La solitude de la victime
Déstabilisée après l’accident, souvent perdue et amoindrie, impressionnée, parfois mal entourée, la victime est d’abord démunie. La victime se sentant pleinement victime s’en remet aveuglément à la compagnie d’assurance envisagée comme alliée naturelle. Or, la condition première de la victime d’un accident grave est bel et bien la solitude. Le plus souvent, une victime d’accident vivra l’expertise médicale comme une épreuve supplémentaire. Il faut bien mesurer la violence psychologique que peut revêtir une expertise médicale pouvant durer 4 heures interminables où ses blessures sont mises à nu et où l’on passe en revue les aspects les plus intimes de son existence.
Par ailleurs, en plus d’être fragilisée, la victime se trouve couramment ignorante de ses droits et prérogatives. Elle ignore souvent qu’elle peut récuser un expert.
Elle ignore qu’elle peut être directement entourée d’un médecin de recours (de sa propre compagnie d’assurance) ou mieux encore d’un médecin de recours totalement indépendant de toute compagnie. Cette indépendance vis-à-vis de toute compagnie d’assurance est de nature à faire contrepoids aux évaluations de l’expert missionné par l’assureur (dont la partialité est inévitable).
En outre, la victime ignore l’ensemble des postes de préjudices indemnisables, les conséquences pratiques de tel ou tel handicap sur son avenir (professionnel, social, familial...), les conséquences sur son quotidien, mais aussi sur celui de ses proches. En conclusion elle se retrouve vis-à-vis de la compagnie d’assurance en position d’infériorité fondamentale.
L’expertise médicale biaisée quand elle est conduite par la compagnie d’assurance
Le plus souvent, la victime d’un accident de la circulation s’en remet à sa compagnie d’assurance et lui accorde, on l’a vu, sa pleine confiance. Choquée, fragilisée par l’accident qu’elle vient d’endurer, avec des dommages parfois sévères, elle perd naturellement la capacité d’analyse et de recul qui lui permettrait de traiter d’égal à égal avec l’assureur. Or, en pratique, et notamment à l’occasion des expertises médicales, les compagnies d’assurances privilégient leurs intérêts économiques et orientent à ce titre de différentes façons le processus d’indemnisation.
L’impartialité douteuse de l’expert payé par l’assureur
C’est le premier point litigieux. Et peu de victimes mesurent l’importance de ce détail qui n’en est pas un. En effet, l’expert par défaut proposé par la compagnie d’assurance à l’occasion de l’expertise est directement rémunéré par cette dernière. Cela n’est pas sans conséquence sur l’impartialité des débats, sur l’examen de la victime et sur les conclusions qui dicteront l’indemnisation. On imagine difficilement en effet qu’un médecin-expert missionné par une compagnie agisse à l’encontre de des intérêts de son donneur d’ordres. Le risque est grand, très grand même, qu’un certain nombre de préjudices soient minorés, voire proprement éludés et rejetés.
Pas de réel respect de la règle du contradictoire
En droit, la règle générale prescrit que « chacune des parties doit être en mesure de discuter l’énoncé des faits et les moyens juridiques que les adversaires sont susceptibles de lui opposer » (Article 6 - 1 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme). Dans le cadre d’une expertise conduite par la compagnie d’assurance, telle qu’elle est prévue par la loi Badinter, la victime ne bénéficie pas de la règle du contradictoire, alors que cette loi prévoit que la victime puisse se faire assister lors de l’expertise par son propre médecin et par un avocat (Article 13 de la Loi du 5 juillet 1985). L’expert de l’assurance en pratique se borne bien souvent à travailler sur les seules pièces fournies par la victime, victime souvent ignorante des éléments qu’il serait judicieux de produire. Il est même prévu que la compagnie « puisse demander des renseignements complémentaires si elle l’estime nécessaire » (Cass 1ère Civ, 29 janvier 1993, numéro 91-11.999). C’est dire combien l’assureur veille à conserver la maîtrise de cette étape décisive qu’est l’expertise médicale, aux dépens des intérêts de la victime.
Rapport contrôlé par la compagnie d’assurance
Ce n’est pas tout. Le rapport établi par l’expert est directement adressé à la compagnie d’assurance, laquelle a le pouvoir de le contrôler et ipso facto de le faire corriger par son auteur... C’est une pratique hélas courante qui pèse sur le processus d’indemnisation de la victime, jamais à son avantage.
Nombre limité de préjudices pris en compte
Alors que la loi prévoit la réparation intégrale de l’ensemble des préjudices de la victime (préjudices économiques, non économiques, temporaires, permanents, de la victime directe, ou des victimes indirectes), le médecin de l’assureur statue le plus souvent sur les seules pièces communiquées spontanément par la victime, ce qui laisse place à de lourdes omissions.
Le plus souvent l’assurance ne disposant pas du dossier médical de la victime, ignorera donc l’existence de dommages invisibles ou moins évidents, ce qui ne signifie pas qu’ils soient négligeables !
L’expert, tient peu compte des conséquences sur le long terme des préjudices qu’il a à évaluer. Il sous-estime couramment les besoins en tierces personnes (poste de préjudice pourtant très conséquent) au profit d’une approche strictement thérapeutique. Il est d’usage que les conséquences professionnelles de l’accident soient elles aussi significativement minimisées. Le coût financier de la réparation des différents préjudices professionnels n’est pas étranger à cette cécité volontaire...
Le recours à un médecin de victimes 100% indépendant
Pour se prémunir des risques précédemment cités, la victime d’accident de la circulation a la possibilité de s’entourer, en plus d’un avocat, d’un médecin de victime dont les services sont intégralement pris en charge par la compagnie d’assurance. Dans la mesure du possible, elle aura intérêt à choisir son défenseur parmi les médecins parfaitement indépendants. Ils sont répertoriés sur les sites de l’ANMCR et l’ANAMEVA, 2 associations de médecins conseils de victimes étant sans attache aucune avec les compagnies d’assurance.
Entouré par ce professionnel du dommage corporel totalement indépendant, exclusivement au service des victimes, il sera alors possible à la victime de se soumettre à une expertise préalable préparatoire.
Par ailleurs, le médecin de victime sera un soutien précieux à l’occasion de l’expertise médicale à laquelle il prendra évidemment part. Son rôle sera donc de faire contrepoids à l’analyse de l’expert assurance. Ainsi, il rétablit l’impartialité des débats et veille à ne rien omettre qui puisse être défavorable à son client. En cas de désaccord entre les deux médecins, il sera envisageable de solliciter un nouvelle expertise amiable contradictoire. Elle devra être argumentée par l’avocat qui la réclame. Si cette ultime expertise amiable ne débouche pas sur un accord, alors il ne restera plus que la voie judiciaire.
En pratique, l’avocat demande au juge une expertise judiciaire selon une mission préalablement définie par lui-même. Le juge ne pourra plus alors ignorer les préjudices dont l’avocat a demandé l’expertise.
Quand l’expert rend son rapport définitif aux parties (avocat de la victime / avocat de l’assurance), l’avocat de la victime propose au juge des montants indemnitaires argumentés sur chaque poste de préjudice. Le juge a donc le dernier mot.
Discussions en cours :
Maître,
Je vous avoue ne pas chercher le conflit mais votre article interpelle car il dénote une certaine méconnaissance (le terme est peut-être trop fort mais il est proportionné au ton provocateur que l’on retrouve dans vos propos) du droit et de la pratique qui gouvernent la réparation du dommage corporel ainsi que ses acteurs.
Pour votre parfaite information, les experts (le sont-ils toujours à vos yeux ?) ainsi que les compagnies d’assurance sont des professionnels qui constituent dans tous les cas des garanties pour les victimes.
Il serait souhaitable d’éviter de tomber dans une caricature comme vous le faites car voyez vous il m’arrive de me moquer d’avocats qui prétendent tout connaître de la réparation du dommage corporel (ou du droit des assurances) mais j’évite toute généralité ainsi que tout jugement péremptoire (notamment sur des questions d’indépendance).
Cordialement,
Olivier Georges
moi je suis pas d’accord avec vous mr olivier j’ai eu un accident de la route a 17 ans
aujourd’hui j’ai 51 ans je souffre de mes 2 jambes du dos qui m’empêche de vivre
tous sa a cause d’un expert qui vouler vite clôturé mon dossier pour encaisser
mes aujourd’hui s’est moi qui en paye les pot casser 6 ans sans travail sans revenue
vous en penser quoi vous l’expert ??????????
J ai ete victime d’un accident sur voi públic lorsque des persones dechargai des plaques de tol D un camion ils ont faient basculer une plaque qui mai tombe dessu et qui ma sanctioner les tandons , après mon hospitalisation le chauffeur et la persone a qui etai livrer les plaques s envoi la bale J ai decide de porte plainte la persone a qui appartenaie le material car le chauffeur N est pas responsable du dechargement et a ce jour rien ne bouge malgre un avocat engagé et Le 25/06/2019 món chirurgien me remetra mon certificat de consolidassion que faire ?
Tres documenté - Merci pour toutes les explications -