Contre l’uberisation du divorce.

Par Anthony Berger, Avocat.

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Explorer : # divorce # profession d'avocat # qualité du service # prix

Un divorce peut-il être bradé ? La question se pose aujourd’hui. En effet, depuis quelques temps maintenant sont apparues de nouvelles formes d’accompagnement au divorce amiable.

Il s’agit pour l’avocat, soit de proposer un package à prix réduit, soit de mettre à disposition des clients une procédure enrobée dans un papier cadeau aux contours alléchants. En somme, il s’agit de faire passer le message suivant aux couples en séparation : certes faire appel à un avocat est obligatoire, mais n’est en rien nécessaire.

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Un divorce par consentement mutuel se résumerait donc pour l’avocat en la rédaction d’une convention type. Un simple bureau d’enregistrement en quelque sorte. Belle image de la profession.

Image véhiculée par une (mince) partie de la confraternité qui plus est.

Divorcer pour 300 euros, offrir une box « Divorce » pour Noël, voir même « Votre divorce gratuit » : est-ce vraiment raisonnable ?

Un divorce à prix discount est un divorce à effet discount

Certains d’entre vous se disent sûrement qu’après tout, l’avocat rédigeant des dizaines, voir des centaines, de conventions de divorce par consentement mutuel, n’apporte pas un réel travail dans votre cas personnel. Son apport se limiterait à modifier les noms des parties, à adapter la convention à la situation et…ce serait à peu près tout.

Alors, pourquoi payer 1.000 / 1.500 euros quand vous avez le même service pour 300 euros ?

La réponse est simple : parce que vous n’avez pas le même service justement.

Ne soyez pas dupes. Un avocat qui est payé 300 euros pour votre divorce ne s’attachera pas à prendre du temps pour vous. Combien de rendez-vous allez vous avoir ? Répond-t-il au téléphone ? S’intéresse-t-il réellement aux spécificités de votre situation ? Connaît-il votre histoire ? A-t-il pris le temps de vous poser des questions, de vous mettre face à vos contradictions ou de vous alerter sur les excès de vos demandes ? Est-il présent à vos côtés à chaque étape ?

Le bon avocat vous recevra à plusieurs reprises dans le cadre des négociations. Il vous invitera à évoquer vos desiderata, vous conseillera, vous indiquera la marche à suivre. Il rédigera une convention qu’il vous soumettra, qu’il commentera avec vous. Il prendra en compte vos remarques, sera prêt à faire des modifications.

A titre personnel, il m’arrive de recevoir des sms de clients en procédure de divorce, tôt le matin, tard le soir, voire en plein milieu de la nuit. Ils sont inquiets, soucieux. Le problème qu’ils abordent dans ces messages est très important pour eux à cet instant précis. Leur répondre, les rassurer, dans un délai très court, est alors un devoir. Cela fait partie de la mission.

L’avocat qui vous propose un divorce pas cher vous a-t-il donné son numéro de portable ? Est-il disponible ?

Une convention type n’est pas une bonne convention

Le Droit est une science. Le Droit des divorces n’est pas une exception de ce point de vue là.

Proposer une convention type est, au mieux irresponsable, au pire dangereux. Chaque situation est différente. Chaque couple est différent. Et puis les attentes des uns et des autres peuvent évoluer.

Certains avocats vous proposeront même une formule où il n’est même pas la peine qu’une rencontre avec l’avocat soit organisée. A la dangerosité se mêle alors la stupidité du professionnel (peut-on l’appeler ainsi ?) avide d’augmenter ses honoraires. Et oui, moins on passe de temps sur un dossier, plus de dossiers on peut prendre.

Au final, l’avocat bradant les divorces est certainement plus cupide que l’avocat proposant un prix juste, juste pour l’ensemble des parties.

Le divorce sans juge va empirer la situation

Que l’on ne s’y méprenne pas. Le futur divorce amiable sans juge qui rentre en application au 1er janvier 2017 entraînera dans son sillage multitude de formules discount. Moins de frais pour l’avocat, donc des factures toujours plus basses, des conventions toujours plus aseptisées, pour attirer le plus grand nombre.

Pour autant, le travail du bon avocat ne sera pas tellement allégé. Il restera maître de la rédaction de la convention et de son application. A lui la responsabilité d’une procédure juste et efficace. Le fait de se passer d’une audience devant un juge n’enlève rien à la quantité de travail et à l’accompagnement qui doit être fait en amont comme en aval.

Ne vous laissez pas berner.

Choisissez votre avocat sur des critères objectifs, certes, mais qui vont au-delà du simple aspect financier. Je le répète, un avocat pratiquant des prix discount vous offrira des services discount. Alors comparez, questionnez. Prenez le temps.

Ne comptez pas sur son accompagnement post-divorce. Ne comptez pas sur une abnégation totale à votre égard. N’ayant pas trop d’interrogations, il n’aura pas de toutes façons pas de réponse pour vous, pas le temps.

Soyez magnanimes, optez pour la qualité. Et la qualité, cela a un prix. Un prix juste.

Divorcer n’est pas une chose anodine !

Maître Anthony BERGER,
Avocat au Barreau de Lyon
Fondateur de divorce-amiable.net

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Discussions en cours :

  • par José , Le 24 juillet 2018 à 09:46

    Ce commentaire risque fort la censure, puisqu’il fait valoir que quand deux personnes s’entendent sur les termes et que financièrement il n’y a aucun litige, que les enfants sont grands, parce que cette situation existe, l’avocat n’intervient que comme parasite des comptes bancaires. Je vois dans cette défense à tout prix du rôle de l’avocat quand il est inutile, la pure cupidité.
    En gros dans votre esprit : pourquoi faire sans avocat quand on peut faire avec ? Votre profession ne sort pas grandie de ce plaidoyer, et c’est dommage pour les nombreux cas où l’avocat s’avère utile voire indispensable, au pénal par exemple.

  • par heartiste , Le 24 janvier 2017 à 12:16

    Pourquoi ne pas limiter cette "simplification" aux couples :
    - sans descendance
    - sans biens immobiliers en commun ?
    cela desengeorgerait les prétoires !

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