Recruter un salarié étranger implique, dans la majorité des cas, de se confronter à un certain nombre de formalités, à commencer par l’obtention d’une autorisation de travail. Pourtant, certains titres de séjour permettent de simplifier ce parcours administratif tout en valorisant l’attractivité de votre entreprise : c’est notamment le cas des titres « Talent », anciennement appelés « passeport Talent ».
La loi n° 2024-42 du 26 janvier 2024 et récemment la loi n° 2025-391 du 30 avril 2025, ont réorganisé le régime de ces titres, en clarifiant les conditions applicables et en simplifiant certaines démarches.
1. Les titres « Talent » : une alternative avantageuse.
La majorité des titres de séjour pour les salariés étrangers exigent que l’employeur obtienne, en amont, une autorisation de travail. Cette procédure implique notamment la publication d’une offre d’emploi pendant trois semaines auprès de Pôle Emploi (sauf pour les métiers dits "en tension"), afin de démontrer l’impossibilité de recruter un candidat déjà présent sur le marché du travail.
Les titres « Talent » dérogent à cette règle. Ils dispensent l’employeur de solliciter une autorisation de travail préalable, ce qui représente un gain de temps et de sécurité pour les projets de recrutement.
Par ailleurs, ces titres présentent des avantages substantiels :
- Ils sont délivrés pour une durée de quatre ans, renouvelable, évitant ainsi les démarches annuelles de renouvellement ;
- Ils ouvrent automatiquement un droit au séjour et au travail pour le conjoint et les enfants mineurs du salarié.
Mais attention : ces avantages sont conditionnés à un respect des critères d’éligibilité.
2. Les principaux titres « Talent » pour les salariés.
Depuis la réforme de 2024, les différents titres « Talent » applicables aux salariés figurent aux articles L421-9 et suivants du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA).
2.1. Le titre de séjour « salarié qualifié ».
Deux titres sont désormais regroupés sous l’appellation « salarié qualifié ».
Le premier est ouvert aux salariés remplissant deux conditions cumulatives :
- être titulaire d’un diplôme obtenu en France dans un établissement d’enseignement supérieur habilité, de niveau au moins équivalent au grade de master ou figurant sur une liste fixée par décret ;
- bénéficier d’un contrat de travail d’une durée supérieure à trois mois, assorti d’une rémunération annuelle brute au moins égale à deux fois le SMIC (soit 43 243€ à la date de rédaction du présent article).
Le second titre est particulièrement intéressant pour les entreprises de la tech. Il correspond au titre de séjour « Recrutement dans une entreprise innovante » ou « French Tech Visa for Employees ».
Ce titre s’adresse aux salariés recrutés au sein d’une jeune entreprise innovante (JEI) ou reconnue comme innovante par le ministère de l’Économie, à condition de remplir les trois critères suivants :
- l’entreprise obtient une attestation de reconnaissance de caractère innovant sur la plateforme dédiée [1] ;
- le salarié occupe un poste en lien direct avec un projet de R&D de l’entreprise ou avec son développement économique, social, international et environnemental ;
- la rémunération brute annuelle est au moins équivalente à deux fois le SMIC (soit 43 243€ à la date de rédaction du présent article).
2.3. Le titre de séjour « Carte Bleue Européenne ».
Assoupli par la loi n° 2025-391 du 30 avril 2025, ce titre est destiné aux profils hautement qualifiés, et accessible sous réserve de remplir les trois conditions suivantes :
- justifier soit d’un diplôme sanctionnant au moins trois années d’études supérieures, soit de cinq années d’expérience professionnelle équivalente, soit, pour certaines professions, de trois années d’expérience pertinente au cours des sept dernières années (un décret est attendu pour fixer la liste des professions et les critères) ;
- disposer d’un contrat de travail d’au moins un an ;
- percevoir une rémunération brute annuelle au moins égale à 1,5 fois le salaire annuel brut moyen (soit depuis un arrêté du 20 juin 2016, une somme de 53 836,50€ qui n’a jamais été revalorisée malgré les réformes).
L’entreprise devra en outre transmettre un formulaire dédié et justifier de sa situation sociale à jour (attestation URSSAF, caisse des congés payés le cas échéant).
3. Dépôt de la demande de titre.
3.1. Depuis l’étranger.
Si le futur salarié réside encore dans son pays, la demande doit être introduite auprès du Centre des Visas pour étude du dossier par le Consulat de France compétent. Le dossier doit comporter l’ensemble des justificatifs (diplômes, contrat, attestation d’innovation…), traduits en français s’ils sont en langue étrangère, ainsi qu’une lettre exposant le projet professionnel.
3.2. Depuis la France.
Si le salarié est déjà en France, la demande de titre doit être déposée en ligne via l’espace dédié aux étrangers [2]. Elle doit être effectuée entre quatre et deux mois avant l’expiration de l’actuel document de séjour en cours, mais il est fortement conseillé d’anticiper davantage au vu des délais souvent importants en préfecture.
Conclusion.
Le recours aux titres « Talent » constitue un levier efficace pour sécuriser le recrutement de profils internationaux et valoriser l’attractivité des entreprises françaises. À condition d’en maîtriser les critères juridiques et les démarches, il peut permettre un véritable gain de temps et d’énergie… tout en facilitant l’installation des familles. Un outil à intégrer sans hésiter dans votre stratégie RH internationale.