Pour une expertise de fiabilité des rétractations chez les victimes d’agressions sexuelles.

Par Marie-Christine Gryson-Dejehansart.

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Des affaires judiciaires récemment médiatisées interrogent sur les motivations de telles rétractations, surtout quand elles surviennent tardivement, car elles remettent en cause les décisions de Justice a priori définitives. Soigneusement étudiées par les magistrats dans leurs aspects réalistes, objectifs et conscients, elles n’ont cependant pas fait l’objet - officiellement - d’une étude psychologique avancée de ce qui est un processus parfois lié à la mémoire traumatique, pourtant bien connu en victimologie. La seule explication qui soit alors envisagée pour le grand public, c’est l’aveu de leurs mensonges par des pseudos victimes envahies par le remords. Mais pour beaucoup, le doute subsiste.

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La création d’une expertise judiciaire de fiabilité des rétractations évoquée depuis près de 20 ans par les professionnels, serait plus que jamais nécessaire afin d’écarter toute suspicion d’emprise sur des sujets au psychisme fragilisé.

Rappelons quelques constats liés aux acquis sur les agressions sexuelles et à l’expérience tant au niveau des expertises judiciaires que des prises en charge en Cabinet de Psychologie en libéral. Ils concernent des aspects victimologiques peu connus, mais qui ont une grande importance en matière de traitement judiciaire et qui seront illustrés par de nombreux exemples susceptibles de servir de cas d’école référentiels.

Le cheminement de la mémoire traumatique et l’identification des faits :

Les agressions sexuelles chez les enfants et les pré-adolescents se répercutent au niveau du psychisme d’une manière extrêmement complexe car celui-ci continue à se construire tout en intégrant ce parasitage ô combien déstructurant. Les professionnels de la psychologie et de la victimologie infantiles savent à quel point l’étude de ces phénomènes qui relèvent de ce que nous appelons métabolisation psychique requiert une vue d’ensemble enrichie d’innombrables expériences cliniques personnelles et collectives de praticiens très au fait de ces questions. Les études statistiques en laboratoire des échelles de validité de la révélation - rendues possibles compte tenu du très grand nombre de cas à disposition des chercheurs - et les neuro-sciences, ont par ailleurs apporté des compléments indispensables à la compréhension de cette métabolisation du trauma par un psychisme encore immature.

L’analyse des révélations ou dévoilements d’agressions sexuelles, mais aussi leur éventuelle rétractation, doit tenir compte des complexités évoquées. En effet lorsqu’un enfant ou un pré-adolescent dénonce une agression sexuelle, c’est parce celle-ci a été identifiée après tout un cheminement qui aboutit à la prise de conscience et à la mobilisation d’une possibilité cognitive de la verbaliser. L’environnement informatif, la maturation affective ainsi que des éléments déclencheurs, ont une incidence significative et ils sont analysés lors de l’expertise psychologique. Toutefois, ce processus d’identification cognitive qui permet l’irruption de la révélation peut être affecté à tout moment par une sorte de mécanisme de protection qui va le remettre en cause. Il s’agit alors d’un retour de l’amnésie lié au fonctionnement aléatoire de la mémoire traumatique. Les suivis en psychothérapie des victimes avérées ont mis en évidence les aléas de ce processus dont les variations peuvent être mises en évidence par les tests projectifs, ce qui a permis d’affiner ce type d’outil de l’examen psychologique lors des expertises qui, rappelons-le ici, comportent plus de 40 critères de validation.

L’entourage, a une fonction déterminante dans l’efficacité de l’identification cognitive. L’exemple suivant peut éclairer le lecteur non spécialiste sur la manière dont des enfants identifient les agressions sexuelles en fonction de la proximité plus ou moins grande de leurs parents avec l’agresseur.

Il s’agit d’une affaire où l’on a pu comparer ce que devient l’identification des faits selon que les enfants ont ou n’ont pas subi une intimidation et une suggestion d’irréalité des faits de la part de leur agresseur ou de ses proches. Elle concernait trois enfants, des cousins âgés de 5, 6 et 7 victimes de leur oncle. Deux d’entre eux se trouvaient sous l’emprise de leurs parents – très proches de l’auteur des faits - induisant l’idée qu’il ne s’était rien passé. En revanche, la parole du troisième avait été respectée, ses parents n’ayant plus de contacts avec l’agresseur après une fâcherie banale.

Les deux cousins immergés dans le déni des parents tombèrent donc des nues quand les policiers leur ont révélé qu’ils les auditionnait dans ce contexte-là. Même étonnement lors de l’expertise psychologique où les blocages idéo-moteurs anéantissaient toute mobilisation de la mémoire des faits. L’on constatait toutefois que le rapport aberrant à la réalité au niveau clinique et au niveau des tests, objectivait la présence d’un vécu tel qu’on le retrouve chez les enfants de cet âge victimes d’agressions sexuelles. Cela n’aurait pas été suffisant pour que la procédure suive son cours - et c’est tout à fait normal - si l’agresseur n’avait eu l’imprudence de mettre en ligne les viols de ses neveux sur des sites pédopornographiques, images qui ont été repérées par la section spécialisée de la police.

