Droit comme un H ! : Parlez-nous de vous, de votre histoire.
- Élise Lobbestael.
Élise Lobbestael : « Je m’appelle Élise Lobbestael et j’ai 20 ans. Je suis étudiante en troisième année d’une double licence de gestion et droit à l’IAE et l’université de Lille. En 2019, j’ai obtenu mon baccalauréat économique et social avec la mention très bien.
Depuis 2016, je souffre d’une maladie génétique. C’est une maladie qui provoque de nombreux problèmes. Progressivement, des symptômes moteurs sont apparus, ma maladie provoque des crises similaires à un AVC avec une hémiparésie. Cela affecte principalement mon côté gauche, j’ai aussi ma vue et mon audition affectées. J’ai été longtemps hospitalisée et j’ai été suivie dans un centre de rééducation pendant plus de 2 ans. Ces années difficiles ont vraiment été un déclic, elles sont l’une de mes principales motivations.
J’ai fait le choix d’un parcours d’études ambitieux. En parallèle, je suis engagée dans de nombreux projets associatifs tels que la Clinique juridique de Lille. J’ai aussi pratiqué le handisport à haut niveau plusieurs années. Le sport m’a permis de gagner confiance et mes capacités physiques malgré les bouleversements vécus.
Par la suite, j’aimerais me diriger vers une profession à la convergence de ces deux domaines, notamment en qualité de juriste entreprise ou bien avocat.
Depuis près de 4 ans, je bénéficie d’une reconnaissance MDPH. Celle-ci m’apporte beaucoup, par exemple pour me déplacer, simplifier mes démarches universitaires / professionnelles, me garer, être accompagnée, évoluer dans le monde professionnel... »
Comment ont été vos premiers contacts avec l’université, l’école d’Avocats...?
J’ai la chance d’être très bien accompagnée à l’Université de Lille. Dès que j’ai appris mon admission dans cette université, j’ai pu prendre contact avec le BVEH (Bureau de Vie Etudiante et Handicap).
Lors de notre première rencontre, nous avons fait le point sur mes besoins, mais aussi sur les aménagements proposés par l’Université de Lille.
Le BVEH a été un acteur majeur de ma bonne intégration dans la vie étudiante. Lorsque je suis tombée malade, je ne pouvais pas suivre une scolarité « classique » et j’ai donc suivi les cours par le CNED (enseignement à distance). J’avais hâte de reprendre un cursus normal, mais cela m’inquiétait énormément.
En réalité, tout est fait pour simplifier la vie des étudiants en situation de handicap. Par exemple, on m’a rapidement proposé de me fournir la clé d’accès aux parkings qui est normalement réservé aux professeurs ou les clés d’ascenseur de tous les bâtiments. Ce sont des petits aménagements qui semblent anodins, mais qui ont clairement contribué à ma réussite.
Pour pallier mes difficultés à écrire, le BVEH rémunère chaque semestre un(e) camarade de mon choix pour prendre en note les cours à ma place. J’ai aussi de nombreux aménagements d’examen comme un tiers-temps ou le droit d’avoir un ordinateur.
Le BVEH de Lille va même plus loin en proposant des activités par exemple des initiations sportives adaptées ou des animations régulièrement qui ne sont pas seulement d’ailleurs réservées aux étudiants en situation de handicap. J’ai aussi pu participer à des ateliers cuisine où tous les ingrédients nous sont fournis puis nous cuisinons tous ensemble sur ZOOM.
Avez-vous eu des difficultés, des appréhensions dans vos recherches de stages, de collaborations ?
Il est vrai que je n’ai pas toujours eu de très bonnes expériences, j’ai dû parfois faire face à des difficultés. Elles sont souvent de l’ordre de l’incompréhension voire, de la méconnaissance du handicap. D’ailleurs, je comprends tout à fait qu’on puisse s’interroger.
Je me suis aussi souvent demandé si je devais mettre ou non ma reconnaissance MDPH / RQTH sur mon CV. À présent je la mets totalement en avant, enfin d’être le plus transparente possible. J’essaie surtout de dédramatiser l’univers du handicap. C’est aussi une différence qui peut me permettre de me démarquer et représenter un avantage pour une entreprise.
En effet, je pense que les personnes en situation de handicap sont un atout. Dans le sens où par leurs vécus et expériences, elles développent des qualités rares : maturité, créativité, sens de l’observation, résilience...
Pour me simplifier la tâche, j’ai aussi pris l’habitude de participer à des forums spécialisés pour l’emploi des personnes en situation de handicap.
Lors de candidature spontanée, je recherche toujours si l’entreprise a une mission handicap ou un référent handicap à qui je peux envoyer ma candidature directement. C’est une technique qui ne fonctionne pas toujours, car ces informations ne sont pas toujours disponibles sur Internet.
Si vous êtes employeur, je vous incite vivement à mettre en avant cette information sur vos sites de recrutement afin de simplifier les démarches des candidats.
Que représente pour vous Droit comme un H ! , et pourquoi avoir rejoint cette belle aventure ?
Droit comme un H ! représente beaucoup d’espoir, que ce soit pour ma personne, mais aussi la communauté des juristes en situation de handicap. J’irai même plus loin, car je pense sincèrement que la meilleure intégration des personnes handicapées est un réel enjeu pour l’ensemble des juristes et avocats.
Au début, j’ai pris contact avec l’association surtout par curiosité c’était la première fois que je voyais une association totalement dédiée au handicap des juristes aussi bien étudiant que professionnel.
Je me suis vite rendu compte que le projet était très ambitieux. L’association a de nombreux partenariats, c’est une réelle chance à laquelle je n’aurai sûrement pas accédé seule.
Que vous a apporté ou qu’attendez de l’association ?
J’attends des conseils principalement, mais aussi je dirais des rencontres et des témoignages. Je pense qu’en tant qu’étudiant en situation de handicap, on peut vite se sentir isolé et seul.
Lors de mes premières rencontres avec des membres de l’association, j’ai pu être rassurée en discutant avec des élèves-avocats, étudiants dans de grandes universités ou écoles... C’est important de voir que c’est possible de concilier droit, handicap et ambition.
Par ailleurs, j’ai déjà pu voir les premiers résultats, récemment j’ai pu décrocher un stage au sein de la direction juridique de Décathlon France à Lille en qualité de juriste Digital et Data.
Que voulez-vous apporter à l’association ?
« Comme je le disais lors de mes recherches de stage, j’essaie toujours de tourner le handicap comme un avantage. J’aimerais donc pouvoir intervenir auprès d’entreprises, universités et écoles ou cabinets afin de promouvoir ambition, handicap et emploi.
J’ai eu l’occasion de réaliser une première intervention auprès du cabinet De Gaulle et Fleurance. C’était une expérience formidable qui nous a permis d’échanger et répondre aux interrogations légitimes de professionnels.
Je pense qu’il y a de nombreuses lignes à faire bouger, que ce soit sur le plan professionnel, sur le plan des adaptations dans les universités et de l’orientation, mais aussi dans nos quotidiens... Et j’espère y arriver notamment grâce à Droit comme en H ! »
Vos mots à ceux qui hésitent à nous rejoindre ?
« N’hésitez plus, saisissez cette occasion unique. Intégrer l’association, c’est la chance de pouvoir bénéficier d’un accompagnement unique et personnalisé. Les opportunités et les rencontres exceptionnelles sont nombreuses.
Qu’importe votre niveau, handicap ou même ville d’étude, contactez-nous ».
