Nos experts vous répondent : "Comment choisir entre s'associer ou s'installer seul ?"

Nos experts vous répondent : "Comment choisir entre s’associer ou s’installer seul ?"

Rédaction du village

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Le Village de la justice a réuni pour vous des experts reconnus des professions juridiques à même de répondre à de nombreuses questions liées aux métiers du droit : Votre carrière et ses évolutions, le management de votre cabinet, l’organisation de votre service juridique, les outils à rechercher pour être plus performant (ou moins s’ennuyer avec le quotidien), etc.

Seconde réponse de cette nouvelle chronique, au sujet du développement du cabinet d’avocat et de la construction de sa carrière...

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Un lecteur nous écrit...

"Comment choisir entre s’associer ou s’installer seul ?
J’ai du mal à me décider entre les deux démarches... En prenant en compte les critères de carrière, mais aussi financières...
Quels sont les principaux critères de choix ?"
(Isabelle, avocate généraliste, 5 ans d’expérience)

Caroline Neveux, Associée Jurimanagement, lui répond ici...

"Chère Madame,

Merci pour votre question. Cette dernière est cruciale et nous est souvent posée : Comment choisir entre s’associer ou s’installer seul ? Quels sont les principaux critères de choix ?
Nous tentons de vous livrer ci-après quelques pistes de réflexion.

Tout d’abord, l’installation, qu’elle se fasse seule ou à plusieurs, répond à une période de maturité professionnelle et nécessite la maitrise d’un certain nombre de paramètres, que sont :
-  un développement de clientèle avéré, autrement dit une clientèle propre,
-  une maitrise des notions d’organisation et de stratégie,
-  une autonomie financière permettant d’assurer quelques mois de fonctionnement,
-  un projet de développement et un positionnement fort,
-  un business plan de qualité.

Outre la maitrise de ces étapes, le choix entre l’association ou l’installation seul, dépend de nombreux autres critères.

En premier lieu, la capacité de l’avocat à se projeter seul dans un développement, à maitriser seul la production, en d’autres termes, à travailler de façon isolée tant comme décisionnaire que comme producteur est un vrai moteur de la réflexion.

De nombreuses personnes sont inaptes à travailler en solitaire et ne peuvent se réaliser qu’en équipe.

Passée cette étape, et en admettant que l’association est plus conforme à ses aspirations de travail en groupe, il convient de réfléchir avec acuité à sa propre capacité à partager son quotidien, ses clients, ses difficultés, ses revenus, ses ambitions et ses valeurs avec d’autres. L’échec d’une association est souvent bien plus complexe encore qu’un divorce, mêlant affect, argent, intérêt et pour beaucoup d’avocats, la majeure partie de leur temps et de leur vie. Ces questions seront bien entendu à opposer au futur associé.

Enfin, l’association suppose, à notre sens :
-  un partage bien distinct des métiers du droit dispensés (partage des clients mais pas de la matière traitée ; il convient par exemple de distinguer conseil ou contentieux si l’on exerce dans la même matière, ou encore, social et affaires pour des matières différentes) ; ce partage est nécessaire pour que la prescription de l’un vers l’autre soit efface d’une part, pour éviter les phénomènes de concurrence d’autre part,
-  des règles de vie entre associés clairement établies (les chartes d’associés, réglant les principes de répartition du résultat, de partage de clientèle et de valeurs, la stratégie, sont indispensables),
-  des objectifs communs bien ciblés.

Le pire des écueils pouvant être de s’associer trop vite pour se rassurer ou encore de s’associer avec un proche, sans avoir pris soin de valider les étapes précitées.

L’installation seule peut paraître, quant à elle, plus souple, plus aisée et probablement plus rapide.

Il faut toutefois bénéficier d’un solide moral et d’un projet bien réfléchi, et s’armer de patience pour faire fructifier son cabinet et se développer. Outre les qualités requises visées plus haut, il faut avoir à l’esprit que pour un jeune avocat, plusieurs années (trois à quatre), sont nécessaires pour atteindre une vitesse de croisière sans ménager sa peine.

L’une ou l’autre des formules est intéressantes à divers égards. Le marché nous informe clairement de ce que l’association avec un tiers et partant l’exercice en groupement est plus rentable financièrement. Il convient toutefois de réfléchir à ne pas avoir à piloter en même temps les problèmes propres à l’association que nous avons évoqués plus haut et les errances liées à une première installation.

En conclusion, une toute première installation, seul, peut être riche d’enseignements et notamment dans l’appréhension du développement et de la gestion ; assortie d’une association à terme, bien choisie et bien ciblée, elle peut s’avérer très porteuse. "

Rédaction du village

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