Pourquoi et comment les banques traditionnelles vont devoir s’adapter rapidement à la nouvelle ère de « l’open banking » ?

Par Alexandre Peron, Legal Counsel.

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Explorer : # open banking # fintech # expérience client # api

Le modèle bancaire traditionnel pourrait se retrouver en perte de vitesse face aux « FinTech » qui proposent des services innovants, rapides et moins contraignants. La part des jeunes actifs augmente chaque année et la bancarisation bien qu’étant nécessaire dans notre société actuelle n’est plus synonyme d’engagement à vie et de confiance absolue envers son banquier.

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En juin dernier, a été publié le « World Retail Banking Report » (WRBR 2017) par Capgemini et l’EFMA.

Dans ce rapport long d’une quarantaine de pages se pose notamment la question de la nécessaire évolution des banques traditionnelles face à la nouvelle ère de « l’open banking ».

En effet, le modèle bancaire traditionnel pourrait se retrouver en perte de vitesse face aux « FinTech » qui proposent des services innovants, rapides et moins contraignants. La part des jeunes actifs augmente chaque année et la bancarisation bien qu’étant nécessaire dans notre société actuelle n’est plus synonyme d’engagement à vie et de confiance absolue envers son banquier.

A l’heure où les choses doivent aller vite, ou chaque individu veut pouvoir rapidement, de manière très simple et avec autonomie gérer ses activités bancaires, les FinTech s’imposent de plus en plus comme un choix de taille.

Le risque de désintermédiation est patent pour les banques traditionnelles si elles ne choisissent pas de faire rapidement évoluer leurs systèmes et leurs modes de fonctionnement interne. La nouvelle directive sur les services de paiement (DSP II) et l’instant payment vont probablement révolutionner la manière dont les clients voudront gérer leur argent.

L’éclosion des FinTech est telle, qu’elles prennent une place de plus en plus importante sur les marchés bancaires et financiers, et jouissent d’une réputation positive qui ne fait que croitre avec le temps.

Anirban Bose, Directeur des services bancaires et financiers de Capgemini soulignait dernièrement « qu’en l’absence d’une réflexion stratégique et d’une véritable implication en matière d’open banking, les banques risquent une désintermédiation de la relation client (…). Il est impératif qu’elles envisagent dès maintenant un processus de transformation pour établir et solidifier une relation à long terme en matière d’open banking ».

Dès lors, comment les banques peuvent elles s’adapter et dans quelles mesures sont-elles capables de faire face à cette nouvelle forme de concurrence ?

Le rapport cité supra expose avec clarté que l’ère de l’open banking repose avant tout sur le développement d’API qui permettront de transformer les schémas classiques des banques en matière de relation client ou de lancement de nouveaux produits bancaires. Il demeure que les API inquiètent car elles peuvent présenter des risques en matière de sécurité et de confidentialité des données bancaires et personnelles. Mais sans API interne, les banques ne pourront probablement pas modifier de manière significative leurs infrastructures, et ne pourront donc pas tirer parti des FinTech et de leur modernité notamment en collaborant directement avec celles-ci.

1- Faire face à l’ère de l’open banking en collaborant avec les FinTech

S’il est une certitude, c’est que les banques comme les FinTech ont un objectif commun, à savoir la satisfaction des clients. Toutefois, si l’ère de l’open banking est amorcée, il n’est pas aisé de savoir comment et sous quelle forme les FinTech et les banques vont s’organiser.

Leur collaboration semble essentielle, du moins pour les banques comme nous l’avons vu. En ce sens, le rapport WRBF 2017 précise que 91 % des banques et 75 % des FinTech sont déterminées à collaborer, et pour cela les banques pourront apporter aux FinTech leur savoir, leur expertise, alors que les FinTech apporteront une vision novatrice et moderne de l’orientation client. En collaborant, elles pourront s’unir et profiter mutuellement des points forts de l’autre, ce qui rejoint l’état d’esprit dans lequel les FinTech se développent, c’est-à-dire une volonté de privilégier les collaborations plutôt que d’accentuer la compétitivité sur un marché bancaire déjà fortement concurrentiel.

