Sélection week-end : Le symbolisme dans la peinture américaine (1885 – 1925) dans l'Aisne.

Sélection week-end : Le symbolisme dans la peinture américaine (1885 – 1925) dans l’Aisne.

1re Parution:

Dans la Sélection du Magazine Libéralis... Thème "Se cultiver / Exposition".

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Château de Blérancourt © Blérancourt Tourisme

(Se cultiver / Exposition ) : « Le symbolisme dans la peinture américaine (1885 – 1925) » au Musée-château de Blérancourt dans l’Aisne.

Par Jean-Louis Roux-Fouillet

Château de Blérancourt © M. Poirier.

Musée d’art et d’histoire unique en France, le musée franco-américain de Blérancourt, rend hommage à la richesse et à l’ancienneté des relations entre les États-Unis et la France, du XVIIe siècle à nos jours. Il est construit sur les vestiges d’un ancien château de 1612 et a été fondé en 1924 par Anne Morgan, fille du banquier américain J.P. Morgan, qui installe au château en 1917 une organisation humanitaire pour la reconstruction de la région, le Comité Américain pour les Régions Dévastées.

Les collections sont présentées selon trois grandes thématiques : les Idéaux des Lumières à l’origine des premières alliances entre les deux nations, les Épreuves pendant lesquelles la France et les États-Unis ont combattu côte à côte, et les Arts, sujet de nombreux échanges transatlantiques.

Un musée à seulement une trentaine de kilomètres du Château de Compiègne, vraiment riche et intéressant, trop méconnu et qui a été rénové récemment, afin d’augmenter la surface d’exposition et de valoriser les vestiges archéologiques majeurs (maison-forte médiévale) découverts pendant les fouilles réalisées avant travaux.

Bryson Burroughs (1869-1934) La Fontaine d’Hippocrène, 1912, © RMN-GP (Château de Blérancourt) / Gérard Blot

Une exposition fort intéressante « Le symbolisme dans la peinture américaine (1885 – 1925) », vient justement d’y voir le jour. Désirant s’éloigner du spectacle de la modernité qui caractérise la peinture impressionniste, certains artistes américains sont séduits par le symbolisme à la fin du XIXème siècle et ce jusque dans les années 1930. La poésie des mythes fondateurs, la recherche de spiritualité, un certain goût pour la solitude et la mélancolie, une vision de la nature comme miroir de l’âme, sont à l’œuvre dans la production picturale de ces artistes, influencés par les symbolistes qu’ils côtoient lors de leurs séjours en France ou en Angleterre. Le musée leur rend hommage en renouvelant l’accrochage de ses salles permanentes.

Anna Richards Brewster (1870-1952), The Holy Woman (La Femme Sainte), vers 1900 © droits réservés
Thomas Alexander Harisson (1853-1930), Marine © RMN-Grand Palais (Château de Blérancourt) / Gérard Blot

Si la plongée dans les mythes, contes et légendes, caractéristique du symbolisme, inspire des artistes comme Arthur Bowen Davies, Bryson Burroughs et Anna Richards Brewster, ce n’est pas en puisant dans les racines culturelles de leur propre pays, mais bien dans celles de la vieille Europe, dans l’histoire antique ou les légendes médiévales. Louise Janin, de son côté, tire son inspiration de l’univers légendaire et spirituel de l’Asie bouddhiste.
La question du paradis perdu semble avoir séduit des artistes comme Julius Leblanc Stewart ou Thomas Alexander Harrison, usant dans leurs tableaux d’une touche fragmentée et d’une gamme colorée franche qui pourraient aisément les rattacher à l’impressionnisme. Seul le caractère antinaturaliste du sujet les en éloigne.

La religion et la spiritualité restent des sujets assez peu prisés chez les artistes américains, à l’exception de Louise Janin, qui explore des thèmes du Nouveau Testament dans un langage pictural d’une évidente modernité avec un goût prononcé pour l’arabesque décorative.

La solitude et la mélancolie s’incarnent dans les œuvres des frères Harrison, Orville Houghton Peets, Glen O. Coleman ou Thomas Wilmer Dewing, dans nombre de figures féminines, confrontées à l’immensité d’un paysage de mer ou de forêt, la tristesse d’un décor urbain ou les murs nus d’un appartement.
Les grands espaces, l’infini d’un horizon baigné d’une lumière crépusculaire, la profondeur de la nuit ou la violence d’une vague, offrent à l’âme un miroir pour s’évader loin des réalités de l’existence. Cette dimension mystique de la nature, déjà présente dans l’histoire du paysage américain à travers les peintres romantiques de la Hudson River School, trouve un écho particulier chez nombre d’artistes de la fin du siècle comme Thomas Alexander Harrison, Louis Aston Knight, Robert Henri ou encore Léon Dabo. Les tonalités sombres, les contours flous baignés d’une lumière étrange, éloignent ces paysages de l’objectivité impressionniste et traduisent la relation spirituelle unissant l’homme et la nature.

Nouvel accrochage du château de Blérancourt © C.Schryve

Enfin, la dernière partie de ce nouvel accrochage met à l’honneur une artiste qui incarne à elle seule le symbolisme de la peinture américaine, Romaine Brooks, dont les thèmes comme le langage pictural aux tonalités rompues de gris et de bleu, expriment à la fois mélancolie et spiritualité. Son autoportrait comme ses portraits de D’Annunzio ou de Jean Cocteau, aux visages empreints d’une intense profondeur psychologique, s’inscrivent invariablement sur un fond de paysage vaporeux, en écho à l’esprit tourmenté de ses modèles.
On pourra prolonger la visite dans les Jardins du Nouveau Monde, occupant les anciens espaces du potager, ainsi qu’à l’arboretum, qui rassemble une collection remarquable d’espèces américaines choisies pour leurs couleurs automnales : érable, chêne, liquidambar, magnolia de Virginie… Dépaysement assuré !

Château de Blérancourt, musée franco-américain, 33 place du Général Leclerc, 02300 Blérancourt
https://museefrancoamericain.fr/

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