On peut comparer le comportement des premiers à celui du troisième enfant dont les parents n’étaient pas proches de l’auteur : celui-ci a mimé les scènes spontanément tout en les verbalisant :
« Il me pliait comme ça (met les mains à terre ) et il faisait mal à mon Cucu ». On constate qu’un enfant peut nier des agressions sexuelles par blocage de la pensée et de la mobilisation de la mémoire, le psychisme ayant clivé les connexions par sécurité. Ce qui donne lieu à l’installation du « syndrome d’accommodation » selon SUMMIT dont il sera question plus loin.

En revanche il ne peut - contrairement à l’adolescent - les inventer et les décrire, sauf s’il en a été victime par ailleurs mais la confusion des auteurs ne relève que de la stratégie de la Défense des accusés. En supposant que des agressions sexuelles soient induites par un adulte, elles ne résistent pas à l’analyse de validité car l’enfant ne sait pas réellement de quoi il parle comme nous avons pu en faire l’expérience. D’ailleurs même les cours de prévention ont du mal à donner sens à la relation sexuelle entre un adulte et un enfant car il ne possède pas les ancrages cognitifs où les « amarrer » comme on peut le constater lors du débriefing des séances. Dans cette même lignée, le dessinateur Zep, père de Titeuf, raconte ce qu’il a compris du programme d’information sur les agressions sexuelles à l’âge de 8 ans : « Un pédophile c’est un méchant qui met les enfants tout nus comme ça quand ils jouent au foot ils peuvent se faire mal au zizi ».

Les constats faits sur des enfants qui ont visionné des DVD pornographiques éloignent la possibilité d’identification, les neurones miroirs qui renvoient à une mobilisation d’une expérience psycho-corporelle n’étant pas activés, car il s’agit d’adultes... une autre planète. On retrouve dans ces cas- là, des troubles très différents à type de phobie d’impulsion, comme cette petite fille amenée en urgence pour phobie scolaire, tétanisée et en total repli psycho-moteur. En réalité elle fuyait l’école car elle avait peur de ne pas pouvoir s’empêcher d’aller vérifier l’anatomie de son maitre en se précipitant sur sa braguette.

Ainsi les possibilités d’induction par l’adulte d’un déni des agressions sexuelles est possible, à l’inverse, l’ induction d’une agression sexuelle inexistante par un prétendu syndrome tel que le SAP (Syndrome d’Aliénation Parentale) est de l’ordre du contre-sens psychologique. La greffe ne prend pas !

Les deux types d’expériences amnésiques liées à la mémoire traumatique

La mémoire traumatique crée un « trou dans la tête » selon l’image d’une victime qui l’a étudiée à l’éclairage de son vécu personnel révélé dans son mémoire de Master en victimologie.

L’expérience professionnelle montre que l’on peut objectiver son fonctionnement de deux manières quand le sujet atteint l’âge adulte. Soit les souvenirs reviennent, soit ils disparaissent. Ils reviennent par une sorte de retour du refoulé ou à l’inverse ils disparaissent par une ré-installation du clivage de protection. Dans le premier cas des symptômes psycho-traumatiques arrivent au niveau conscient dans l’autre ils ne sont pas conscientisés ou du moins ne sont pas corrélés aux faits. Des exemples vont clarifier cet énoncé.

1-Réactivation de la mémoire par un événement à forte charge émotionnelle et symbolique

Cette réactivation est effectivement toujours provoquée par un événement à forte charge symbolique et émotionnelle.

L’expérience en cabinet de psychologie est tout aussi précieuse que celle qui est obtenue dans le cadre des activités d’expertise, j’en veux pour preuve la récente consultation d’une jeune femme de 25 ans qui venait d’apprendre qu’elle était atteinte d’une maladie dégénérative. Elle a révélé avoir été agressée sexuellement par son grand-père paternel durant toute son enfance, alors que son père exerçait ses droits d’hébergement. Suivie en thérapie pendant une année à l’âge de 10 ans parce que de sérieuses suspicions avaient provoqué un signalement de l’école, elle n’en a jamais parlé parce qu’elle ne l’avait pas identifié. Or elle présentait des masturbations compulsives qui entravaient gravement son suivi scolaire. Une procédure judiciaire avait alors été entamée puis classée. La jeune femme a donc pu 15 ans après, préciser que lorsqu’on l’a interrogée à l’époque, elle ne faisait aucun rapport entre ce qu’elle subissait et ce qu’on lui demandait lors de son audition par les policiers de manière pourtant très explicite et crue sur des faits éventuels d’agressions sexuelles. Cette dissociation psychique qui clive les communications neuro-cognitives est aujourd’hui bien connue des psychiatres qui l’objectivent anatomiquement à l’aide de l’IRM ( [1] ).

Nous en avons de nombreux exemples comme tous les praticiens du terrain. Il s’agit bien souvent - au niveau de la causalité symbolique et affective - de la première rencontre amoureuse qui provoque un vécu corporel répulsif et douloureux associé à des flashs liés à une sexualité incongrue imposée dans l’enfance .

Il est possible d’avoir accès à un exemple emblématique par le biais d’un documentaire grandement pédagogique qui a été diffusée sur France 3 en 2012 [2]. Il rend compte du même fait de non-identification des agressions sexuelles par le biais du témoignage de Jérôme Nozet . Le trentenaire précise que si on lui avait posé la question au moment où il les subissait, enfant et adolescent, il aurait nié alors avec sincérité. Le retour du souvenir des faits a eu lieu lorsqu’il a retrouvé le carnet de sa mère qui venait de mourir, dans lequel était annoté le comportement insupportable de son fils et des tourments qu’il lui avait fait endurer. L’intense émotion liée à une souffrance de culpabilité décuplée par le deuil ont fait exploser la chape de plomb qui protégeait son psychisme au niveau conscient. Jérôme Nozet n’a eu de cesse alors, par hommage pour sa mère, après avoir créé une association à son nom, de chercher à faire condamner son agresseur. C’est cette quête que suit le réalisateur du reportage sur une année. Il a retrouvé des victimes pour les quels les faits n’étaient pas prescrits, mais l’auteur présumé s’est suicidé à la veille du procès.

Si d’autres victimes n’avaient pas été retrouvées, on aurait pu l’accuser de mythomanie ou d’avoir été victime de faux souvenirs induits ou encore d’avoir voulu soutirer de l’argent avec cet alibi mensonger comme on l’entend souvent à propos des victimes qui saisissent la justice tardivement.

2 -Le ré-enfouissement post-traumatique après révélation des faits

L’expérience des suivis en thérapie des victimes - comme celui des auteurs - fournit des informations très riches sur l’évolution des souvenirs liés à une expérience traumatique de l’ordre des agressions sexuelles. Elle s’est enrichie également d’aveux fréquents lors des expertises de détenus en Maison d’Arrêt, qui sont envahis brutalement par des flashs d’agressions sexuelles non conscientisées jusqu’alors et qui ont provoqué leur passage à l’acte par identification à leur agresseur.

Dans le contexte du cabinet en libéral, une jeune fille suivie ponctuellement quelques années auparavant nous a été renvoyée par le psychiatre, car elle ne réussissait plus à savoir si son père l’avait ou non agressée. Elle allait très mal, car elle n’avait jamais voulu faire les démarches judiciaires compte tenu de la façade sociale de ce dernier comme c’est souvent le cas. Elle a consulté son dossier et les notes sans commentaires sur ses flashs et ses révélations détaillées, et elle a retrouvé la totalité des situations d’agression. Cette mobilisation de la mémoire a ensuite permis au psychiatre de réaliser avec sa patiente un véritable travail sur le trauma.

Un autre exemple concerne les aléas de la mémoire lors des thérapies de groupe. Il est arrivé plus d’une fois que le sentiment d’irréalité survienne de nouveau avec le vécu de culpabilité qui persiste après le procès. S’impose alors le désir de revenir dans le monde des vivants des adolescentes « normales » qui n’ont rien subi et il est alors verbalisé. Le cas d’une victime avérée dont le père était incarcéré après avoir reconnu les faits a été le plus significatif. Sa parole a été respectée par tous et aussi son désir d’aller demander à son père s’il avait réellement fait ce dont elle l’avait accusé. Il a reconnu… l’effondrement de l’adolescente a alors été géré par le « contenant » solidaire des pairs qui avaient vécu la même chose. Il va de soi que si le père n’avait pas reconnu une nouvelle fois les faits, elle aurait écrit - comme elle en avait eu l’intention - au Procureur de la République pour dire qu’elle avait menti.

Les acquittements des accusés peuvent également provoquer cette attitude de déni surtout si l’enfant ou d’adolescent est réintégré dans sa famille à la demande de celle-ci.

Les rétractations qui font suite à des révélations d’agressions sexuelles sont-elles fiables ?

Le thème des rétractations est tellement connu des professionnels qu’il fait partie intégrante de la formation sur la parole de l’enfant. J’ai pour ma part participé avec de nombreux experts en 1997 à une journée de formation en victimologie consacrée à la « crédibilité des rétractations » lors des 15 jours de formation sur l’application des échelles de validité de la déclaration d’agressions sexuelles... L’année suivante, forte de l’expérience des centaines d’expertises effectuées depuis presque 10 années et de ma longue expérience de psychologue d’enfants, je commençais à enseigner cet aspect des déclarations aux professionnels qui pouvaient y être confrontés, comme par exemple les gendarmes de la brigade des mineurs de Liévin. Il était enseigné qu’il ne fallait pas établir de lien systématique entre fausses allégations et rétractations. Il était précisé que ce n’était pas parce que la victime revenait sur ses dires, sans pressions particulières, qu’elle avait menti, au grand étonnement des officiers de police judiciaires. C’était une avancée majeure au niveau de la victimologie infantile dont les progrès n’ont cessé de se manifester jusqu’à l’affaire d’Outreau, même si en 2001 d’après les statistiques de la Défenseure des enfants, on pouvait estimer que plus des trois quarts des agressions ne donnaient pas lieu à une révélation et que dans ce cas, seulement 10 % des révélations débouchaient sur une procédure judiciaire. On est très loin de la prétendue sacralisation de la parole de l’enfant qui aurait été responsable de ce que l’on a présenté comme le fiasco d’Outreau.

