Sélection Libéralis de l'été : L'École des Arts Joailliers ouvre grand les portes du monde du bijou à Paris.

Sélection Libéralis de l’été : L’École des Arts Joailliers ouvre grand les portes du monde du bijou à Paris.

1re Parution: Modifié: 4.97  /5

L’École des Arts Joailliers située historiquement près de la place Vendôme à Paris, s’installe dans un magnifique hôtel particulier du XVIIIe siècle, sur les Grands Boulevards. Ce deuxième écrin parisien proposera, entre autres, un grand espace d’exposition, une librairie et une bibliothèque uniques en leur genre, entièrement dédiées au bijou.

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(Découvrir / Exposition) : Cet automne, L’École des Arts Joailliers ouvre grand les portes du monde du bijou, dans l’Hôtel de Mercy-Argenteau à Paris !

Par Jean-Louis Roux-Fouillet

Hôtel de Mercy-Argenteau ©Benjamin Chelly

L’École des Arts Joailliers située historiquement près de la place Vendôme à Paris, s’installe dans un magnifique hôtel particulier du XVIIIe siècle, sur les Grands Boulevards. Ce deuxième écrin parisien proposera, entre autres, un grand espace d’exposition, une librairie et une bibliothèque uniques en leur genre, entièrement dédiées au bijou.

Fondée il y a plus de dix ans, avec le soutien de la célèbre maison de joaillerie Van Cleef & Arpels, L’École a pour objectif de diffuser la culture joaillière, non seulement en France, mais à travers le monde. Au-delà des sites parisiens, elle est présente dans diverses villes, dont New York et Tokyo, où elle organise des « sessions nomades » de quelques semaines, alors qu’à Hong-Kong, bientôt Shanghai et Dubaï, elle dispose de campus permanents. Autour du bijou, de son histoire, du savoir-faire joaillier, de la gemmologie, L’École propose des cours, des conférences, des ateliers pour enfants, des publications.

Hôtel de Mercy-Argenteau © Benjamin Chelly

Longue façade en pierre de taille alignée sur la rue, affichant une sobriété néoclassique, l’hôtel de Mercy-Argenteau est l’une des plus anciennes demeures privées construites sur les Grands boulevards et l’une des rares à avoir été conservée. Édifié en 1778 par un jeune architecte en vogue, Firmin Perlin, l’hôtel particulier ne doit pas son nom à son propriétaire, Jean-Joseph de Laborde, banquier et spéculateur de génie, mais au premier occupant, qui en obtint l’usufruit : le comte Florimond-Claude de Mercy-Argenteau. Un personnage influent.

Ambassadeur de Marie-Thérèse d’Autriche, celui-ci arrange le mariage du futur Louis XVI et Marie-Antoinette. De fait, le diplomate devient le confident et conseiller de la jeune souveraine. En vain, il tente de freiner son train de vie dispendieux et son goût pour le luxe. C’est au comte de Mercy-Argenteau que la reine confie son coffre empli de joyaux avant la fuite à Varennes. La cassette fut sauvée ! L’histoire de ce bâtiment cousine déjà avec le bijou, délicieux clin d’œil... Des fastes de l’Ancien régime, subsistent le salon d’apparat, rythmé de portiques corinthiens et agrémenté de boiseries dorées sur fond blanc et la salle à manger, inscrits aux Monuments historiques. La prestigieuse bâtisse va subir d’inévitables transformations architecturales après la Révolution.

Les Grands boulevards sont devenus à la mode, les Parisiens s’y promènent, attirés par les théâtres, les cafés et les passages couverts. Le merveilleux jardin, jouxtant la demeure, et sa terrasse surélevée, sont biffés et font place à un deuxième immeuble de rapport. Une politique foncière s’empare de l’arrondissement et des logements y sont alors installés. Il faut le signaler, des artistes de talent ont habité certains de ces appartements. Ainsi, le compositeur français, François-Adrien Boieldieu, crée entre ces murs l’un de ses succès, La Dame blanche, donné à l’Opéra-comique. L’Italien Rossini écrit en ces lieux Le Voyage à Reims en 1825, à l’occasion du sacre de Charles X. Au Second Empire, l’immeuble appartient à une compagnie d’assurances. Qu’advient-il, alors, des somptueuses pièces de réception ? Elles sont louées à divers cercles de jeux.

Or, voilà que le directeur du Grand Cercle est un ancien négociant qui travailla avec le continent sud-américain. Il veut accueillir en grande pompe l’Union latine franco-américaine de Paris. En 1891, il confie l’aménagement d’une salle des fêtes à Henri Fernoux, l’architecte « aux 300 constructions ». Son décor est si flamboyant qu’on l’attribue à Charles Garnier, bâtisseur de l’Opéra. Là, dans ces volumes grandioses, sous les blasons de l’Équateur, de l’Uruguay, de la Bolivie, du Honduras, L’École des Arts Joailliers déploiera ses expositions. Pour la première fois au cours de son destin, l’hôtel Mercy-Argenteau s’ouvre à tous et gratuitement.

