La loi « famille » : avancée juridique ou avancée sémantique !

Par Jennifer Smadja, Avocat.

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Explorer : # autorité parentale # résidence de l'enfant # médiation familiale # sanctions pécuniaires

Une proposition de loi sur la famille est examinée par les députés depuis le 19 mai. Les propositions s’inscrivent dans une volonté d’évolution et d’apaisement nécessaire au regard du nombre croissant de séparations et de conflits autour des enfants.

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Ce que nous dit la proposition :

1) Autorité parentale

Le principe de l’exercice conjoint de l’autorité parentale est réaffirmé. Une meilleure information sur les droits et devoirs des parents est prévue. A cet égard, tout acte de l’autorité parentale important, devra requérir l’accord exprès de chacun des parents.
La notion d’acte important est alors définit comme « « qui rompt avec le passé et engage l’avenir de l’enfant ou qui touche à ses droits fondamentaux ». Ces actes ne sont pas listés mais des exemples sont donnés tel : le changement de résidence ou le changement d’école.
La nouveauté de la proposition tient surtout à ce qu’elle prévoit des sanctions pécuniaires en cas de non-respect ou d’empêchement d’exercice de l’autorité parentale.

2) Résidence de l’enfant

La proposition de loi suggère de remplacer « la résidence habituelle » par un principe de double résidence : la résidence de l’enfant sera fixée au domicile de chacun des parents, selon des modalités de fréquence et de durée déterminées d’un commun accord entre les parents ou, à défaut, par le juge. La notion de "droit d’hébergement" disparaît, on parlerait de « temps d’accueil »

3) La médiation

Le recours à la médiation pourrait intervenir en cas de difficultés dans l’exercice conjoint de l’autorité parentale. Le juge obligerait les parents à recourir à la médiation pour régler leurs différends.

Ce qu’il faut en penser :

Si les intentions de la proposition de loi « famille » sont tout à fait louables, on peut s’interroger sur la mise en pratique, notamment sur la résidence de l’enfant. Il est en effet à craindre que les changements ne soient que sémantiques, un temps d’accueil inégalitaire entre les domiciles des parents reviendrait inévitablement à la ré-instauration d’une résidence habituelle.
Quant à l’autorité parentale conjointe, il est fort à parier que les parents dans le conflit se battront autour de la notion « d’actes importants », car être parent équivaut pour beaucoup à la prise de décisions du quotidien.

Maître Jennifer Smadja
KBS AVOCATS
http://www.jsmadja-avocat.com/

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