sté Néo Avenue et MN)

Sources :
• Communication commerce électronique n°1 janvier 2015, comm. 3 « La clause de confidentialité n’est efficace que si elle est précise » par Grégoire LOISEAU ;
http://www.legalis.net

Me Delphine BASTIEN
Avocat au barreau de Paris
Maître de conférences

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

57 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Commenter cet article

Discussions en cours :

  • Mais si le partenariat n’a pas abouti, le contrat de confidentialité n’est-il pas sans objet ?

    • par Anne SG , Le 31 mars 2015 à 15:32

      l’objet de l’accord est de régir les conditions de l’usage des informations "confidentielles" obtenues par voie de transmission unidirectionnelle ou d’un échange multidirectionnel.
      l’objet disparaitrait si absence de transmission ou d’échange d’informations, il y avait.
      L’accord de confidentialité est indépendant de la conclusion d’un second accord .

A lire aussi :

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27875 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs