Le Bilan numérique des Avocats, l'évolution des pratiques en 2020.

Le Bilan numérique des Avocats, l’évolution des pratiques en 2020.

Rédaction du village

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Explorer : # dématérialisation # technologies avancées # mobilité professionnelle

Le Village de la justice, observateur toujours attentif des évolutions des métiers du droit, dédie depuis 2 ans une enquête au Bilan numérique des Avocats.
Le but ? Mieux connaître l’utilisation réelle du numérique par les avocats, et mesurer l’évolution, particulièrement intéressante à étudier en cette année de confinement.

Cette année 2020 près de 500 avocats parmi nos lecteurs et les clients du groupe Septeo ont répondu en août-septembre 2020 [1] ; voici les résultats et quelques premiers enseignements.

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L’objectif de cette enquête est de dresser un portrait régulier de la relation des avocats au numérique et aux technologies, à la dématérialisation ou à la communication... Les résultats sont éclairants sur le chemin restant à parcourir et sur les évolutions comparées Avant / Après le confinement (2019 vs mi-2020).

Nous vous proposons ici le Bilan sous forme d’infographies.


La Synthèse !

1er enseignement : L’avocat est très mobile en 2020.

Seulement 5% des avocats n’ont aucune utilisation numérique mobile et professionnelle, un taux très faible... Ils développent aussi l’habitude de la relation à distance. Les avocats sont bien en train de se défaire des contraintes physiques pour les échanges de documents et les rendez-vous.

La "Virtualisation" du cabinet semble en marche.

2ème enseignement : si les avocats ont bien pris conscience de la nécessité de "dématérialiser" leurs relations et consultations, la mise en pratique concrète avec des outils de prise de RDV, de consultation sécurisée et de paiement en ligne, reste encore minoritaire.

Un problème d’appropriation des outils dans un temps plus long sans doute...

3ème enseignement : les technologies les plus avancées n’ont que peu profité de 2020 pour se répandre.

Les avocats ont renforcé leur usage quand ils connaissaient la technologie, plutôt que testé de nouvelles pratiques.
Cela peut tout à fait s’expliquer par le plus faible volume de dossiers cette année, la plus grande difficulté d’appropriation de ces outils et la nécessité d’investir financièrement (les investissements financiers étant souvent en berne cette année après des mois difficiles).

La présentation commentée en webinaire

Avant de vous livrer ci-dessous tous les détails et chiffres, voici la vidéo de la restitution qui en a été faite le 19 novembre 2020, avec les analyses de Mélanie Parnot (co-présidente Réseau National des Incubateurs de Barreaux), Serge Deygas (Bâtonnier du Barreau de Lyon), Dan KOHN (Directeur de la prospective Septeo) et Christophe Albert (Village de la Justice) :

https://vimeo.com/481362182

Voici tous les détails de l’enquête...

Mobilité des avocats


En 2020 les avocats ne sont plus que 14% à ne pas avoir d’ordinateur portable ou tablette, et donc à se priver d’ordinateur en mobilité... et seulement 7% si l’on ne regarde que les avocats pratiquant majoritairement le Conseil.

Allons plus loin : 83% des avocats interrogés disent utiliser leur smartphone pour une utilisation professionnelle au-delà de la seule téléphonie (donc potentiellement en situation de mobilité), qu’ils soient davantage sur le Conseil ou le Contentieux.
Ils ne sont que 62% parmi ceux n’ayant pas d’ordinateur portable.

Vont-ils jusqu’à pratiquer davantage en 2020 qu’en 2019 les RDV à distance (téléphone ou visioconférence) ?
C’est oui pour 59% des avocats, mais de façon variable selon la taille du cabinet et la pratique : le recours aux RDV à distance augmente nettement avec la taille du cabinet et la pratique du Conseil... Voici les détails :

1er enseignement : L’avocat est très mobile en 2020.

Seulement 5% des avocats [2] n’ont aucune utilisation numérique mobile et professionnelle, un taux très faible... Ils développent aussi l’habitude de la relation à distance.
Les avocats sont bien en train de se défaire des contraintes physiques pour les échanges de documents et les rendez-vous.
La "Virtualisation" du cabinet semble en marche, au sens de capacité à travailler à tout endroit et plus seulement au cabinet.


