Sélection Liberalis du week-end : le trop méconnu Château de Rambouillet.

Sélection Liberalis du week-end : le trop méconnu Château de Rambouillet.

1re Parution: Modifié: 1.43  /5

Depuis le 10 décembre 2023, les visiteurs du trop méconnu Château de Rambouillet, dans le sud des Yvelines, en Région Ile-de-France, profitent d’une nouvelle présentation des collections, comprenant l’appartement de l’Empereur Napoléon, restauré et remeublé, le retour du mobilier commandé par le Président de la République Vincent Auriol à l’occasion de l’exposition « Rambouillet 1950, dans l’intimité du Président », et un nouvel espace de médiation à la Laiterie de la Reine Marie-Antoinette.

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(Culture/Nouveauté) : « Rambouillet 1950, dans l’intimité du Président », une évocation étonnante de la vie du premier Président de la IVe république, amoureux des arts-décoratifs français, complété par un parcours de visite repensé et enrichi du château de Rambouillet en région parisienne.

Par Jean-Louis Roux-Fouillet

Depuis le 10 décembre 2023, les visiteurs du trop méconnu Château de Rambouillet, dans le sud des Yvelines, en Région Ile-de-France, profitent d’une nouvelle présentation des collections, comprenant l’appartement de l’Empereur Napoléon, restauré et remeublé, le retour du mobilier commandé par le Président de la République Vincent Auriol à l’occasion de l’exposition « Rambouillet 1950, dans l’intimité du Président », et un nouvel espace de médiation à la Laiterie de la Reine Marie-Antoinette.

Appartements de Napoléon, chambre © Benjamin Gavaudo /CMN

Ces trois réalisations significatives permettent de porter un regard nouveau sur ce monument à l’histoire étonnante, exemple unique d’une résidence qui fut royale, impériale puis présidentielle. Ces transformations ont été réalisées sous l’égide du Centre des Monuments Nationaux, ainsi que du Mobilier national, qui a permis le remeublement des espaces, l’ensemble préfigurant les grandes ambitions futures de restitutions patrimoniales, pour le château de Rambouillet.

Édifié aux XIVe et XVe siècles par les comtes de Montfort, au cœur d’une forêt giboyeuse de 500 hectares, le château devient rapidement une résidence royale. C’est peut-être dans la chambre haute de la grosse tour, que le roi François 1ᵉʳ rend son dernier souffle à la suite d’une infection généralisée en 1547.

Appartements présidentiel « Vincent Auriol », chambre d’ami © Benjamin Gavaudo /CMN

Louis Alexandre de Bourbon, fils de Louis XIV et sa maîtresse Madame de Montespan, jettent leur dévolu sur Rambouillet. Ceux-ci développent la propriété qui s’étend alors sur 13 000 hectares. Louis XVI tombe à son tour amoureux des lieux, y fait réaliser de nombreux travaux, les écuries sont agrandies permettant d’accueillir 500 chevaux, et il fait construire en secret une magnifique laiterie d’apparat dans le parc ainsi qu’une bergerie expérimentale pour son épouse Marie-Antoinette, dans l’espoir de lui faire apprécier les lieux, qu’elle qualifie de "crapaudière". Napoléon Ier en fait une résidence impériale, aménagée aux goûts de l’époque, faisant détruire au passage l’aile située à gauche de la cour d’honneur. Après la Restauration, Louis XVIII et Charles X y séjourneront également.

C’est Félix Faure, président sous la IIIe République, qui décide, en 1895, de faire de Rambouillet une résidence estivale. Véritable havre de paix, le lieu est idéal pour combiner vie de famille et rencontres diplomatiques de haut vol, dans un style décontracté.

Salon Médicis « Vincent Auriol » © Benjamin Gavaudo /CMN

Après être tombé d’un train en mai 1920, c’est à l’été de cette même année, le 10 septembre, alors qu’il est en cure de repos, que l’on retrouve le président Paul Deschanel, à moitié nu dans un bassin de la résidence présidentielle. Celui-ci probablement dépressif, est contraint à la démission 11 jours plus tard. Il avait pourtant des idées très novatrices pour l’époque, il était pour l’abolition de la peine de mort et pour le droit de vote des femmes.

Appartements de réception des hôtes étrangers « Vincent Auriol » ©JLRF/CMN

Par la suite, de nombreuses personnalités étrangères y séjourneront : Nikita Khrouhtchev, Boris Eltsine, Nelson Mandela, le président américain Gérald Ford ou encore Vladimir Poutine.

C’est aussi ici qu’aura lieu la première réunion du G6, des chefs d’État et de gouvernement des pays les plus industrialisés du monde (sans le Canada à l’époque), devenu ensuite G7, puis G8, et G20 aujourd’hui.
L’abandon de sa fonction de résidence présidentielle aura lieu en 2018, à la demande du Président Macron. Ce qui permit les prémices d’importantes modifications, que nous narrons présentement.

La Laiterie de la Reine © JLRF/CMN

Remeublement de l’appartement de l’Empereur Napoléon 1er.

Situé au premier étage donnant sur la cour d’honneur, l’appartement est formé d’une enfilade de trois pièces dont la pièce maîtresse est la salle de bains qui a conservé son décor néoclassique, peint à l’antique, datant de 1806. Spectaculaire est aussi la restitution des tentures et des rideaux conduite à partir d’inventaires très précis, complété d’un remeublement grâce à des acquisitions et de nombreux dépôts du Mobilier National. À noter également les surprenants parquets peints. Les visiteurs peuvent ainsi redécouvrir ce lieu de vie dans des conditions proches de celles connues par Napoléon lorsqu’il y séjournait.

Le retour du mobilier commandé par le Président de la République Vincent Auriol.

C’est un véritable remeublement du château dans son goût des années 50 qui a été opéré ici, témoignant de la volonté du Centre des Monuments Nationaux, gestionnaire des lieux, de mettre en valeur les espaces privés du château, jusqu’alors fermés au public. Résidence présidentielle de 1885 à 2018, le château de Rambouillet a connu une période particulièrement faste sous le mandat de Vincent Auriol (1947-1954) dont le souhait était de faire de Rambouillet, comme de I’Elysée, une vitrine des savoir-faire français en matière d’arts décoratifs à des fins diplomatiques.

D’importants aménagements furent alors confiés aux plus grands créateurs de l’époque. Des travaux conséquents ont accompagné ces aménagements pour doter le château du confort moderne.
Une partie de ces mobiliers vient de retrouver Rambouillet grâce à un dépôt de longue durée. Dans un premier temps, six pièces sont reconstituées, parmi lesquelles plusieurs chambres de suite, chacune confiée à un décorateur différent (Jean Pascaud, Genès Babut, Suzanne Guiguichon,...), ainsi que la salle des marbres, alors nommée « Salon Médicis », qui retrouve son surprenant décor de Subes et d’Arbus.

L’exposition « Rambouillet 1950, dans l’intimité du Président » présente également dans l’appartement d’assemblée (XVIIIe siècle), le mobilier de Jean-Charles Moreux destiné à une chambre d’hôte de marque et le cabinet de travail du Président Auriol créé par Jacques Adnet, qui regagneront ensuite le Mobilier national.

Une opportunité unique d’une immersion dans l’univers d’une résidence présidentielle de grande élégance des années 50.

Le nouvel espace de médiation à la Laiterie de Marie-Antoinette.

Installé dans le Pavillon du Roi, au sein de l’enclos de la Laiterie qui se niche dans le parc du château, un nouvel espace de médiation a ouvert ses portes. Il offre aux visiteurs les clés de lecture de deux trésors d’architecture du XVIIIe siècle : la Laiterie de la Reine d’une part, et la Chaumière aux coquillages avec le Jardin anglais d’autre part. La médiation propose une approche multisensorielle originale, complète et confortable en accès libre pour tous les publics : objets tactiles, reproductions de décors ou encore bornes numériques aux contenus riches et diversifiés. Les visiteurs peuvent également y découvrir le Salon du Roi et son décor de grisailles en trompe-l’œil signé Piat-Joseph Sauvage, un espace jusqu’à ce jour fermé au public. Le mobilier de la Chaumière aux coquillages, réalisé par François Foliot II, y est exposé en basse saison touristique.

Vous aussi, devenez Roi à la place du Roi, Empereur à la place de l’Empereur, Président à la place du Président ! Direction Rambouillet !

Château de Rambouillet, 78120 Rambouillet.
Ligne N du Transilien
Informations sur les visites : www chateau-rambouillet fr

Photo en logo : Le château de Rambouillet © Franck Badaire /CMN

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