L’objectif de cette enquête est de dresser un portrait régulier de la relation des avocats au numérique et aux technologies, à la dématérialisation ou à la communication... Les résultats sont éclairants sur le chemin restant à parcourir et sur les évolutions comparées Avant / Après le confinement (2019 vs mi-2020).
Nous vous proposons ici le Bilan sous forme d’infographies.
La Synthèse !
1er enseignement : L’avocat est très mobile en 2020.
Seulement 5% des avocats n’ont aucune utilisation numérique mobile et professionnelle, un taux très faible... Ils développent aussi l’habitude de la relation à distance. Les avocats sont bien en train de se défaire des contraintes physiques pour les échanges de documents et les rendez-vous.
La "Virtualisation" du cabinet semble en marche.
2ème enseignement : si les avocats ont bien pris conscience de la nécessité de "dématérialiser" leurs relations et consultations, la mise en pratique concrète avec des outils de prise de RDV, de consultation sécurisée et de paiement en ligne, reste encore minoritaire.
Un problème d’appropriation des outils dans un temps plus long sans doute...
3ème enseignement : les technologies les plus avancées n’ont que peu profité de 2020 pour se répandre.
Les avocats ont renforcé leur usage quand ils connaissaient la technologie, plutôt que testé de nouvelles pratiques.
Cela peut tout à fait s’expliquer par le plus faible volume de dossiers cette année, la plus grande difficulté d’appropriation de ces outils et la nécessité d’investir financièrement (les investissements financiers étant souvent en berne cette année après des mois difficiles).
La présentation commentée en webinaire
Avant de vous livrer ci-dessous tous les détails et chiffres, voici la vidéo de la restitution qui en a été faite le 19 novembre 2020, avec les analyses de Mélanie Parnot (co-présidente Réseau National des Incubateurs de Barreaux), Serge Deygas (Bâtonnier du Barreau de Lyon), Dan KOHN (Directeur de la prospective Septeo) et Christophe Albert (Village de la Justice) :
Voici tous les détails de l’enquête...
Mobilité des avocats
En 2020 les avocats ne sont plus que 14% à ne pas avoir d’ordinateur portable ou tablette, et donc à se priver d’ordinateur en mobilité... et seulement 7% si l’on ne regarde que les avocats pratiquant majoritairement le Conseil.
Allons plus loin : 83% des avocats interrogés disent utiliser leur smartphone pour une utilisation professionnelle au-delà de la seule téléphonie (donc potentiellement en situation de mobilité), qu’ils soient davantage sur le Conseil ou le Contentieux.
Ils ne sont que 62% parmi ceux n’ayant pas d’ordinateur portable.
Vont-ils jusqu’à pratiquer davantage en 2020 qu’en 2019 les RDV à distance (téléphone ou visioconférence) ?
C’est oui pour 59% des avocats, mais de façon variable selon la taille du cabinet et la pratique : le recours aux RDV à distance augmente nettement avec la taille du cabinet et la pratique du Conseil... Voici les détails :
1er enseignement : L’avocat est très mobile en 2020.
Seulement 5% des avocats [2] n’ont aucune utilisation numérique mobile et professionnelle, un taux très faible... Ils développent aussi l’habitude de la relation à distance.
Les avocats sont bien en train de se défaire des contraintes physiques pour les échanges de documents et les rendez-vous.
La "Virtualisation" du cabinet semble en marche, au sens de capacité à travailler à tout endroit et plus seulement au cabinet.
Agilité numérique
A la fin 2019 dans notre précédente enquête, 68% des avocats déclaraient de ne plus guère envoyer de courriers postaux (dont 5% "jamais").
La tendance semble s’être accélérée : après les remous de 2020 qui ont poussé les avocats à réinventer leur façon de travailler et à affronter des contraintes très pratiques d’échange, 85% des avocats affirment avoir largement augmenté leur utilisation d’échanges électroniques au détriment des courriers postaux, quelque soit la taille des cabinets.







