A croire que le mal qui consiste à parler de tout et de dire une chose et son contraire ne soit pas l’apanage des seuls énarques…
Oui. Les faiseurs d’opinion essaiment leur vérité, la seule bonne à dire semble t-il, en omettant volontairement de préciser que cette vérité n’est jamais que leur interprétation de la réalité.
En effet, ce qui est dérangeant et par là même affligeant, ce n’est pas de faire connaître sa vérité mais de la présenter comme étant LA vérité.
En réalité, le citoyen n’attend pas qu’on lui dise quoi penser, mais comment y parvenir.
Cependant, si le développement et la modernisation des modes de communication aboutissent à la facilitation de la recherche de l’information, l’analyse et le traitement de celle-ci ne sont pas aisés, outre que la célérité de sa transmission est palpable.
Or, force est de constater que les faiseurs d’opinion dont il est question ne donnent pas l’ensemble des éléments d’analyse nécessaires à la réflexion du citoyen lambda.
En effet, mettre sa science, sa culture, son éloquence, sa verve, au service de groupes de pression, avec des intérêts financiers à la clé, semblent légion.
Mais peut-être même, est-ce de la naïveté que de le mettre en exergue, tant cela relève parfois de l’évidence.
C’est là que le bât blesse car le citoyen, à qui est destiné ce discours ne peut apprécier tous les tenants et les aboutissants des problématiques actuelles, les éléments essentiels de la réflexion lui étant sciemment dissimulés.
Par conséquent, c’est au regard d’analyses tronquées et d’affirmations sans fondements que le citoyen est invité à se forger une opinion qui est celle que les faiseurs d’opinion voudraient qu’elle soit.
Ainsi, ces derniers se contentent d’exposer leur position en profitant de leur notoriété pour l’imposer.
Le citoyen doit donc s’en méfier, surtout lorsque l’on sait que ces faiseurs d’opinion n’agissent pas toujours de façon désintéressée.
Qu’on se le dise, la liberté d’opinion, principe de liberté fondamentale, protégée tant par l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme que par l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, est un bienfait de notre Démocratie.
Cependant, pour assurer son effectivité et sa pérennité, il est nécessaire que soit respectées d’autres libertés comme la liberté d’expression.
Or, il existe un certain nombre de citoyens, de minorités, de groupes culturels, politiques ou autres qui ne jouissent pas de cette liberté d’expression du fait même qu’elle est galvaudée par ces mêmes faiseurs d’opinion.
On le voit tous les jours ; mais dans le royaume du « politiquement correct » et de la pensée unique, il ne vaut mieux pas se porter en opposant !
Ce bon vieux Prévert avait raison : « Le monde mental, messieurs, quand on le laisse seul, ment monumentalement ».