de
Cleyo
le Jeu 25 Sep 2014 15:33
- "Vétéran"
-
- 956 messages
- Localisation: 44
-
Profession: Avocat
Bonjour,
Je peux vous faire part de mon expérience... face à des confrères s'étant installés seuls... et qui n'est absolument pas bonne. Pas tant pour moi que, surtout, pour eux, mais ils ne s'en rendent pas toujours compte... rarement, même, sur certains aspects.
1/ S'installer seul, sans collaboration.
Je vois fleurir sur Hub avocats des demandes totalement saugrenues sur des sujets tellement basiques que, formulées par des avocats en exercice, elles en deviennent sottes. Des choses qui doivent être sues, qui vont partie du bagage normal d'un avocat apte à exercer.
Je vois des confrères sans réflexes, faute de formation suffisante (affirmer que le CRFPA prépare correctement est une vaste plaisanterie).
Je vois des confrères ignorants des usages déontologiques (pas le blabla du Clément, hein, la déontologie de terrain), ne sachant pas comment écrire à un confrère, à un magistrat, comment tourner un courrier, avec parfois des résultats catastrophiques pour eux... leur image. Les confrères sont, souvent, une source très importante de clientèle, voire la plus importante selon sa spécialité.
Je vois des confrères dépourvus de tous modèles de travail, et demandant sous quelle forme se présente une requête en divorce, ou une convention de divorce par consentement mutuel, une demande de permis de visite à un détenu, etc !!!
Qui va vous dire combien d'exemplaires déposer au greffe dans telle ou telle procédure ? Pensez au temps perdu à chercher l'info...
2/ S'installer dans des locaux seuls
La situation est moins pire quand on s'installe dans un cabinet groupé sur le premier point.
S'installer seul dans des locaux seuls, c'est plus qu'hasardeux...
Même pour un confrère averti, c'est très très dur. Le poids des charges rend le pari très périlleux, sauf capital ou fortune personnelle, s'il n'y a pas de partage de ces charges. A combien croyez-vous pouvoir louer une photocopieuse digne de ce nom ? Comptez minimum 250 € par mois, pour une machine lente sans scanner (indispensable avec le RPVA).
D'ailleurs, les procédures de redressement voire de liquidation judiciaire des avocats (qui sont en augmentation exponentielle), concernant à une écrasante majorité des confrères exerçant seuls.
Ensuite, rien, rien, RIEN ne vaut la discussion impromptue entre deux portes "tiens dis donc, j'ai un dossier, là, patati patata, je me demande si je ne vais pas faire ça..." "Ah, attends, j'ai eu ça en face, et le confrère avait soulevé ça et ça et il y avait de la jurisprudence" ou "ah, attention, si tu fais ça, tu risques d'avoir ça comme conséquences, moi je ferai comme ci. Tu as essayé de...", etc etc.
Vous n'imaginez pas comme on dénoue des dossiers qui nous paraissent être des sacs de noeuds, et qui se révèlent pas compliqués, à condition qu'un confrère nous montre quel bout prendre en premier... ou du temps de gagné sur une recherche de délai, de prescription... ce matin encore je discutais avec un confrère en audience d'évocation, le temps que mon dossier soit appelé, sur le point de départ de la prescription biennale en matière d'assurance, on a refait le point ensemble (le jour du sinistre, sauf...).
Enfin, j'insiste. Les jeunes confrères qui posent leur plaque sont isolés, et n'ont aucun guidage au quotidien, ce qui pose de réelles difficultés pour la qualité de leur exercice.
Voilà ma modeste expérience... Après, je sais que les places sont chères, et que parfois il n'y a pas le choix. Mais, surtout, tâchez de louer dans un cabinet groupé un bureau, avec des confrères ayant un peu d'expérience (plus de 5 ans).
Cleyo