Le « mur des cons » : le nouveau scandale politique !

Le « mur des cons » : le nouveau scandale politique !

Réginald Le Plénier
Rédaction du Village de la Justice

3375 lectures 1re Parution: 3 commentaires 4.5  /5

Explorer : # scandale politique # syndicat de la magistrature # diffamation # liberté d'expression

De nombreuses personnalités politiques et journalistiques ont été choquées, le 24 avril 2013, de découvrir, suite à la révélation de vidéos volées, qu’un « mur des cons » a été conçu, par le Syndicat de la magistrature « uniquement » à partir de photographies les représentant. Parmi les nombreux clichés, trônant « fièrement » sur l’immense tableau dans la salle principale du local syndical, figurent les portraits de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Nadine Morano, Jean Sarkozy mais aussi ceux de journalistes tels que David Pujadas, Etienne Mougeotte ou encore Eric Zemmour.

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Ce trombinoscope géant n’a pas manqué de faire réagir les intéressés. L’ancien ministre de l’éducation nationale Luc Ferry affirme que ce panneau est un « scandale absolu ». Nadine Morano s’est exprimée sur le réseau social qu’elle affectionne tant en déclarant que le « mur des cons » ne représente rien d’autre que « le déshonneur et le vrai visage du Syndicat de la magistrature ».

Des plaintes ont été déposées par de nombreuses personnes apparaissant sur cet « édifice ». L’ancien député UMP, Etienne Blanc, a lancé une action pour diffamation auprès du doyen des juges d’instruction en demandant que soit saisi « tous les documents qui pourraient caractériser une hostilité à son égard ».
Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de police Synergie-Officiers, et Robert Ménard ancien président de Reporters sans frontières, ont prévenu de leur intention de porter plainte pour « injures ».
Le Front National a également annoncé, le 26 avril 2013, avoir engagé une action pour « injure publique » à l’encontre du Syndicat de la magistrature pour l’apposition de la flamme, l’emblème du parti de Marine Le Pen, sur le « mur des cons ».

Il n’est toutefois pas dit que le juge répondra favorablement à leur demande dans la mesure où ce « mur » n’est pas public, critère essentiel pour caractériser une injure. La qualification d’injure non publique peut être retenue et est sanctionnée d’une contravention de 1ère classe de 38 euros. Cette qualification sera rendue possible si la durée de prescription (3 mois à partir de l’affichage) n’est pas écoulée.

Les tribunaux ne sont pas les seuls à avoir été sollicités suite à la découverte de cette « création » du Syndicat de la magistrature. Certains députés de l’UMP ont ainsi demandé à François Hollande et Christiane Taubira de quelle façon ils avaient l’intention de traiter cette nouvelle affaire.

La garde des Sceaux a répondu à l’Assemblée Nationale qu’il « est inadmissible que des personnes soient mises en cause individuellement » en précisant que les personnes désireuses de porter l’affaire devant les tribunaux ne subiraient aucune entrave. Exprimant sa « vive émotion » et sa « consternation », Christiane Taubira a tenu à préciser que « ces photos ne sauraient engager nullement la Chancellerie, s’agissant d’une organisation syndicale qui fait savoir très régulièrement son indépendance, ni même, la totalité des magistrats appartenant à cette organisation syndicale ».
Le lendemain de cette nouvelle polémique, la ministre de la Justice a ainsi annoncé avoir saisie le Conseil supérieur de la magistrature, l’instance de nomination et de sanction des magistrats, afin qu’il établisse s’il y a eu un manquement à la déontologie de la part du Syndicat de la magistrature suite à « cette pratique ».

Le Syndicat de la magistrature a rapidement répondu à l’annonce de cette saisie en se demandant à quelle pratique Christiane Taubira fait allusion. « Celle d’un journaliste qui filme en cachette l’intérieur d’un local syndical privé à l’insu de ses occupants ? ». Celle « d’un site en ligne, proche de la droite la plus dure, qui décide de diffuser ces images qu’il sait soustraites ? » s’interroge Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature, en faisant référence à l’Atlantico, le site qui a révélé l’affaire.

La CGT est venue apporter son soutien au Syndicat de la magistrature pour qui « l’action et la pensée syndicale ne peuvent être criminalisées en démocratie ». Il en est de même pour Jean-Luc Mélenchon, le coprésident du Parti de gauche qui a réagi à ce tollé politico-journalistique en rappelant qu’ « un local syndical, selon la convention internationale de travail, est un lieu privé et inviolable ».

Au contraire, le syndicat Magistrats Pour la Justice a très rapidement exprimé « sa consternation » face à une pratique qu’il qualifie « d’indigne du serment des magistrats ». Alexandra Onfray, présidente-fondatrice rappelle que le syndicat « défend la liberté de conviction des magistrats, leur droit de se syndiquer et d’exprimer leurs opinions dans le débat public sur tous les sujets qui intéressent la justice » mais que « ce droit n’est pas sans limite ».

Le 29 avril 2013, Clément Weill-Raynal, journaliste à France 3, a confirmé au Figaro les rumeurs qui lui attribuaient d’être l’auteur de la vidéo. Toutefois, il a précisé avoir « passé une copie du film à un magistrat » et ne « pas avoir envoyé le film à Atlantico ».

Réginald Le Plénier
Rédaction du Village de la Justice

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  • J’aime bien l’air indigné de certains d’entre nous... Comme si les vertueux que nous sommes n’avaient pas tous un « mur des cons » dans leurs fichiers informatiques… oh bien sur ce fichier est souvent codé : AAC « affaire à chier » , FF « fous furieux », Ψ ou encore pour certains de nos confrères les moins regardant à la déontologie, un dossier « pauvres », « encombrants » ou autre politesse pour décrire les personnes en situation de demander une aide juridictionnelle. Comme partout, l’essentiel est de ne pas se faire prendre !
    Il faut que chacun se place face à ses responsabilités et dire que le vrai problème n’est pas l’existence d’un mur des cons qui reste de l’ordre de la sphère privée, de la liberté d’expression et de la liberté syndicale, qui n’influe nullement sur le sérieux et le travail des magistrats, mais bien sa publication par des personnes mal intentionnées.

  • par Northo , Le 30 avril 2013 à 15:14

    Juste pour signaler quelques fautes : indépendance et non pas indépendant (propos de Christiane Taubira sur le syndicat) et Mélenchon au lieu de Mélanchon.

  • par Twiggy , Le 1er mai 2013 à 08:09

    N’oublions pas que sur le mur des cons il y a aussi deux pères dont les filles ont été violées et assassinées. Je les plains sincèrement et je comprends le dégoût qu’ils peuvent ressentir envers ces magistrats indignes de leur rang et apparemment plus soucieux de distiller leur venin que de rendre la justice. Personnellement, je trouve ça totalement abject et indécent de la part du SM et je m’interroge sur leur réaction si l’un d’eux, après avoir perdu un enfant dans des circonstances similaires, se retrouvait placardé sur un mur de cons. Mais peut-être, trouverait-il cela amusant au motif qu’il s’agit d’une simple "blague de potache". Comment avoir encore confiance dans la justice lorsqu’elle est rendue par des individus aussi cyniques et sectaires ?

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