Avocats et Juristes, où en sont-ils de leur souhait d'évolution de carrière ?

Avocats et Juristes, où en sont-ils de leur souhait d’évolution de carrière ?

Rédaction du Village de la Justice

Le Village de la Justice a mené l’enquête [1] auprès de 250 avocats et juristes pour étudier la dynamique de recherche d’évolution de carrière, sur un marché très tendu depuis septembre 2021 (nombreuses offres, peu de candidats).
Quelles sont les aspirations aux évolutions de carrière des juristes et avocats, qu’est-ce qui pourrait les motiver à relancer leur recherche au sortir de deux ans de Covid ?
Voici leurs réponses, notre analyse de celles-ci et le regard des experts.

-

Qui est prêt à changer de poste ?

Dans ce panel de lecteurs du Village de la justice, utilisateurs ou non de notre rubrique Emploi juridique, nous avons d’abord mesuré l’état d’esprit face aux évolutions de carrière.
Chiffres forts, 21 à 25% seulement des personnes interrogées sont en recherche active d’un nouvel emploi contre 30 à 40% qui n’envisagent pas du tout d’évoluer dans l’immédiat... Le marché est de fait assez figé, avec de nombreuses offres mais peu de candidats répondants ; d’ailleurs seulement 10% des recruteurs jugent "parvenir à trouver des profils adaptés" à leur besoin selon une autre enquête.


Ce sont surtout les juniors (moins de 3 ans d’expérience) qui sont en recherche (32% d’entre eux) ou au contraire "pas à l’écoute d’opportunités" (46%), alors que les seniors (plus de 5 ans d’expérience) sont davantage en veille (43%).

Si l’on distingue les avocats et les juristes sur la même question, la différence est majeure, les avocats semblent complètement bloqués sur l’idée d’évolution de collaboration :

Pour commenter notre étude et les réponses, nous avons choisi de compléter avec des recruteurs professionnels qui confronteront pour nous les résultats et leur constats quotidien :


Blandine Cordier-Palasse

Associée fondatrice cabinet de Chasse de tête BCP Partners


Ian De Bondt

Directeur Associé Fed Légal, cabinet de recrutement

Commentaire de Blandine Cordier Palasse : "C’est révélateur du marché, avec des candidats attentistes...
Les juristes sont très sollicités et ont souvent le choix entre plusieurs opportunités. On observe ceux qui ne veulent pas bouger et ceux qui ont
besoin ou envie de changer (difficultés de groupe, d’évolution...) et saisissent l’opportunité. Les missions doivent être réellement intéressantes pour
déclencher un mouvement, et il faut démontrer les perspectives
d’évolution.
Les avocats en cabinet sont à l’écoute d’une belle opportunité auprès d’un associé attractif. Mais le marché est très tendu et les cabinets promettent des perspectives d’évolution pour les retenir.
De manière générale, les candidats sont aussi vigilants à ne pas bouger trop souvent afin de ne pas apparaitre volages."

Commentaire de Ian De Bondt : "Le marché des avocats est effectivement beaucoup plus pénurique que celui des juristes en entreprise.
Une des raisons principales tient au fait que les cabinets ont très rapidement réagi financièrement et ont sensiblement augmenté le niveau de rétrocession de leurs collaborateurs, ainsi que leur bonus. L’effet rétention a joué à plein.
A contrario, certaines entreprises n’ont pas pris la mesure de la surchauffe existante et perdent leurs bons éléments par manque d’anticipation et de benchmark..."

Sont-ils satisfaits de leur poste actuel ?

Pour essayer d’en savoir plus sur la "météo de leur travail", nous avons demandé à notre panel leur état d’esprit actuel quant à leur satisfaction...

Notons que la situation est une peu différente entre avocats et juristes, avec un peu plus de contraste dans les avis chez les premiers :

Commentaire de Ian De Bondt : "Les insatisfaits sont nombreux chez les avocats. C’est un vrai mouvement que nous constatons d’une frange de la population des avocats, véritablement en rupture avec leur métier. Leur mobilité est difficile à gérer pour nous car elle avant tout basée sur un rejet et moins sur un projet."

Commentaire de Blandine Cordier Palasse : "Le constat que les avocats soient peu satisfaits n’est pas étonnant. La pression est forte et le malaise est profond dans la profession... Les rôles des avocats et des juristes est différent et de plus en plus d’avocats ont envie d’évoluer en entreprise. Le rôle des juristes a évolué de façon positive. Ils sont très impliqués auprès des opérationnels et sur le terrain, dans une vision plus globale et concrète et peuvent suivre les effets de leurs conseils et leur implication dans la durée."