Agilité numérique


A la fin 2019 dans notre précédente enquête, 68% des avocats déclaraient de ne plus guère envoyer de courriers postaux (dont 5% "jamais").
La tendance semble s’être accélérée : après les remous de 2020 qui ont poussé les avocats à réinventer leur façon de travailler et à affronter des contraintes très pratiques d’échange, 85% des avocats affirment avoir largement augmenté leur utilisation d’échanges électroniques au détriment des courriers postaux, quelque soit la taille des cabinets.

Ajoutons quelques chiffres repris de notre Bilan Edition 2019 et non mis à jour en 2020 :
- 84% utilisent les fonctions avancées de leur Traitement de Textes
- 85% utilisent un tableur.
- 95% maitrisent la génération de PDF
- 84% savent faire des captures d’écran
- 84% savent transférer des fichiers volumineux
- 87% sauvegardent leur données
- 96% ont un scanner.


Pratiquer le droit à distance...


Pratiquer le droit en 2020, c’est le pratiquer davantage qu’avant à distance... Ici le numérique est un outil incontournable, pour la mise en relation comme pour la consultation. Mesure de l’avancée de la profession en la matière...

1/ La prise de RDV :

En 2020, 22% des avocats offrent une possibilité de prise de RDV en ligne, sans différence notable selon la taille des cabinets, et "curieusement" seulement 3% disent avoir développé davantage cette fonctionnalité cette année...

2/ La consultation à distance : quelle part de visioconférence et de RDV à distance ?

On constate donc une forte augmentation de l’utilisation de ce mode d’échange et de collaboration, puisque lors de l’édition 2019 du Bilan numérique, 54% des avocats interrogés disaient ne pas savoir organiser une visio-conférence : ils ne sont plus désormais que 40 % à ne pas être très à l’aise avec ce sujet.

Dans le détail, selon les tailles des structures, ce sont les cabinets de plus de 6 avocats qui ont le plus augmenté leur utilisation en 2020 :

Si l’on précise sur la pratique de la consultation juridique à distance, l’augmentation est moins large :

21% des avocats pratiquent la consultation en ligne, et 7% disent en avoir augmenté leur utilisation en 2020.
Il y a quelques différences selon la taille des cabinets, les plus petits n’étant ni ceux qui l’utilisent le plus ni ceux qui ont accru le plus leur usage :

A noter : les avocats pratiquant majoritairement le conseil sont un peu plus utilisateurs de consultation en ligne (24%, contre 20% pour ceux pratiquement majoritairement le contentieux).

3/ Le paiement de consultation en ligne :

14% des avocats proposent un moyen de paiement en ligne, sur leur site ou une autre plateforme, avec davantage d’utilisation parmi les cabinets de 6 à 15 avocats (24%).
4% seulement en ont augmenté le recours en 2020.

2ème enseignement : si les avocats ont bien pris conscience de la nécessité de "dématérialiser" leurs relations et consultations, la mise en pratique concrète avec des outils de prise de RDV, de consultations sécurisée et de paiement en ligne, reste encore minoritaire.

Un problème d’appropriation des outils dans un temps plus long sans doute...


Appropriation des technologies avancées par les avocats


Un an après, nous avons interrogé les avocats sur quelques technologies pour en évaluer l’évolution de la connaissance et de l’utilisation.

1. Reconnaissance vocale

Globalement le recours à cette technologie est resté stable, 34% des avocats l’utilisent en 2020, à l’identique de 2019.
Dans le détail, ce sont surtout les cabinets de petite et moyenne taille (2 à 15 avocats) qui l’utilisent et ont renforcé cette tendance en 2020. A noter, les cabinets individuels (souvent sans fonction support) ne sont qu’un quart environ à dicter sans saisie par eux-mêmes :

2. Les outils de partage de documents et de collaboration en ligne

Au coeur du numérique et du droit, il y a un point crucial, le partage de documents. Pour envisager de nouvelles façons de collaborer, de concevoir des documents avec ses collaborateurs ou clients, pour réduire les temps passés sur des tâches moins valorisables en facturation, le pré-requis est de pratiquer l’ouverture de l’information, avec des moyens plus élaborés, plus efficaces et plus sécurisés que l’envoi par email.

En 2020 les avocats ont progressé sur cette prise de conscience et utilisation, mais finalement relativement peu en regard de ce que nous avons connu comme révolution du travail en 2020, imposée par la pandémie, les fermetures et le télétravail : seulement 8% des avocats disent en effet avoir augmenté significativement leur utilisation, et 44% des avocats "partagent" couramment, avec des réalités diverses selon la taille des cabinets, les plus petits étant moins "partageurs" (tout naturellement pourrait-on dire, du fait du besoin induit de collaboration lorsque la structure s’agrandit) :

On partage, oui, mais collabore-t-on vraiment ?
22% des avocats l’affirment (davantage dans les plus grands cabinets) mais finalement seuls les plus grands cabinets (plus de 15 avocats) ont vraiment accéléré sur ce sujet en 2020, avec à l’opposé 82% des cabinets individuels et 74% des cabinets de 2 à 5 avocats qui ne connaissent pas bien ou peu ce sujet. Pourtant la collaboration débute avec un seul client... Les outils du numérique ne sont pas très répandus ici, mais c’est peut-être avant tout un sujet de méthode de travail...

3. La signature électronique

Evidemment en 2020 il a fallu continuer à signer et authentifier... et plus souvent à distance qu’auparavant. L’usage de la signature électronique en a-t-il été bouleversé ?
Il a plutôt été confirmé, mais sans convaincre autant que l’on aurait pu l’imaginer, puisque il y a toujours environ 70% des avocats qui ne l’utilisent pas...

Parmi ceux qui signent électroniquement, l’usage s’est accéléré, notamment dans les plus grands cabinets :

4. Les outils en ligne de rédaction d’actes automatisée (contrats...)

L’automatisation de contrats ou l’analyse automatique est promise à un bel avenir en théorie, dès que les volumes sont importants. Mais 2020 n’a pas confirmé cette intuition ; la baisse de l’activité globale n’a sans doute pas été favorable à ce sujet...
Ils sont 84% en 2020 à ne pas utiliser cette technologie (contre 89% en 2019), et parmi ceux qui l’utilisent, l’accroissement est constaté dans les grands cabinets quasi uniquement :

5. La Blockchain

Technologie "stagnante" s’il en est dans le monde des avocats, la blockchain plafonne depuis 2 ans, et en 2020 il n’y a toujours que 3% des avocats qui disent l’utiliser. Faute de concrétisation d’applications ou de simplification ? De compréhension globale aussi certainement (81% des avocats disent ne pas avoir de compréhension du sujet en 2020).

6. La Jurimétrie (ou Justice prédictive)

L’utilisation de la donnée judiciaire par des algorithmes à des fins d’analyse ou d’anticipation est aussi un des grands sujets de la Legaltech, et son usage est contrasté en 2020 :
7% des avocats disent utiliser cette technologie et ses outils en 2020, contre 5% en 2019, ce qui est une faible augmentation, mais qui cache une utilisation très variable selon la taille des cabinets :

7. Parlons Cloud.

... Et pour finir une question qui permet de mesurer une certaine maturité numérique, sur l’utilisation du "cloud", qui plus qu’une technologie en tant que telle nous intéresse ici comme façon de stoker des données permettant de nouveaux usages (partage, sauvegarde, mobilité, nouvelles fonctionnalités...).
En comprendre le principe est gage de compréhension de nouveaux mécanismes mais aussi des logiciels utilisés au quotidien.
Et là, le progrès est net sur un an, +7% d’utilisation et 8% d’accroissement fort d’utilisation du Cloud :

3ème enseignement : les technologies les plus avancées n’ont que peu profité de 2020 pour se répandre.

Les avocats ont renforcé leur usage quand ils connaissaient la technologie, plutôt que testé de nouvelles pratiques.
Cela peut tout à fait s’expliquer par le plus faible volume de dossiers cette année, la plus grande difficulté d’appropriation de ces outils et la nécessité d’investir financièrement (les investissements financiers étant souvent en berne cette année après des mois difficiles).