La première exposition temporaire, offerte par L’École des Arts Joailliers en son nouveau lieu, traite des bijoux de scène de la Comédie-Française. Celle-ci réunit cent-vingt accessoires, œuvres d’art et documents très majoritairement issus des collections de ce théâtre. Sujet totalement inédit.

Les deux premiers actes de l’exposition se déroulent dans l’obscurité, comme si le visiteur ou la visiteuse se trouvait dans les coulisses.

Il lui semble entendre au loin l’impatience des comédiennes et comédiens. Là, des tableaux, gouaches, miniatures, estampes, manuscrits, factures de fournisseurs évoquent les premières traces de bijoux de scène. « Les parures que portaient les acteurs et les actrices provenaient majoritairement de leur cassette personnelle », explique Agathe Sanjuan, directrice de la bibliothèque-musée de la Comédie-Française et commissaire de l’exposition. « À exhiber leurs parures sur les planches, ils faisaient étalage de leur réussite sociale. Au risque d’être en contradiction avec l’action ! La recherche de véracité historique ne s’impose qu’à la fin du XVIIIe siècle ». Cependant, les bijoux ayant une fonction dans l’intrigue de la pièce étaient fournis par le théâtre. Durant le Premier Empire, les bijoux de théâtre répondent à la vogue pour l’antique. Témoin, cette couronne de lauriers en métal doré qui coiffait le grand Talma dans Britannicus. Mythique à double titre, elle lui fut offerte par Napoléon, dont il était proche, pour le féliciter de sa prestation dans le rôle de Néron.

Broche ayant appartenu à Sarah Bernhardt / René Lalique, 1896 © Coll. Comédie-Française, photo : L’École des Arts Joailliers – Benjamin Chelly

Un rideau de velours noir franchi, le public se trouve en pleine lumière, comme sur scène. Des silhouettes de comédiennes et comédiens sont projetées sur des parois lumineuses, telles des ombres chinoises accentuant l’effet théâtral de la scénographie. Place au romantisme. La tragédienne Rachel est l’héroïne de cette période. « Issue d’une famille pauvre de marchands ambulants, la tragédienne connut une carrière fulgurante, précise Agathe Sanjuan. Entrée au Français en 1838, elle fut invitée à se produire devant toutes les cours d’Europe et jusqu’aux États- Unis. » Hélas, de santé fragile, elle mourut de phtisie à l’âge de 36 ans. Mademoiselle Rachel raffolait de bijoux, vrais ou faux. Dans Phèdre, elle change de parures à chaque acte. Dans Bajazet, elle apparaît couverte de pierreries, du turban jusqu’à la ceinture. Nous sommes en plein orientalisme.

Parure bleue © Coll. Comédie-Française, photo : L’École des Arts Joailliers – Benjamin Chelly

Son poignard serti de strass et de pierres de couleur évoque, à lui seul, la magnificence de sa tenue. Ces accessoires étaient-ils conçus pour briller de loin ? À les regarder de près, pour la première fois, on reste ébloui par la délicatesse de leur fabrication. Du toc peut-être mais quelle technique ! La réalisation de certains ornements fait appel aux codes de la haute joaillerie. Ainsi, ce diadème aux étoiles « tremblantes » montées sur ressorts, ou cette parure de verre bleu et cristal transformable tel un joyau précieux ; elle est composée de boucles d’oreilles et d’un collier dont l’élément de corsage peut se déclipser et devenir un pendentif.

Couronne portée par Mlle Raucourt dans Rodogune de Pierre Corneille, 1871 © Coll. Comédie-Française, photo : L’École des Arts Joailliers – Benjamin Chelly

À mesure que les visiteurs et les visiteuses s’engagent dans la fameuse salle des fêtes, point d’orgue de l’exposition, d’autres surprises les attendent. D’impressionnants costumes ont été empruntés au Centre national du costume et de la scène. Voici la robe brodée de pierres que portait Julia Bartet, en 1888, dans Pepa, une comédie moderne ; voilà la tunique qui habillait Mounet-Sully dans Athalie de Racine, le torse orné d’un volumineux pectoral en cabochons de verre montés sur paillons pour mieux scintiller. Ces artistes sont des « monstres sacrés », comme Jean Cocteau qualifia les interprètes qui l’émerveillèrent, jeune homme. Le dernier acte met à l’honneur ces figures de la Belle Époque : Mademoiselle Bartet, Édouard de Max, Sarah Bernhardt bien-sûr. Des portraits monumentaux, photographies en noir et blanc hautes de trois mètres, sont là pour illustrer leur imposante présence scénique.

Diadème de Rachel dans Phèdre aux pierres de couleur, 1843© Coll. Comédie-Française, photo : L’École des Arts Joailliers – Benjamin Chelly

Vraiment le lieu à découvrir, à la rentrée !

A partir du 6 octobre 2023, gratuit.
L’École des Arts Joailliers, 16 bis, bd Montmartre, Paris 9e
www.lecolevancleefarpels.com

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