Qu’est-ce qui pourrait déclencher un mouvement vers de nouvelles candidatures ?

Tournons-nous vers l’avenir... Qu’est-ce qui motive ou pourrait motiver les avocats et juristes à changer d’emploi ou de collaboration ? Le revenu arrive loin devant, suivi par des motivations liées aux perspectives d’évolutions :
(plusieurs réponses possibles)

Commentaire de Blandine Cordier Palasse : "’Les fonctions juridiques ne sont pas toujours bien valorisées dans l’entreprise par rapport à d’autres fonctions, alors que leur rôle est de plus en plus important. On observe une grande différence de rémunération des candidats, quels que soient les postes, selon les grilles générales de rémunérations du groupe mais aussi l’importance accordée à la direction juridique et a fortiori compliance et risques, que ce soient des groupes français, internationaux, anglo-saxons etc. Changer de groupe est donc un moyen de faire évoluer sa rémunération. Mais ce n’est pas le seul critère.
Chez les candidats, on constate aussi et surtout que leur envie d’avoir de nouvelles perspectives et d’évoluer en responsabilité motivent leur souhait de changer de groupe, la capacité à évoluer en interne dépendant aussi beaucoup de la culture et de la taille des groupes.
Les candidats avocats souhaitent savoir comment se projeter et se positionner dans l’équipe qu’ils rejoindraient en complémentarité et possibilité d’évolution. Les associés des cabinets doivent donc structurer leurs équipes et préparer l’avenir, en fonction des types de clientèles et de l’évolution de leurs problématiques à adresser.
On constate aussi le besoin de reconnaissance, qui est lié au malaise actuel de certains. Si c’était davantage le cas... il y aurait moins de mouvements !"

Que recherchent-ils dans leur prochain poste ?

Quelles sont les paramètres du "Job idéal" pour nos professionnels du droit ? [2] Plutôt des sujets d’environnement de travail direct et d’équipe, avant des valeurs plus "Corporate" ou globales :

Commentaire de Blandine Cordier Palasse : "Indépendamment de la rémunération, la motivation principale est l’intérêt du poste, les responsabilités et les moyens donnés pour les assumer, les perspectives d’évolutions., La motivation dépend aussi beaucoup des candidats, du sens qu’ils veulent donner à leur vie, des étapes de leur carrière, de plus en plus d’un équilibre vie professionnelle / vie personnelle et familiale et ils le disent clairement."

Commentaire de Ian De Bondt : "Les motivations à chercher un nouvel emploi sont multiples et c’est aussi ce qui rend les explications générales inadéquates.
Chaque individu a sa propre quête de sens, chacun met le curseur de son équilibre à un niveau propre et enfin chacun envisage la juste rémunération qui lui convient. Selon votre étude, ce dernier élément est un levier pour changer de poste pour 62% des personnes interrogées. Mais vu autrement il est intéressant de constater que pour 38% des gens qui cherchent un emploi, l’aspect financier n’est pas un levier..."

Comment pensent-ils que l’on cherche un nouveau poste en 2022 ?

Enfin, nous avons demandé à notre panel quels étaient selon eux les moyens qu’ils privilégient ou privilégieraient pour trouver un emploi en 2022 (avis qu’il est intéressant de comparer avec l’avis des recruteurs, un peu différent... Il y a un rapprochement à opérer !)

Commentaire de Ian De Bondt : "Les canaux de recherche sont assez inchangés depuis 10 ans. Passer par son réseau est une première étape incontournable. Pour le reste, nous remarquons une certaine passivité des candidats qui attendent notamment que la bonne offre leur soit présentée. Le marché va dans leur sens, ils en profitent. Il se retournera un jour et vous verrez alors les candidatures actives revenir au goût du jour…"

Commentaire de Blandine Cordier Palasse : "Les réponses sont assez conformes à ce que je constate, même si
je pensais que les réseaux sociaux seraient plus mis en avant. Mais aujourd’hui où le marché est tendu, le fait de passer par un cabinet de recrutement aide à choisir la bonne opportunité et à assurer l’adéquation entre le besoin du cabinet ou de l’entreprise et le profil et le potentiel du candidat."

© graphes Village de la Justice.

Rédaction du Village de la Justice

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

9 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Notes de l'article:

[1Enquête menée par internet en janvier-février 2022.

[2Lire aussi à ce sujet notre précédente enquête "Les critères de l’emploi de leur rêves".

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27877 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs