Que faire en cas de retard de livraison d’une vente en l’état futur d’achèvement ?

Par Ganaëlle Soussens, Avocat.

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Explorer : # retard de livraison # vefa # indemnisation

Ce que vous allez lire ici :

L'achat d'un bien en VEFA peut être entravé par des retards de livraison, entraînant des répercussions financières et émotionnelles. Les acquéreurs ont plusieurs solutions légales à leur disposition pour gérer ces retards, notamment la suspension du prêt, l'indemnisation et l'annulation de la vente, avec des conseils juridiques recommandés.
Description rédigée par l'IA du Village

L’acquisition d’un bien immobilier en état futur d’achèvement (VEFA) présente de nombreux attraits, mais aussi des défis significatifs, notamment concernant le risque de retards de livraison. Ce problème peut engendrer des conséquences financières lourdes et des préoccupations émotionnelles pour les acquéreurs, qu’ils envisagent d’habiter ou d’investir. Cet article met en lumière les diverses causes de ces retards et propose des solutions juridiques adaptées pour protéger les intérêts des acheteurs. Avec des conseils judicieux et des stratégies claires, vous serez mieux armé pour naviguer dans cette situation complexe et retrouver votre sérénité.

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L’achat d’un bien immobilier en VEFA attire de nombreux particuliers et investisseurs dans l’immobilier neuf. L’une des principales préoccupations rencontrées par les acquéreurs est le retard de livraison, un problème qui peut entraîner des répercussions financières significatives et des frustrations émotionnelles. Que vous envisagiez d’acheter pour habiter ou pour investir, le retard de livraison représente un obstacle de taille à la réalisation de votre projet immobilier. Les défis liés à ces retards incluent non seulement la gestion de l’immobilisation des fonds, mais aussi le stress lié à l’incertitude des délais.

Dans cet article, nous explorons les causes habituelles de ces retards et, surtout, les solutions juridiques qui s’offrent aux acquéreurs pour protéger leurs intérêts. Qu’il s’agisse de la suspension du remboursement du prêt souscrit pour financer l’acquisition ou de la recherche d’une indemnisation, ou même de l’annulation de la vente, chaque option présente ses propres avantages et inconvénients.

Ce guide pratique est conçu pour vous accompagner à chaque étape du processus, vous offrir des conseils avisés et, surtout, vous aider à naviguer dans ce labyrinthe juridique sans vous perdre. Que vous soyez déjà confronté à ce problème ou simplement désireux de vous prémunir contre de potentielles complications, cet article vous fournira les outils nécessaires pour agir avec confiance et assurance.

Comprendre le retard de livraison en VEFA.

Le retard de livraison dans le cadre d’une vente en état futur d’achèvement (VEFA) est une situation qui, malheureusement, n’est pas rare. Ce type de transaction immobilière, bien que très encadré, n’est pas exempt de complications. Le délai de livraison d’un bien immobilier peut être impacté par de nombreux facteurs, chacun ayant des conséquences potentiellement coûteuses pour l’acquéreur.

Causes fréquentes de retard.

Les retards peuvent découler de nombreux aspects, allant des aléas climatiques aux défaillances des entreprises de construction. Parfois, des causes externes comme les intempéries peuvent justifier un report de la date de livraison. En effet, nombre de contrats de VEFA incluent des clauses légitimes permettant au promoteur de retarder la livraison en cas de force majeure ou de problèmes imprévus. Ces clauses, qui protègent le promoteur, peuvent mettre l’acquéreur dans une position délicate, en prolongeant indéfiniment le calendrier de livraison et en le privant d’indemnisation.
Un autre facteur majeur est la faillite des entreprises qui interviennent sur le chantier, qui peut gravement affecter l’avancement des travaux. Les retards qui en découlent sont souvent longs et compliqués à résoudre, puisqu’ils nécessitent la recherche de nouveaux partenaires pour prendre le relais des travaux.

Conséquences pour l’acquéreur.

Les conséquences d’un retard de livraison sont multiples et difficiles à gérer sur le plan financier. Lorsque le bien n’est pas livré à la date prévue, l’acquéreur continue de régler son loyer et/ou commence à rembourser son prêt immobilier sans pouvoir bénéficier du bien, que ce soit pour y vivre ou le louer. Cette situation peut s’avérer particulièrement problématique pour ceux qui comptaient sur les revenus locatifs pour couvrir les échéances de crédit. De plus, si l’acquéreur est locataire, il devra continuer à payer son propre loyer tout en remboursant le prêt, ce qui peut mener à une double charge financière insoutenable.
Les retards peuvent également entraîner la perte de certains avantages fiscaux, notamment si l’acquisition avait été réalisée dans le cadre d’un dispositif de défiscalisation type Pinel. Cela ajoute une couche supplémentaire de stress financier et juridique, rendant la situation encore plus complexe à gérer.

Solutions pour les acquéreurs en cas de retard.

Lorsqu’un acquéreur est confronté à un retard de livraison dans le cadre d’une VEFA, il existe plusieurs solutions légales pour atténuer les impacts financiers et personnels. Chacune d’elles offre des avantages spécifiques et nécessite une compréhension approfondie pour être correctement mise en œuvre.

Suspension du prêt immobilier.

La suspension des remboursements du prêt constitue l’une des solutions les plus efficaces pour alléger la pression financière en cas de retard de livraison d’une VEFA. Cette option permet à l’emprunteur de suspendre le remboursement de son prêt immobilier jusqu’à ce que le litige soit résolu ou que le bien soit livré. Pour ce faire, l’acquéreur doit faire appel à un spécialiste en VEFA, qui pourra engager les démarches judiciaires nécessaires pour obtenir une ordonnance du tribunal autorisant cette suspension.

Avantages et procédure.

L’un des principaux avantages de la suspension du prêt est qu’elle offre un répit financier immédiat, réduisant ainsi le stress lié aux échéances. Cela permet à l’acquéreur de préserver ses ressources financières et d’éviter de s’endetter davantage. La procédure implique d’assigner le promoteur qui a vendu le bien en VEFA et la banque prêteuse. En respectant scrupuleusement la procédure applicable en la matière, on obtient la suspension des remboursements du prêt, sans frais, sans intérêts, sans inscription au FICP (fichier des incidents de crédit aux particuliers). En revanche, l’emprunteur devra continuer de régler les primes de l’assurance emprunteur pour continuer à bénéficier des garanties de cette assurance.

Indemnisation par le promoteur.

Une autre voie pour compenser les pertes subies consiste à réclamer une indemnisation au promoteur. Contrairement à une idée reçue, cette indemnisation n’est pas automatique, elle n’est pas non plus d’1/3000ème du prix d’achat par jour de retour. C’est pourquoi obtenir une telle compensation n’est pas toujours aisée. Il faut examiner attentivement les clauses du contrat de VEFA, les causes du retard invoquées par le promoteur et les justificatifs qu’il produit. Si les négociations avec le promoteur ne permettent pas d’obtenir une indemnisation, il faudra envisager de se tourner vers les tribunaux pour faire valoir ses droits.

Négociation et recours judiciaires.

Les tribunaux peuvent exiger du promoteur qu’il verse des compensations pour les préjudices subis, mais le processus judiciaire est long et coûteux. En outre, il faut garder à l’esprit que le retard de livraison de la VEFA, justifié par le promoteur comme prévu dans l’acte de vente, n’est pas indemnisable. Encore, l’acquéreur ne peut réclamer, par exemple, le montant des loyers qu’il a payés pendant la période où il attendait la livraison de son appartement, car, dans tous les cas, il doit supporter des frais pour se loger : un loyer ou un prêt immobilier. Il faut donc bien estimer en amont le préjudice indemnisable avant de se lancer. On peut aussi envisager de se regrouper entre acquéreurs d’une même résidence pour mutualiser les frais.

Annulation de la VEFA.

Lorsque le retard de livraison est significatif, certains acquéreurs choisissent de demander d’annuler la VEFA. Cette option, bien que radicale, peut permettre de récupérer les fonds investis et de se libérer d’un engagement devenu insoutenable. L’annulation peut être amiable, si le promoteur l’accepte ou judiciaire. Dans ce dernier cas, c’est le tribunal qui va prononcer l’annulation de la vente. L’annulation suppose que l’acquéreur restitue au promoteur la propriété du bien, et que le promoteur restitue les sommes versées à l’acquéreur. La solvabilité du promoteur est donc un élément à prendre en considération lorsque l’on recherche l’annulation d’une VEFA en raison du retard de livraison.

Face à un retard de livraison dans le cadre d’une vente en état futur d’achèvement (VEFA), les acquéreurs disposent de plusieurs options pour protéger leurs intérêts financiers et juridiques. La suspension du prêt, l’indemnisation par le promoteur ou encore l’annulation de la vente sont autant de solutions à considérer, selon la gravité du retard et la situation personnelle de l’acheteur. Chaque option nécessite une approche réfléchie et l’accompagnement d’un professionnel du droit immobilier pour être mise en œuvre efficacement.

Recommandations pour les acquéreurs.

  • Consulter un spécialiste : avant d’engager toute démarche, il est vivement conseillé de consulter un spécialiste en droit immobilier, et plus précisément en VEFA. Ce professionnel pourra évaluer globalement la situation et conseiller ses clients sur la meilleure stratégie à adopter en fonction de leurs objectifs propres : sortir de l’opération, être indemnisés, etc.
  • Documenter les pertes : il est crucial de garder une trace écrite de toutes les pertes financières subies en raison du retard de livraison. Cela inclut les intérêts d’emprunt payés, les pertes de revenus locatifs, les frais de déménagement supplémentaires, etc. Une documentation complète, précise et bien organisée est essentielle pour justifier toute demande d’indemnisation.
  • Anticiper les retards. Pour les futurs acquéreurs, il est conseillé dès la signature du contrat d’exiger qu’une clause de pénalités en cas de retard de livraison figure à l’acte notarié de VEFA. Bien que cela n’élimine pas le risque de retard, une telle clause peut offrir une certaine protection financière.
  • Rester informé et proactif : suivez attentivement l’évolution du chantier et maintenez une communication régulière avec le promoteur. Être informé permet de réagir rapidement aux premiers signes de retard et d’adapter votre stratégie en conséquence. Il est parfois nécessaire de prolonger la durée de disponibilité des fonds empruntés pour acheter par exemple. Il est également recommandé de s’assurer que les appels de fonds correspondent bien au stade réel de l’avancement du chantier. Des visites sur site sont souvent riches d’informations.
  • Évaluation des risques : avant de vous engager dans un projet VEFA, évaluez les risques potentiels et assurez-vous que vous êtes prêt à faire face à d’éventuels retards. Cela inclut la mise en place de réserves financières ou la réflexion sur le report de certains engagements financiers. Des acquéreurs âgés peuvent regretter d’avoir acheté en VEFA car, ne voyant pas la livraison arriver, ils craignent de transmettre à leurs ayants-droit une opération immobilière inachevée dont ils ne connaissent pas les tenants et aboutissants.

En résumé, bien que le retard de livraison en VEFA soit une situation stressante, les acquéreurs disposent de plusieurs outils pour en atténuer les conséquences. La clé réside dans une préparation minutieuse, la consultation d’experts et une documentation rigoureuse de toutes les étapes du processus. En adoptant une approche proactive et bien informée, vous pourrez traverser cette période avec plus de sérénité et de sécurité financière.

Ganaëlle Soussens
Avocat au Barreau de Paris

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