IA génératives et métiers du Droit : des constats convergents.

IA génératives et métiers du Droit : des constats convergents.

Rédaction du Village de la Justice

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Explorer : # ia générative # professions juridiques # transformation numérique # éthique et confidentialité

Ce que vous allez lire ici :

Les enquêtes réalisées depuis 2023 montrent un intérêt croissant des professionnels du Droit pour les IA génératives. Les professionnels du Droit voient dans les IA génératives des avantages tels que la recherche d'informations, l'aide à la rédaction, et la facilité pour générer des résumés. Mais des inquiétudes éthiques et des besoins de formation persistent. La transparence et la gestion des risques sont primordiales pour leur adoption.
Description rédigée par l'IA du Village

ChatGPT et autres intelligences artificielles génératives (GenIA) ont ouvert de nouvelles perspectives pour tous les métiers du Droit. Plusieurs enquêtes et sondages ont été réalisés depuis 2023, pour mesurer le ressenti des acteurs de l’écosystème juridique vis-à-vis des IA génératives, explorer les bénéfices attendus, les risques identifiés, etc.

Générant autant de curiosité que d’inquiétudes, ces outils étaient clairement perçus comme très fortement susceptibles de modifier, peu ou prou, la manière dont chacun de nous exerce ses activités. Les enquête de 2024 et 2025 le confirment.

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Des enquêtes sur les IAG et les professions du Droit.

Plusieurs enquêtes et sondages sur l’utilisation des IA génératives par les métiers du Droit ont été réalisées depuis le "buzz" autour de ChatGPT, puis l’adoption rapide de l’IA générative avec ses multiples offres.

En 2023 :

En 2024 :

En 2025 :

À lire aussi : Une étude intéressante sur la valeur de l’IA perçue par les avocats. L’étude proposée en juin 2024 par le cabinet Ashurst présente les résultats de l’utilisation de l’IA générative au sein de ce cabinet international. Un rapport intéressant, par ses enseignements en termes de perception et de résultats d’un usage approfondi par les avocats.

Ces enquêtes ne posent pas toutes les mêmes interrogations, avec la même granularité. La prise en considération de l’évolution de la maturité des utilisateurs sur les IAG génère également, sans surprise, des différences substantielles dans les questions posées entre 2023 et 2025. Les constats convergent néanmoins ; voyons ce qu’il en est.

Phase 1 : une curiosité des professionnels du Droit pour les GenIA (en 2023).

Deux séries de données ont attesté, dès 2023, de la curiosité des professions du Droit vis-à-vis des IA génératives.

Sur la connaissance des GenIA :

  • 100% des répondants à l’enquête du Village de la Justice connaissaient ChatGPT ;
  • 92% des répondants à l’enquête de LexisNexis disaient connaître l’IA générative.

Sur le test des GenIA :

  • près de 90% des répondants à l’enquête de l’ELTA/Lefebvre Sarrut avaient déjà testé une IA générative ;
  • 75% des répondants à l’enquête du Village de la Justice avaient déjà testé ChatGPT ;
  • 49% des répondants à l’enquête de LexisNexis utilisaient ou prévoyaient d’utiliser l’IA générative dans leur travail ;
  • ...et 73% des répondants à l’enquête de Wolters Kluwer prévoyaient d’intégrer l’IA dans leur travail dans les prochains mois.

Phase 2 : La GenIA [1], un impact évident sur le travail des professionnels du Droit, reconnu à partir de 2024.

Une perception forte des changements à venir.

Les quatre enquêtes menées en 2023 faisaient état du ressenti des professionnels du Droit sur la modification très probable de leur façon de travailler.

Selon l’enquête LexisNexis :

  • plus de la moitié des professionnels du Droit interrogés pensaient que les outils d’IA générative transformeraient significativement la pratique du droit (54% d’impact « significatif » ou « fondamental ») ;
  • seuls 6% estimaient qu’ils n’auraient pas d’impact ou un impact faible ;
  • 77% des répondants pensaient que les outils d’IA générative augmenteraient l’efficacité des professionnels du Droit.

Selon l’enquête de l’ELTA/Lefebvre Sarrut :

  • plus de 90% des répondants estimaient que l’usage est IA générative est utile dans leur travail (“very helpful“ ou “somewhat helpful“) ;
  • 62% pensaient que l’IA générative avait déjà un impact sur la profession juridique ;
  • 23% s’attendaient à ce qu’elle ait un impact sur la profession juridique dans 2 à 3 ans. Plus précisément, 77% d’entre eux estimaient qu’elle les aidera de manière significative et 14% craignaient qu’elle menace certaines parties de leur travail.