Malgré les avantages que cela présente, il n’en demeure pas moins que de nombreux points restent en suspens et sont de nature à inquiéter les banques qui tout en ayant plus de facilités à accrocher de nouvelles cibles clientèle, n’ont pas aujourd’hui la certitude sur la « propriété des clients futur » et donc sur la pérennité de la relation développée avec chacun d’entre eux.

Si les banques ont compris rapidement l’intérêt tout particulier de collaborer avec les FinTech, malgré des doutes persistants, le rapport révèle surtout qu’en dépit de la volonté des FinTech de ne pas accroitre la compétitivité, elles jouissent d’une meilleure réputation en matière d’expérience client alors même que les banques traditionnelles sont ancrées dans le paysage bancaire depuis des dizaines d’années. Ce point n’est pas anodin et doit sonner comme un signal d’alarme auprès des banques.

2- Les FinTech, meilleures que les banques en matière d’expérience client

A la lecture du rapport WRBR 2017, il apparait de manière précise que les FinTech présentent cette caractéristique particulière d’avoir en un temps record compris de manière très précise quelles étaient les attentes majeures des clients. Comme nous l’avons vu, si cela peut représenter une menace concurrentielle pour les banques traditionnelles ; cela peut aussi représenter un atout majeur si une véritable collaboration est instaurée.

Toutefois, il faut être vigilant car les habitudes des consommateurs diffèrent d’un pays à un autre. Si les FinTech connaissent un franc succès aux États-Unis, il n’est pas garanti que cela soit pareil en France.

En plus des attentes de leurs clients, les banques doivent impérativement étudier, comprendre et assimiler les habitudes de consommation de leur clients, car des géants américains comme Apple ou Amazon proposent des offres très compétitives et une disponibilité sans faille (ou presque) concernant les services rendus à leurs clients qui évoluant dans un monde de plus en plus rapide et exigeant, demandent aujourd’hui à ce que les choses aillent vite sans perdre en qualité. Dès lors, les banques doivent faire face à ces multinationales qui sont susceptibles de pousser les clients à privilégier les FinTech plutôt que leur banque traditionnelle.

Ce dernier point rejoint le sujet des API abordé supra, car ces API vont permettre aux banques de développer de manière extrêmement rapide leur modernisation en matière de connaissance et d’expérience client.

L’ère de l’open banking est arrivée aux portes du système bancaire traditionnel qui doit être repensé selon trois axes majeurs, à savoir l’axe « business » ; l’axe « migration des technologies » et l’axe « juridique » notamment en ce qui concerne la protection des données.

L’Union européenne s’engouffre dans le sillage américain et d’autres pays nordiques avec la DSP II qui devrait être suivie de très près par l’instant payment.

L’enjeu des banques est multiple et doit être pris en considération rapidement afin que chacun des acteurs (banques et FinTech) trouvent sa place sur la carte économique française, sans oublier les risques juridiques qui seront derrière chaque organisation nouvelle et chaque partenariat.

Glossaire :

FinTech : combinaison de termes « finance » et « technologie », il s’agit d’une startup innovante qui utilise la technologie afin de repenser et proposer des services financiers et bancaires à moindre coût pour le client final. Plusieurs catégories de FinTech existent : crowdfunding, monnaies virtuelles, applications mobiles, paiement électronique etc.

API : ensemble normalisé de classes, de méthodes ou de fonctions mises en œuvre pour accéder à des services ou à des données. L’OPEN API est un principe consistant à exposer à des tiers externe comme les FinTech, une interface de programmation permettant l’accès à des données et/ou services propres pour répondre à tout type de besoin dont notamment le besoin bancaire.

Alexandre Peron
Legal Counsel

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