Pratiquer le droit à distance...
Pratiquer le droit en 2020, c’est le pratiquer davantage qu’avant à distance... Ici le numérique est un outil incontournable, pour la mise en relation comme pour la consultation. Mesure de l’avancée de la profession en la matière...
1/ La prise de RDV :
En 2020, 22% des avocats offrent une possibilité de prise de RDV en ligne, sans différence notable selon la taille des cabinets, et "curieusement" seulement 3% disent avoir développé davantage cette fonctionnalité cette année...
2/ La consultation à distance : quelle part de visioconférence et de RDV à distance ?
On constate donc une forte augmentation de l’utilisation de ce mode d’échange et de collaboration, puisque lors de l’édition 2019 du Bilan numérique, 54% des avocats interrogés disaient ne pas savoir organiser une visio-conférence : ils ne sont plus désormais que 40 % à ne pas être très à l’aise avec ce sujet.
Dans le détail, selon les tailles des structures, ce sont les cabinets de plus de 6 avocats qui ont le plus augmenté leur utilisation en 2020 :
Si l’on précise sur la pratique de la consultation juridique à distance, l’augmentation est moins large :
21% des avocats pratiquent la consultation en ligne, et 7% disent en avoir augmenté leur utilisation en 2020.
Il y a quelques différences selon la taille des cabinets, les plus petits n’étant ni ceux qui l’utilisent le plus ni ceux qui ont accru le plus leur usage :
A noter : les avocats pratiquant majoritairement le conseil sont un peu plus utilisateurs de consultation en ligne (24%, contre 20% pour ceux pratiquement majoritairement le contentieux).
3/ Le paiement de consultation en ligne :
14% des avocats proposent un moyen de paiement en ligne, sur leur site ou une autre plateforme, avec davantage d’utilisation parmi les cabinets de 6 à 15 avocats (24%).
4% seulement en ont augmenté le recours en 2020.
2ème enseignement : si les avocats ont bien pris conscience de la nécessité de "dématérialiser" leurs relations et consultations, la mise en pratique concrète avec des outils de prise de RDV, de consultations sécurisée et de paiement en ligne, reste encore minoritaire.
Un problème d’appropriation des outils dans un temps plus long sans doute...
Appropriation des technologies avancées par les avocats
Un an après, nous avons interrogé les avocats sur quelques technologies pour en évaluer l’évolution de la connaissance et de l’utilisation.
1. Reconnaissance vocale
Globalement le recours à cette technologie est resté stable, 34% des avocats l’utilisent en 2020, à l’identique de 2019.
Dans le détail, ce sont surtout les cabinets de petite et moyenne taille (2 à 15 avocats) qui l’utilisent et ont renforcé cette tendance en 2020. A noter, les cabinets individuels (souvent sans fonction support) ne sont qu’un quart environ à dicter sans saisie par eux-mêmes :
2. Les outils de partage de documents et de collaboration en ligne
Au coeur du numérique et du droit, il y a un point crucial, le partage de documents. Pour envisager de nouvelles façons de collaborer, de concevoir des documents avec ses collaborateurs ou clients, pour réduire les temps passés sur des tâches moins valorisables en facturation, le pré-requis est de pratiquer l’ouverture de l’information, avec des moyens plus élaborés, plus efficaces et plus sécurisés que l’envoi par email.
En 2020 les avocats ont progressé sur cette prise de conscience et utilisation, mais finalement relativement peu en regard de ce que nous avons connu comme révolution du travail en 2020, imposée par la pandémie, les fermetures et le télétravail : seulement 8% des avocats disent en effet avoir augmenté significativement leur utilisation, et 44% des avocats "partagent" couramment, avec des réalités diverses selon la taille des cabinets, les plus petits étant moins "partageurs" (tout naturellement pourrait-on dire, du fait du besoin induit de collaboration lorsque la structure s’agrandit) :
On partage, oui, mais collabore-t-on vraiment ?
22% des avocats l’affirment (davantage dans les plus grands cabinets) mais finalement seuls les plus grands cabinets (plus de 15 avocats) ont vraiment accéléré sur ce sujet en 2020, avec à l’opposé 82% des cabinets individuels et 74% des cabinets de 2 à 5 avocats qui ne connaissent pas bien ou peu ce sujet. Pourtant la collaboration débute avec un seul client... Les outils du numérique ne sont pas très répandus ici, mais c’est peut-être avant tout un sujet de méthode de travail...
3. La signature électronique
Evidemment en 2020 il a fallu continuer à signer et authentifier... et plus souvent à distance qu’auparavant. L’usage de la signature électronique en a-t-il été bouleversé ?
Il a plutôt été confirmé, mais sans convaincre autant que l’on aurait pu l’imaginer, puisque il y a toujours environ 70% des avocats qui ne l’utilisent pas...
Parmi ceux qui signent électroniquement, l’usage s’est accéléré, notamment dans les plus grands cabinets :
4. Les outils en ligne de rédaction d’actes automatisée (contrats...)
L’automatisation de contrats ou l’analyse automatique est promise à un bel avenir en théorie, dès que les volumes sont importants. Mais 2020 n’a pas confirmé cette intuition ; la baisse de l’activité globale n’a sans doute pas été favorable à ce sujet...
Ils sont 84% en 2020 à ne pas utiliser cette technologie (contre 89% en 2019), et parmi ceux qui l’utilisent, l’accroissement est constaté dans les grands cabinets quasi uniquement :
5. La Blockchain
Technologie "stagnante" s’il en est dans le monde des avocats, la blockchain plafonne depuis 2 ans, et en 2020 il n’y a toujours que 3% des avocats qui disent l’utiliser. Faute de concrétisation d’applications ou de simplification ? De compréhension globale aussi certainement (81% des avocats disent ne pas avoir de compréhension du sujet en 2020).
6. La Jurimétrie (ou Justice prédictive)
L’utilisation de la donnée judiciaire par des algorithmes à des fins d’analyse ou d’anticipation est aussi un des grands sujets de la Legaltech, et son usage est contrasté en 2020 :
7% des avocats disent utiliser cette technologie et ses outils en 2020, contre 5% en 2019, ce qui est une faible augmentation, mais qui cache une utilisation très variable selon la taille des cabinets :
7. Parlons Cloud.
... Et pour finir une question qui permet de mesurer une certaine maturité numérique, sur l’utilisation du "cloud", qui plus qu’une technologie en tant que telle nous intéresse ici comme façon de stoker des données permettant de nouveaux usages (partage, sauvegarde, mobilité, nouvelles fonctionnalités...).
En comprendre le principe est gage de compréhension de nouveaux mécanismes mais aussi des logiciels utilisés au quotidien.
Et là, le progrès est net sur un an, +7% d’utilisation et 8% d’accroissement fort d’utilisation du Cloud :
3ème enseignement : les technologies les plus avancées n’ont que peu profité de 2020 pour se répandre.
Les avocats ont renforcé leur usage quand ils connaissaient la technologie, plutôt que testé de nouvelles pratiques.
Cela peut tout à fait s’expliquer par le plus faible volume de dossiers cette année, la plus grande difficulté d’appropriation de ces outils et la nécessité d’investir financièrement (les investissements financiers étant souvent en berne cette année après des mois difficiles).
Gestion du cabinet, Relation-client et Communication :
Si l’on parle maintenant de l’utilisation d’un logiciel de gestion pour le cabinet, 2020 montre une légère évolution : les avocats sont encore 46% à ne pas utiliser de logiciel de gestion spécifique à leur activité ; ils étaient 51% en 2019.
Mais derrière cette moyenne se cache de grandes différences selon la taille du cabinet, les petits cabinets étant bien moins équipés en solution spécifique à leur activité :