Des tendances similaires se retrouvaient dans l’enquête Village de la Justice :

  • très majoritairement (67%), les répondants pensaient que les GenIA vont modifier leur façon de travail « dans un futur proche » ;
  • seuls 4% estimaient que les IA génératives n’auraient pas d’impact sur leur façon de travailler ;
  • tous métiers confondus, seuls 11,5 % du panel estimaient que leurs tâches ne peuvent pas être (du tout) effectuées par une IA générative. Une majorité des répondants du panel (54,5 %) évaluait la proportion de leurs tâches réalisables par GenIA dans une fourchette située entre 0 et 25 %.

Dans l’enquête Wolters Kluwer, les répondants les plus susceptibles d’intégrer l’IA générative dans leur travail juridique dans le courant 2024, prévoient de l’utiliser pour réviser et analyser des documents juridiques, exécuter des tâches de base et passer des données électroniques au crible (bas de données, documentation, veille...).

Toujours selon l’enquête Wolters Kluwer, 73% des participants estimaient devoir intégrer l’IA générative dans leur travail juridique en 2024.

L’enquête menée par PwC auprès des directions juridiques en juillet 2024 confirme le pressentiment général. L’IA générative est devenue un sujet incontournable : 83% des entreprises interrogées ont lancé ou envisagent de lancer des projets d’IA générative... et dans l’enquête 2025 de PwC, 71% des répondants disent utiliser l’IA générative dans les recherches juridiques, et au moins une fois par semaine pour 50% des répondants. L’idéation (la recherche d’idée ou de périmètre de recherche) est le premier usage.

Utilisatrices ou bénéficiaires de l’IA générative pour leurs propres activités ou celles de leurs parties prenantes, l’enquête montre que directions juridiques jouent « un rôle stratégique dans son intégration et son utilisation responsable » : 64% des directions juridiques sont impliquées dans les projets d’IA générative de leur entreprise.

Avantages des IA génératives pour les métiers du Droit.

Les différentes enquêtes réalisées se sont penchées sur les perspectives d’utilisation et les avantages que les professionnels du Droit voyaient dans l’utilisation des IA génératives.

Selon l’enquête de LexisNexis de 2023, la recherche d’informations était le principal cas d’utilisation (69%) parmi celles et ceux qui avaient utilisé l’IA générative à des fins juridiques.
L’IA générative était également populaire comme outil d’aide à la rédaction :

  • plus de la moitié des professionnels du droit l’utilisant pour rédiger des documents (54%) ;
  • un tiers pour rédiger des e-mails (32%).

L’enquête de l’ELTA/Lefebvre Sarrut mettait quant à elle en évidence que la majorité des répondants avaient utilisé les IA génératives :

  • d’abord par curiosité (29%), puis pour produire des textes non-juridiques (25%) ou des résumés (14%) ;
  • pour l’avenir, les attentes des professionnels du Droit concernaient la rédaction de documents (34%), la recherche juridique (26%) et la préparation de résumés et de synthèse (17%).

Selon l’enquête du Village de la Justice :

  • la réalisation de tâches considérées comme étant « à faible valeur ajoutée » arrivait en tête (78%) ;
  • juste devant la facilité pour générer des résumés (68%) et le gain de temps pour créer des contenus de tout type (67%) ;
  • puis la traduction (57%) et l’inspiration (56%).

L’enquête de PwC de juillet 2024 dévoile que 48% des directions juridiques utilisent déjà l’IA générative dans leur travail quotidien, pour différentes tâches :

  • recherche et veille juridique ;
  • traduction et communication ;
  • rédaction et analyse juridique (principalement via les solutions de CLM) ;
  • gestion de projets.

Sur le "fond", les opérations les plus touchées par l’IA générative sont :

  • le Contract Management (88%) ;
  • la due diligence (76%) ;
  • la compliance/conformité (56%) ;
  • le contentieux (49%) ;
  • la formation (42%), le knowledge management (41%) et la veille juridique (39%).
    Les sujets corporate, gestion des conseils externes, PI, assurance, reporting, budget, recrutement, etc. arrivent plus loin dans le classement.

