Que vous soyez en quête d’évolution de carrière ou de clients, vous passez sans doute du temps à "gérer votre image" sur le web...
1. Le “personal branding” est une tendance omniprésente dans le tissu médiatique. Elle entre en résonance avec la notion de « recrutement 2.0 », c’est-à-dire un mode de recrutement basé sur autre chose que l’habituel CV : votre image sur le web et les réseaux sociaux, le lien direct entre vos expertises et les recruteurs. Ce “concept” vous promet plus d’authenticité.
2. Mais si vous n’êtes pas en recherche d’évolution de carrière (mais quitte-t-on réellement un jour ce statut ?), “on” vous dit aussi d’installer votre présence numérique (l’"e-réputation") pour développer votre clientèle. Publier, participer, échanger, être sur la première page de Google... tout cela vous sauverait, ou à tout le moins vous aiderait à vous différencier donc à conquérir de nouveaux clients.
Tout cela est sans doute vrai, et nous ne renierons pas ici ces appels à “exister en 2.0”.
Mais ne tombez pas dans le piège sous-jacent, l’uniformisation ! La fonction a priori cosmétique et superficielle du “personal branding” consistant à travailler sa visibilité online peut en effet - puisque les mêmes conseils s’appliquent à tous - vous amener à apparaître... comme tout le monde.
Oui, tous les candidats utilisent de proches ficelles pour présenter leurs CV et les placer sur un blog et les réseaux sociaux ; oui tous les avocats sont appelés à commenter à chaud l’actualité juridique, mais la même pour tous et avec une précipitation qui souvent n’entraîne que redites.
Tout cela mène nécessairement (ou amènera une fois la technique généralisée) à des profils lisses, des réputations qui n’en sont pas et ressembleraient plutôt à une longue litanie des mêmes informations, répliquées à l’infini sur douze réseaux sociaux et huit sites internet.
Mais que faire ?
N’entrez pas dans une sorte d’aliénation, une identification progressive à cette image virtuelle et travaillée que vous imaginez être votre meilleur ambassadeur, mais “soyez vous-même” au contraire et utilisez les spécificités des outils pour renforcer vos différences et particularités.
Chaque outil dit “web 2.0” a ses spécificités, utilisez-les ! Et si vous avez préalablement bien défini qui vous êtes et vers quoi vous voulez aller, vous trouverez dans chaque outil un moyen d’expression plus adapté à telle ou telle “partie de vous”. Jekyll et Hyde n’auraient pas utilisé les mêmes réseaux ni la même mise en scène !
Un exemple ?
Essayons.
Justine est avocate, 3 ans d’expérience, spécialiste en droit social. Maintenant elle veut quitter son cabinet, évoluer.
Alors elle publie son CV, en reste à tout ce qui peu paraître “pro & attractif” (diplômes, stages, premières expériences, elle a le permis et habite à Paris).
Ensuite elle crée un profil Twitter, Facebook, Viadeo etc, et les inonde de courtes infos - elle veut toucher la terre entière. Une avocate connectée, pro et dynamique.
Justine ne comprend pas pourquoi elle n’a pas d’appels d’employeurs.
Est-elle originale ? En fait elle fait la même chose que 50% de sa promotion (chance pour elle, 50% n’ont pas encore tout compris sur le sujet), et lutte avec les promotions d’avant.
Ne démoralisons pas Justine, mais posons lui une question : Qui es-tu Justine ? Quelle image distinctive donnes-tu, quelle promesse de développement du cabinet promets-tu à ton futur associé-employeur ?
Tenez, Justine a aussi un diplôme de droit de la santé ("secteur bouché" lui a t-on dit). Elle sait - mais n’ose pas l’indiquer pour ne pas paraître “floue” - faire le lien entre ses deux matières de prédilection.
Tenez, Justine vient en fait de Lyon et connaît de nombreux juristes en entreprises, camarades de promo.Justine a donc plusieurs facettes, aime en réalité être à cheval sur deux villes, l’une racine et l’autre de cœur, a déjà son réseau en entreprise, est capable d’aborder certaines questions du droit social sous un angle pluridisciplinaire, sachant comme peu d’entre nous faire la synthèse entre un rapport d’expertise médicale et un article du code du travail.
Justine pourrait imaginer sa “réputation” sur différents supports et adapter son message à chacun. Au fond elle doit être dans les réseaux de Paris ET Lyon, parler droit social sur son blog en faisant intervenir un médecin, twitter des commentaires mêlant plusieurs disciplines, participer à des conférences réunissant des syndicats et les organismes de la santé publique, être en relation sur Viadéo avec des experts médicaux ET des DRH, participer à des blogs de toute nature sur ces deux domaines, etc.
Les “traces” qu’elle laisserait sur le web seraient multiples, diversifiées, tout sauf lisses.
Justine est en fait unique. Son profil sur internet devrait donc l’être aussi, sans qu’elle ait peur d’effrayer (car en plus s’il est métier ou les personnages ne sont pas lisses, c’est bien le métier d’avocat...).
Et vous, votre profil web, comment est-il ?