Gestion du cabinet, Relation-client et Communication :


Si l’on parle maintenant de l’utilisation d’un logiciel de gestion pour le cabinet, 2020 montre une légère évolution : les avocats sont encore 46% à ne pas utiliser de logiciel de gestion spécifique à leur activité ; ils étaient 51% en 2019.

Mais derrière cette moyenne se cache de grandes différences selon la taille du cabinet, les petits cabinets étant bien moins équipés en solution spécifique à leur activité :

Sur ces sujets les grands cabinets sont nettement plus sensibilisés et partie prenante :
- 38% des avocats de cabinets de plus de 15 avocats estiment que la sécurité dans leurs usages numériques est une de leurs préoccupations, même si elle peut parfois les ralentir, alors qu’ils ne sont que 22% dans les petits et moyens cabinets (moins de 15 avocats) à s’accorder sur ce point ;
- 31% des avocats en grands cabinets s’estiment "suffisamment prudents" contre 14 à 20% dans les cabinets de moins de 6 avocats ;
- 4% des avocats en grands cabinets estiment "que les risques sont mineurs pour leur activité" contre 8 à 11% dans les cabinets de moins de 6 avocats.

On le voit, la sensibilisation au sujet n’est pas homogène.

Concernant plus particulièrement le chiffrement des données, tout comme en 2019, ils sont 7% à déclarer le pratiquer, cela variant là aussi beaucoup selon les tailles de cabinets :


Formation et sensibilité à l’innovation.


Nouveaux indicateurs dans notre baromètre, la sensibilité à l’innovation et la démarche de formation, sujet particulièrement prégnant après les grèves des avocats, le confinement et la forte baisse d’activité qui en a résulté, constituant autant de difficultés pour la profession.

Les avocats ont-il profité du confinement et plus globalement de la faible activité pour se former aux outils numériques ou pour tester des Legaltech par exemple ?
La réponse dépendra de la façon de voir les choses, c’est le "verre à moitié plein"... ou vide, car 1 avocat sur 2 n’en a pas profité, mais 1 avocat sur 2 oui !
On peut néanmoins estimer que la formation et l’auto-formation ont eu un certain succès, dans une période difficile... et avec une multitude de propositions qui ont éclos au fur et à mesure des mois, issues tant des institutions, associations, réseaux, que des consultants ou Legaltech.

Pas de différence importante à noter selon les tailles de cabinets sur ce point, par contre les avocats exerçant majoritairement en Conseil ont été plus pro-actifs, puisque 38% seulement ne se sont pas du tout formés pendant le confinement (contre 56% pour ceux exerçant majoritairement en Contentieux).

Autre question sur la démarche d’évolution, ont-ils profité du confinement pour se former sur les évolutions du marché du droit ou sur l’innovation des cabinets d’avocats ? (modèles économiques, offres, marketing...)

Là encore la réponse n’est pas unanime, et même très variable selon les tailles de cabinets. Si 56% des avocats en moyenne n’ont fait aucune démarche en ce sens, c’est plutôt 61% chez les avocats exerçant en individuel et 42 à 46% dans les cabinets de plus de 6 avocats par exemple. Globalement, les avocats seuls se sont moins formés que les cabinets plus importants :

... Avec une implication plus importante des avocats pratiquant majoritairement le Conseil plutôt que le Contentieux :

Et pour l’avenir ?

En majorité les avocats pensent consacrer plus de temps à l’avenir à se former aux innovations, technologies, marketing...

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Notes de l'article:

[1Questionnaire en ligne auquel ont répondu : 263 avocats individuel, 157 avocats exerçant en cabinet de 2 à 5 avocats, 38 avocats exerçant en cabinet de 6 à 15 avocats et 27 avocats dans les plus grandes structures. A 50% ce sont des avocats exerçant majoritairement en Contentieux, à 22% en Conseil et à 27% les deux. Ces paramètres nous permettront chaque fois que ce sera pertinent de segmenter les résultats pour un regard plus précis.

[238% d’avocats n’utilisant pas leur mobile professionnellement parmi 14% d’avocats n’ayant pas non plus d’ordinateur portable ou de tablette.

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