Cette étude confirme également les enjeux pour les juristes d’entreprise en ce qui concerne :

  • la réalisation les processus répétitifs ;
  • l’allègement la charge de travail des juristes sur les aspects administratifs ;
  • la stimulation de l’innovation et de la créativité, avec des défis pour la protection et le partage des connaissances ;
  • le meilleur accès aux connaissances juridiques, avec un risque de perte de maîtrise et de qualité du raisonnement juridique (hallucinations / esprit critique) ;
  • l’opportunité de standardisation des pratiques juridiques.

L’enquête de PwC de février 2025 montre que les juristes anticipent une utilisation plus extensive de l’IA générative en 2025 : 90% de ceux qui n’utilisent pas l’IA générative (au moment de l’enquête) pour la recherche et la pratique contractuelle estiment vouloir l’utiliser à terme ("à terme" est évalué à l’horizon 1 an pour 63% d’entre eux).

On peut donc conclure que l’intégration majoritaire de l’IA dans les usages courants n’est pas une une potentialité, mais une réalité. L’étape suivante sera probablement une utilisation plus fréquente, certainement quotidienne, avec la généralisation d’outils IA dans les solutions des éditeurs de logiciels.

À noter : Une nouveauté ressort de l’enquête 2024 PwC auprès des directions juridiques, à propos des « tâches d’une certaine valeur ajoutée », avec un « potentiel disruptif significatif » : la « gestion des données et des connaissances » et le « capital humain » sont perçus comme les piliers les plus impactés, avec une note moyenne attribuée respectivement de 7,4/10 et 6,8/10 par les répondants.

Est aussi nouvellement identifiée, de manière positive, la possibilité de renforcer, grâce aux IAG, la capacité à parler le langage opérationnel et à démontrer la valeur ajoutée financière de la DJ. De quoi renforcer sa position et accroître sa visibilité au sein de l’organisation.

Des risques et des inquiétudes éthiques manifestes.

Selon l’enquête du Village de la Justice, tous métiers confondus :

  • le premier risque identifié était celui de la confidentialité des données des entreprises (79%) ;
  • suivi de très près par la désinformation (76%) et la perte de savoir-faire/capacité à réfléchir (76%) ;
  • puis la propriété intellectuelle, la propagation des stéréotypes et discriminations, l’augmentation des fraudes et le chômage (28%).

Cette classification des risques concordait assez bien avec les résultats de l’enquête de l’ELTA/Lefebvre Sarrut. Les principales préoccupations concernant l’IA générative se concentraient sur la confidentialité des données (data privacy), les biais algorithmiques et les questions d’éthique et de moralité.
Étonnamment, la responsabilité et la violation de la propriété intellectuelle n’arrivaient qu’en 4e et 7e position sur 9. De même, les « défis réglementaires » se classaient en 8e position dans la liste des préoccupations.

L’enquête LexisNexis mettait quant à elle en évidence le fait qu’une majorité de professionnels du droit voyaient du potentiel dans l’IA générative dans le développement de la pratique du droit (70% ressentent un impact positif ou mixte). Cependant, de nombreuses personnes se disaient préoccupées par les implications éthiques de l’IA générative sur la pratique du droit (85%).

Les enjeux éthiques liés à l’utilisation des IAG n’ont pas été mis de côté en pratique. L’enquête PwC montre en effet que 48% des entreprises interrogées ont déjà déployé une réflexion sur l’IA responsable.

Le pilotage des projets est souvent partagé entre les départements informatiques (IT), les équipes juridiques et d’autres entités (comités d’éthique, équipes de gouvernance des données, etc.).

Cela étant, il existe des disparités de maturité des entreprises dans l’encadrement de l’utilisation de l’IAG et l’intégration de principes éthiques dans les processus opérationnels :

  • encadrement de l’usage l’IA générative : 54% des DJ déclarent avoir d’ores et déjà mis en place des politiques ou directives pour encadrer l’utilisation de l’IA générative ;
  • élaboration en cours de politiques sur l’usage de l’IA générative : 9% des DJ sont en phase de conception d’une politique ou d’une charte encadrant l’utilisation de l’IA générative ;
  • absence d’encadrement de l’usage de l’IA générative : 37% des DJ n’ont pas encore instauré de cadre spécifique régissant l’utilisation de l’intelligence artificielle, souvent en raison d’un déficit de ressources ou d’une expertise insuffisante au sein de ces entités.

À lire : Faut-il se lancer dans la rédaction d’une charte IA en entreprise ? Entretien avec Bertrand Cassar.

Des freins persistants à l’utilisation.

L’enquête Wolters Kluwer de 2023 faisait remonter plusieurs freins dans l’adoption de la technologie juridique (pas seulement l’IA) :

  • 44% étaient d’ordre organisationnels ;
  • 36%, liés à des connaissances/compréhension/compétences limitées ;
  • 10%, d’ordre financier.

L’enquête de PwC auprès des directions juridiques confirme ces tendances en juillet 2024, s’agissant des IAG.
Outre la question des compétences (voir infra, un besoin avéré de formation), l’étude révèle un emploi hétérogène de IA générative au sein des directions juridiques : 52% des directions juridiques déclarent ne pas utiliser l’IA générative.

Cela s’explique par plusieurs raisons, parmi lesquelles :

  • la complexité de l’utilisation et de l’accessibilité : les DJ trouvent parfois l’utilisation de l’IA générative complexe et peu intuitive, ce qui peut entraîner une perte de temps et une sensation de désorientation ;
  • des questions de sécurité et de confiance : les réticences, en particulier à l’égard des outils tels que ChatGPT, sont principalement motivées par des questions éthiques, de confidentialité et de sécurité, notamment la peur de la fraude et de l’usage inapproprié.

Un besoin de formation avéré.

En 2023, l’enquête du Village de la Justice mettait clairement en évidence le besoin de formation des professionnels du droit sur les IAG.
En effet, tous métiers confondus :

  • 79% des répondants estimaient qu’il allait falloir obligatoirement, à l’avenir, apprendre à travailler avec les solutions de type ChatGPT ;
  • 85% des répondants avaient émis le souhait d’apprendre à (mieux) travailler avec les IA génératives.

L’enquête de PwC de juillet 2024 auprès des directions juridiques démontre que la formation continue est un levier essentiel pour accompagner les juristes.
Selon l’étude, la maîtrise de l’IA va même devenir un standard dans le panel de compétences attendues d’un juriste, avec l’acquisition de nouvelles compétences, notamment en matière de prompt engineering et le développement accru d’autres "skills" (communication, esprit critique, négociation, analyse de risque, aptitude à prendre des décisions, etc.).

Dans ce cadre, l’étude met également en avant un enjeu de carrière et d’employabilité :

  • d’un part, avec la création de nouvelles opportunités de carrière, telles que des rôles de Data Analyst de Digital Paralegal ou de Legal Operations, qui vont devenir des profils de plus en plus recherchés ;
  • d’autre part, sur l’attractivité des postes et la motivation des collaborateurs, notamment par l’allègement de la charge de travail grâce à l’automatisation des tâches répétitives et "à faible valeur ajoutée".

Un besoin confirmé de transparence.

Près d’un répondant sur deux à l’enquête de l’ELTA/Lefebvre Sarrut n’était, en 2023, pas sûr de faire confiance à l’IA générative ou ne lui faisait pas confiance.
La transparence sur la manière dont le système est construit et dont il fonctionne, ainsi que la connaissance et le test des données d’entraînement étaient nettement identifiés comme les deux principaux leviers d’amélioration de la confiance.

Outre la transparence des systèmes eux-mêmes, les attentes portent sur les utilisateurs. Spécifiquement, dans l’enquête du Village de la Justice, le panel était interrogé sur le point de savoir s’il fallait « informer les "consommateurs" et imposer la transparence avec une mention du type "contenu en partie généré par intelligence artificielle ?  ». La réponse était sans appel, avec 91% de « oui ».

Une majorité des répondants à l’enquête de LexisNexis s’attendait à ce que les conseils (avocats et notaires) utilisent des outils d’IA générative et communiquent sur leur utilisation. Le segment Entreprise avait des attentes beaucoup plus élevées et s’attend davantage à être informé de l’usage de l’IA par leurs conseils.

L’enquête de PwC confirme ce besoin de transparence. Les attentes des DJ vis-à-vis des avocats sont multiples (notamment en termes de réduction des honoraires).
Retenons ici que 36 % des répondants souhaitent être informées explicitement lorsque l’IA générative est utilisée, allant jusqu’à intégrer des clauses contractuelles qui obligent les cabinets à révéler l’utilisation de telles technologies.

À lire aussi : Intelligence artificielle et IA génératives : un nouveau business pour les avocats ?

Rédaction du Village de la Justice

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[1IA générative.

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