Pour en revenir aux rétractations d’enfants qui s’avèrent fréquentes, pour les raisons expliquées plus haut liées au fonctionnement de la mémoire traumatique et détaillées dans mon livre « Outreau la vérité abusée » p 169, elles sont connues des étudiants en victimologie depuis la publication des travaux de Roland C. SUMMIT. Dès 1983, ce psychologue d’enfants avait bien repéré que ce traumatisme-là jamais étudié du point de vue de l’enfant, avait des spécificités telles que celle-ci : dès qu’on met en doute sa parole par pression, intimidation, et même par volonté de bien faire, l’enfant est tout aussitôt pris d’un vécu d’irréalité qui provoque la rétractation. C’est l’adulte qui sait décoder le monde, pas lui. A cela s’ajoute l’ardent souhait d’avoir été victime non pas de vrais viols, mais d’un horrible cauchemar. L’adulte peut alors aisément lui suggérer pour des raisons qui ne sont pas forcément malveillantes que c’est le cas, qu’il a forcément rêvé, au grand soulagement – provisoire - de l’enfant. Cette effraction honteuse dont il se sent coupable qui le marginalise par rapport à ses pairs, ne sera donc plus inscrite sur son visage si l’adulte l’en débarrasse, et c’est son plus cher désir.

Rétractation aux assises, un mauvais coup pour les professionnels

Il y a des cas où l’on peut se retrouver confronté à des rétractations aux assises, et c’est ce que j’ai connu personnellement dans les deux exemples qui suivent. La situation est alors très pénible pour les professionnels qui sont ainsi dé crédibilisés.

La première fois, il s’agissait d’une petite fille de 9 ans qui expliquait à la barre des Assises du Nord, que le Monsieur dans le box, jugé pour viol avec objet, qu’il niait, ne lui avait rien fait après son enlèvement. Elle précisait qu’elle était tombée sur une branche dans la forêt quand elle avait sauté de sa mobylette pour s’asseoir sur le sol dans les feuilles sous les arbres.

Or l’expertise psychologique avait eu lieu à l’hôpital où elle avait bénéficié d’une chirurgie réparatrice. Elle avait alors été capable de décrire le détail des viols avec objet et le thème de l’effraction intime effectué avec un bâton envahissait ses dires et tous les tests. La déposition du chirurgien expliquant l’impossibilité des lésions constatées par une simple chute a permis aux jurés de ne pas la croire. La fillette était entrée dans le processus de réparation psychique qui nécessite la re-fermeture du vécu corporel, d’autant que la mémorisation des faits ne pouvait disposer des ancrages de compréhension d’un fait aussi incongru. La mémorisation avait donc subi un ré-aménagement que nous appelons métabolisation par création d’un lien plausible entre chute et douleur au détriment de l’effraction. La victime n’avait pourtant subi aucune pression puisque le violeur était un inconnu qui l’avait enlevée sur sa mobylette alors qu’elle était seule dans la rue. En l’absence de trace physique persistante (ce qui n’est pas le cas des sodomies a fortiori les fellations) l’agresseur aurait pu être acquitté.

La seconde fois, la rétractation aux assises concernait une adolescente victime d’inceste. L’adolescente a fait machine arrière pour les viols en pleine audience et a maintenu ses accusations contre son père uniquement pour les attouchements. L’explication qu’elle a donnée à son entourage à l’issue du procès, est qu’elle estimait que son père avait été assez puni et qu’avec la peine qui couvrait la préventive, il pourrait sortir et s’occuper des frères et sœurs qui lui en voulaient d’avoir mis leur père en prison. Ce qui pouvait se comprendre, pose problème quant à la jurisprudence qui en est tirée sur le mensonge des victimes. L’adolescente reconnaissait donc avoir menti au sujet de ce qu’elle a subi, elle aurait inventé les viols, et elle le reconnait devant les jurés alors qu’il n’en était rien. Elle a été félicitée par les avocats de la défense alors que l’expert recevait une volée de bois vert pour avoir parlé de crédibilité. Quant à son avocat, désavoué, il accusait le coup, et promettait de ne plus jamais s’occuper de la défense de telles victimes.

Nous avons donc d’un côté une fillette qui n’avait pas sa place aux assises (une vidéo des auditions à la gendarmerie, mais aussi de l’expertise auraient été mieux venus) et une adolescente pour qui les assises devaient contribuer à reconnaître « Sa » vérité et qui n’en a pas voulu, donnant la priorité à l’avenir de ses petits frères. Deux rétractations bien différentes alors que les victimes avaient la liberté de s’exprimer dans un contexte difficile, mais qui leur était favorable.

Toujours aux assises, il peut arriver que de ne pas parler soit également interprété comme une rétractation comme ce fut le cas pour Chérif Delay lors de sa déposition au procès d’Outreau en appel à Paris. Il avait parlé 2 heures durant aux assises de St Omer, courageusement, pour se rattraper explique-t-il dans son ouvrage « Je suis debout » de ne pas avoir dénoncé plus tôt les viols ce qui aurait permis dit-il d’épargner les autres enfants, et il croyait venir à Paris pour confirmer ses dires. Chérif Delay qui était alors âgé de 15 ans, explique comment les injures et la pression des 17 avocats de la défense avec à leur tête Eric Dupond Moretti lui ont fait perdre tous ses repères au point de ne plus reconnaître sa mère sur une photo qu’on lui présentait. Il a alors revécu la dissociation de l’enfant victime que l’on ne croit pas et qui brutalement perd pied : « je ne sais plus » a-t-il murmuré, et il est reparti comme un automate. « La défense exulte, le procès bascule définitivement » est-il précisé dans l’avant-propos de son ouvrage.

Un enregistrement vidéo de l’expertise aurait neutralisé pour les jurés les stratégies d’intimidation de la défense, car ils auraient pu constater l’ampleur du stress post-traumatique et l’authenticité de la douleur qui sous-tendait le récit mimé pour la plupart des enfants lorsqu’ils évoquaient spontanément les viols en réunion.

Notons que dans cette même affaire les rétractations de Myriam Badaoui n’ont jamais donné lieu à une analyse objective des motivations dès lors qu’elle les a justifiées tout comme ses accusations par la pathologie psychiatrique : « Je suis une malade ».

La protection des victimes face aux rétractations

Elle n’existe pas en tant que telle, sauf lorsque l’on conseille - en tant qu’expert - d’éviter une confrontation avec l’auteur en réponse à une question de l’ordonnance de mission, non pas pour des raisons de suggestibilité et d’intimidation voire de réactivation de l’emprise, mais parce que cela peut augmenter le traumatisme. Or l’on sait que les rétractations ont lieu fréquemment à ce niveau du moins par le biais de ce que l’on appelle un blocage idéo-moteur.

Ensuite, la prise en charge de la victime par les travailleurs sociaux et les services d’aide aux victimes s’avère être une protection efficace face à la rétractation.

La victime doit pouvoir être protégée de toute approche de son agresseur par la décision judiciaire. La préventive ou l’éloignement de l’auteur, la protège de toute pression pour qu’elle retire sa plainte. Cependant, il n’est pas possible pour la Justice d’éviter la pression de l’entourage de l’agresseur et la suggestion selon laquelle il ne serait pas celui qui fait l’objet de ses accusations, et elle ferait erreur sur l’identité de son violeur présumé compte tenu du grand traumatisme qu’elle a subi. L’extrême fragilité du psychisme des victimes d’agression sexuelle qui ont vécu l’emprise et la robotisation explique l’adhésion possible à de telles suggestions, à plus forte raison si elles sont accompagnées d’un discours gratifiant de valorisation.

On constate qu’au plan thérapeutique, les thérapies de groupe sont indispensables en complément des thérapies individuelles. Ainsi, lorsque survient le doute quant à la réalité des viols, le groupe est là pour le partager, pour l’entendre et l’accompagner.

***

En conclusion, si un nouveau processus s’engage au plan judiciaire quand la victime revient sur ses dires, il devrait donner lieu à une expertise de validité de sa parole ou mieux pour qu’il n’y ait pas confusion à une expertise dite de fiabilité de l’aveu de mensonge.

Cette expertise permettrait l’analyse du processus de rétractation par un collège d’experts psychiatres et psychologues, associant et comparant leurs travaux avec ceux des experts qui ont validé quelques années auparavant les révélations plutôt que de disqualifier et l’expert et les révélations. Les examens de la victime dans les deux cas, expertise initiale et contre-expertise des rétractations, pourraient bénéficier d’un enregistrement vidéo. Leur avis serait - à l’instar de celui qui est donné dans toute expertise en matière judiciaire - un des éléments d’appréciation recueillis par les magistrats ayant à se prononcer sur ces dossiers difficiles.

L’analyse approfondie des motivations à différents niveaux, qu’il soit conscient ou non, semble indispensable compte tenu des impressionnantes conséquences pénales et sociétales provoquées par de telles rétractations.

La seule explication des rétractations par le mensonge des victimes est par ailleurs dommageable pour l’ensemble des révélations futures d’agressions sexuelles, car le référentiel ainsi offert s’ajoute aux théories anti-victimaires (SAP, faux souvenirs, Outreau) qui ont tellement fait régresser la prise en compte de la parole des enfants.

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Marie-Christine gryson-dejehansart
Psychologue Clinicienne
Expert Judiciaire membre CNEPSY
Formatrice et essayiste

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Discussions en cours :

  • Précision concernant ce que la Justice peut analyser en termes de motivations réalistes et objectives :il s’ agit des pressions, des menaces, des promesses et du chantage.

    L’ affaire IACONO sera vraisemblablement un cas de jurisprudence tout à fait intéressant dès lors que toutes les motivations conscientes et non conscientes auront pu être décryptées.

    • par Jo , Le 3 janvier 2015 à 08:22

      Lorsqu’on a subi un viol ou un inceste même si on est reconnu en tant que victime,je crois que le regard de la société doit être lourd à supporter.On doit en effet lire dans le regard des autres de la pitié mêlée à de l’horreur pour l’acte subi ,sans parler du rejet de ceux que le scandale éclabousse . Je crois qu’il doit être moins difficile pour se sentir"normal"face à la société et à ses proches de dire qu’on a menti :le mensonge reste un pêchė véniel et on est débarrassé de la "souillure" qui persiste malgré tout quand on est malheureusement victime.Je pense donc que pour beaucoup la rétractation est sûrement un moyen de survivre et d’effacer en apparence une douleur profonde.

    • par m.christine Gryson , Le 9 janvier 2015 à 11:53

      Très juste ! Cette motivation est à prendre en compte .

  • C’est un faux problème.

    On ne condamne normalement pas un homme sur la base des accusations de la prétendue victime sans preuves solides. Donc soit il y a des preuves solides, et dans ce cas les rétractions de la victime ne changent rien. Soit il n’y a pas de vrais preuves, et l’accusé n’aurait pas du être condamné. Dans tous les cas, il est inutile de remettre en cause la fiabilité des rétractions de la victime.

    Autrefois, on condamnait pour sorcellerie sur la simple base de témoignages (et on trouvait des témoins, comme le montre les actes de nombreux procès). Aujourd’hui, la pédophilie et le terrorisme ont remplacé la sorcellerie : un simple témoignage sans preuve suffit à vous envoyer en prison. On ne compte plus le nombre d’affaire ou des accusations de pédophilies ou de terrorisme se sont avérées fausses.

    • De quelle preuve parlez-vous ?

      De l’ ADN ? Il faudrait qu’un enfant ait la capacité de révéler au moment où se passent les faits. L’on sait que ce n’ est pas possible dans 99 % des cas. Lorsqu’il s’ agit d’ attouchements intra familial par ailleurs, il ne faut pas y penser.
      Des preuves médicales ? On sait que les sodomies ne laissent plus de traces selon les médecins légistes à distance des faits. La fellation n’ en laisse pas, même après que les enfants se soient plaint de saignements dans un tel contexte.
      Lorsqu’ il y a des photos et des films, effectivement il s’ agit de preuves incontournables mais on sait qu’il est rare d’en retrouver mais cela arrive comme dans le cas cité dans l’ article.

      Il n’y a plus ce type de preuves quand les enfants révèlent tardivement, a fortiori lorsqu’ il sont devenus adultes. Les victimes en capacité de parler de leur viol, et qui le souhaitent après voir supporté durant des années de lourdes séquelles traumatiques, ne pourraient donc jamais déposer plainte contre leur agresseur ? Ce serait une invraisemblable régression de civilisation !

      Les enquêteurs OPJ travaillent sur un faisceau de présomptions, à partir des recoupements matériels mais aussi de l’ analyse des récits croisés etc... etc.. et non pas sur la base d’un simple témoignage de victime....ils en parleraient mieux que moi. Parmi toutes les pièces de l’ enquête figurent les expertises psychiatriques et psychologiques. Le magistrat instruit à charge et à décharge et si les charges sont graves et concordantes, il rédige une ordonnance de renvoi en correctionnelle ou aux assises.
      La chambre de l’instruction ( ou d’ accusation ?) qui supervise, ne suivrait pas le juge s’il n’ y a avait que le témoignage d’une victime. C’est au au procès que l’on estimera ensuite si les charges sont suffisantes pour condamner un prévenu ou un accusé.

      Les expertises ont été très importantes lors de l’ affaire de Régis de Camaret l ’entraineur de tennis qui après avoir nié les faits, comme c’ est la norme, les a ensuite reconnus.. C’ est grâce au travail sur le psycho-traumatisme des victimes avec le recul de centaines voire de milliers de cas à l’international, que la Justice a pris en compte en terme de droit et de sanctions, la souffrance et le statut des victimes d’ agressions sexuelles. Ces victimes qui sont le plus souvent les personnes les plus vulnérables d’une société, à savoir les enfants.

    • Comment peut-on sérieusement comparer ce qui se faisait autrefois avec les procès en sorcellerie et ce qui se fait aujourd’hui en matière d’inceste ou de pédophilie ! C’est incroyable. Si un simple témoignage suffisait, il y aurait pas mal de condamnations ! Or actuellement on sait bien que la plupart des victimes ne peuvent rien espérer d’un procès. C’est un état de fait regrettable qui arrange bien ceux à qui une quasi impunité convient de même que ceux qui voudraient bien que le délit sexuel n’en soit plus un. Lorsqu’un procès a lieu et si de plus la victime voit son agresseur condamné, il y a forcément eu des éléments très solides à charge. Mais pour la victime, ce n’est pas vraiment gagné. Il lui reste, dans les cas les plus typiques, à envisager comment elle pourra vivre ensuite tout en continuant à fréquenter les proches du condamné. Oui, c’est vraiment trop hasardeux de tout conclure sur la base d’une rétractation sans y regarder de plus près.

    • Si, comme vous dites, il y a forcément eu des éléments très solides à charge alors, comme je l’ai expliqué dans mon précédent message, il est inutile de vérifier la fiabilité des rétractations.
      En effet, une rétractation ne remet en cause qu’un témoignage et pas les autres preuves. La seule situation où la rétraction pourrait changer l’issue du procès, c’est lorsque le témoignage de la victime est considéré comme une preuve déterminante, c’est-à-dire lorsque qu’il n’y a pas de vraies preuves. Mais dans ce cas là, le doute devrait bénéficier à l’accusé, il ne devrait donc pas être condamné.

      Quant aux procès de sorcellerie, ils se sont, en France au moins, toujours tenu dans le respect du droit et des lois. Nos ancêtres n’étaient pas des sauvages.
      Mettez-vous à la place du juge : 2 ou 3 témoins qui n’ont aucune raison à priori de mentir disent avoir été témoin d’actes de sorcellerie. Mais il n’y a pas de preuves matérielles.
      Que concluriez-vous ? Que tous les témoins mentent ? Parce qu’à l’époque, le juge n’avait pas les connaissances scientifiques nécessaires pour croire que la sorcellerie n’existe pas.
      Les procès en sorcellerie sont donc tout-à-fait comparables à certains procès actuels basés uniquement sur des témoignages, typiquement les cas de pédophilie et de terrorisme (à ma connaissance, il y a plus de 50% d’erreurs judiciaires dans les arrestations pour terrorisme, aux USA évidemment, mais aussi en France).

      Les Français du XXIIIe siècle regarderont avec amusement et condescendance ces procès du XXIe siècle où on condamne sans preuve. Au contraire de vous, il ne verront même pas la différence avec la procès en sorcellerie ou en hérésie : même méthodologie, même pseudo-preuves, mêmes erreurs.

    • Si, comme vous le prétendez, les enquêteurs ne travaillent pas sur la base d’un simple témoignage de victime, alors la rétractation de la victime n’aura aucune incidence sur le résultat du procès, et donc il sera inutile d’expertiser ces rétractations. En effet, expertiser les rétractations a comme seul intérêt de garder le premier témoignage de la victime comme une preuve à charge. Mais s’il existe d’autres preuves, cette expertise ne sert plus à rien.

      Pourquoi dépenser l’argent du contribuable pour vérifier une preuve qui n’est pas déterminante dans l’issue d’un procès ?

    • Mais bien sûr que le témoignage de la victime est déterminant puisqu’ elle est la plaignante.

      Quant à l’ argent du contribuable...une expertise psychologique est très peu onéreuse :

      http://www.village-justice.com/articles/remuneration-experts-psychologues,15974.html

    • Cher Tortuga, il faut une bonne dose d’optimisme pour penser que si des preuves ont été apportées, une rétractation de la victime sera sans effet. Ce ne sera sans doute pas l’avis des avocats de la personne mise en cause. En pareil cas, il s’efforcera de donner le maximum de retentissement médiatique à la rétractation – on sait que globalement le public prendra la rétractation pour argent comptant - et évoquera un scandale judiciaire, mettant en cause en fonction du dossier, l’instruction, l’enquête, les travailleurs sociaux, les experts... En somme ce sera la justice qui sera suspectée, et on sait que cette stratégie peut être gagnante pour un procès en cour d’assises. La justice peut même être jugée fautive en cas d’acquittement de la personne mise en cause et, puisque vous avez ce souci de préserver l’argent du contribuable, son indemnisation éventuelle risque de coûter au contribuable bien plus cher qu’une contre expertise à même d’indiquer les motivations réelles de la rétractation de la victime.

    • Les procès en sorcellerie sont des mauvais exemples car il a été montré par les chercheurs qu’ils avaient eu lieu dans les endroits où l’ ergot de seigle ( champignon hallucinogène) sévissait, provoquant des délires collectifs.

      On sait aussi que seulement 1% des victimes de viols et agressions sexuelles révèlent ces faits qui font l’objet d’un signalement et parmi ces signalements, seulement 10 % débouchent sur une procédure judiciaire ( chiffre de la défenseure des enfants) et ensuite il faut évoquer les acquittements, les relaxes et aussi les rétractations. Ce qui fait dire à Karl Zéro dans son dernier ouvrage "Disparues" très bien documenté à partir des statistiques des associations spécialisées, que 99 % des pédophiles vivent leur déviance en toute tranquillité !

      Par ailleurs, le coût des expertises psychologiques pour les contribuables est très peu élevé comme je l’ ai évoqué dans mon article "La rémunérations des experts psychologues en question" sur Village de la Justice.

    • Quels chercheurs auraient montré que des milliers de témoins ont témoignés sous l’influence d’un champignon hallucinogène ? En fait, vous connaissez quelqu’un qui connait quelqu’un qui connaîtrait quelqu’un qui aurait entendu parler d’une preuve. C’est ce qu’on appelle une "légende".

      Admettez quand même qu’il est peu crédible que des milliers de témoins soient drogués, et qu’il n’y a aucune raison rationnelle qui expliquerait pourquoi les témoins des affaires de sorcellerie seraient drogués et pas les témoins des affaires de meurtre ou de pédophilie.

      La grande ressemblance entre les procès en sorcellerie et un certain nombre de procès actuels sur la pédophilie, c’est la croyance irrationnelle en la fiabilité des témoignage. Comme si les gens ne mentaient pas.
      Il faut admettre qu’un témoignage n’est pas une preuve, ou alors il faut croire en les sortilèges, les aliens et les apparitions de la vierge qui tous cumulent des milliers de témoins.

    • Renseignez-vous, il y a de nombreuses recherches sur ce sujet, je vous mets en lien l’une d’ entre elles :

      http://www.ecolobabisme.com/pages/Proces_en_sorcellerie_lergot_de_seigle_etait_le_sorcier-4199967.html

    • Très surprenante cette attitude Monsieur que de refuser le progrès en matière d’expertise de rétractation des victimes, laquelle ne peut que nous faire avancer dans un domaine important, où par exemple, les enfants agressés très petits, peuvent être mis lors de leur adolescence et/ou vers l’âge adulte sous l’emprise de leur agresseur (et des fois bien plutôt dans leur enfance !), et où : Alors qu’il doivent porter plainte entre 18 et 28 ans (10 de délais de prescription après l’âge adulte, de 18 ans), cela est la loi en matière d’agression sexuelle sur les mineurs. A cette période si le jeune adolescent ou adulte est en contacte avec son agresseur, ce dernier l’influence forcément pour l’amener à réfuter les faits et certifier leur inexactitude, cela participe directement à enfouir la mémoire ’traumatique’ des jeunes victimes (même devenus adultes).

      D’où la nécessité de faire appliquer des éloignements, et pas seulement des expertises, afin que ces jeunes puissent se reconstruire leur mémoire traumatique et vérifier par eux même la véracité des faits, loin de leur agresseur. Un accompagnement psychologique doit aussi être ordonnée pour les aider.

      Cette mémoire traumatique, si elle ne revient pas vu le second trauma provoqué par l’agresseur qui consiste à implanter dans la tête de la victime une négation des faits d’agression, peut aujourd’hui être vérifiable si la victime se rétracte à l’aide de ses expertises, m^me après plusieurs années...

      Si tout les cas ne donne pas des résultats du premier coup, il n’en reste pas moins que cela donne des bons résultats dans une bonne partie des cas.... et cela est indéniable que c’est une bonne avancée dans les expertises judiciaires pour notamment pourvoir protéger et aider les adultes en panne de souvenir, suite au traumatisme subit et les pressions exercés par l’agresseur souvent un proche...

      Donc pour finir, je vous rassure :
      - Quoique vous répondez et toujours visiblement en faveur des agresseurs, et, contre l’aide que ses expertises apportent aux victimes jeunes et adultes... pour les aider en tant que victime et aider le droit en matière d’agressions sexuelles sur les mineurs....
      - Quoique vous en faites des références à des sorcelleries et autres, propos totalement hors sujet de toute façon...
      Et bien, la seule chose qu’on a envie de vous dire c’est : Avez vous quelques chose à vous reprocher dans ces domaines ? ET pourquoi vous acharnez-vous à aller contre un progrès évident en matière d’expertises mises à la disposition de la justice et des victimes d’agressions mais également d’oubli (mémoire traumatique) et aussi de pressions des agresseurs...

      Je remercie infiniment Madame Marie-Christine Gryson-Dejehansart, de nous avoir éclairer sur le sujet, ainsi que son confrère ayant répondu à vos commentaires en boucle...

      Cdt.

  • En effet, je retrouve beaucoup de vécu avec le contenu de cet article et les réalités du processus d’oubli des faits d’agressions par les victimes, par protection ou induction de leur agresseur quand ils se retrouvent proche de lui.
    Je salus l’auteur et m’interroge sur les mesures judiciaires de protection des adultes, agressées dans leur enfance des auteurs des faits, lorsque ces derniers sont des proches de la victime.
    Où en est -t-on juridiquement de la prise en compte de la mémoire traumatique et l’impact de l’induction par l’agresseur d’une rétractation de la victime, par négation des faits présentés par l’agresseur, ou en utilisant de l’argent pour séduire les ados. ou autres processus de manipulation et d’influences diverses des agresseurs à leur victime de tout âge.
    Mon fils est dans ce cas, il a 18 ans maintenant !
    Cdt.

  • L’on peut craindre que la facilitation des procès en révision va encore augmenter les risques de rétractation. Les familles, les avocats et les psys qui accompagnent les victimes savent combien la décision de faire appel de leur agresseur condamné en première instance, les replongent dans le désarroi le plus profond et réactive le traumatisme et ses composantes dissociatives.
    Pourtant, rappelons le une fois de plus, ce n’ est que 10 % des signalements pour viols et agressions sexuelles qui débouchent sur un traitement judiciaire ( chiffres de Claire Brisset en 2001)...alors pour ce qui concerne les assises on arrive à moins de 5 % de prise en compte de ces crimes.

    Quand les victimes arrivent aux assises, elles ont rassemblé toutes leurs forces pour faire face à leur agresseur et aux jurés et redire une fois de plus ce qu’ elles ont subi. Avec le procès en appel, il va falloir recommencer ce chemin de croix, pour reprendre l’ expression de la Procureure d’ Angers. Elles vont de nouveau s’ arrêter de vivre durant une année...comme elles nous le disent.
    Et désormais, une fois que l’ appel a confirmé a condamnation- si l’ auteur n’ est pas acquitté comme on le constate souvent- il va encore falloir attendre à tout moment la décision d’un procès en révision dont la procédure aura été facilitée. Autant dire que les victimes sont condamnées à vie à porter leurs blessures destructurantes avec toute la honte et la culpabilité que cela induit, puisque leur rendre Justice ne pourra plus prendre de sens. Les seules portes de sortie restent le suicide ( très fréquent chez ces victimes ) ou la déperdition dans les addictions ( très fréquente également) ou encore la rétractation....et alors là, elles seront alors félicitées !

    Par ailleurs, si elles ne se rétractent pas, une fois de plus on pourra s’ attendre à ce que les médias ne donnent que la version du demandeur de révision, comme c’ est le cas dans l’ affaire Iocono dont voici ce que pensent le père et la mère aujourd’hui divorcés, de leur enfant qui s’ est rétracté :

    https://www.facebook.com/philippe.iacono

    http://affaireiacono-lelivre.over-blog.com/article-elisabeth-iacono-s-exprime-aurais-tu-ete-achete-100113921.html

    Même situation pour ce qui concerne l’ affaire Loïc Sécher, on a pu constater l’ absence totale de contradictoire lors du traitement médiatique de cette affaire :

    http://blogs.mediapart.fr/blog/marie-christine-gryson/031013/affaire-loic-secher-affaire-doutreau-ou-sont-les-vrais-coupables

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