Sélection Liberalis spécial Jour ferié : Nadia Léger, une femme d'avant-garde au Musée Maillol.

Sélection Liberalis spécial Jour ferié : Nadia Léger, une femme d’avant-garde au Musée Maillol.

Par la Rédaction de Liberalis. 

1re Parution: 5  /5

Cette rétrospective inédite au Musée Maillol à Paris, coproduite avec l’agence Tempora, dévoile à travers plus de 150 œuvres la longue et riche carrière de Nadia Khodossievtich-Léger, artiste prolifique mais méconnue, résistante, éditrice de revue, collaboratrice de son époux Fernand Léger, bâtisseuse de musées et fervente militante communiste.

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(Découvrir / Exposition) : Nadia Léger. Une femme d’avant-garde au Musée Maillol.

Son œuvre célèbre avec intensité le monde ouvrier, comme par exemple avec la peinture « Les Constructeurs », où l’on retrouve le traitement géométrique des structures industrielles et les contrastes marqués chers à Fernand Léger. Par son style, Nadia Khodossievtich-Léger affirme un réalisme socialiste authentique, inspiré des iconiques images de la propagande soviétique ; ses toiles peuplées de mineurs ou de baigneuses musclées affichant leur fierté, rendent un hommage puissant au prolétariat.

Nadia voit le jour en 1904 près de Minsk, en Biélorussie. Son enfance est marquée par les bouleversements historiques de son pays, de la chute du tsar à la Révolution d’Octobre 1917. Encouragée par sa famille d’origine paysanne et passionnée de dessin, elle intègre l’Académie de Below durant son adolescence, puis poursuit sa formation à Smolensk à partir de 1920 pour affiner son talent. En Union soviétique naissante, elle fréquente les cercles de l’avant-garde artistique, où se développent le futurisme, le cubisme, le constructivisme, et surtout le suprématisme de Kazimir Malevitch, célèbre auteur du Carré noir sur fond blanc.

Les Constructeurs, Nadia Khodossievtich-Léger, 1953 © Musée Maillol, photo JLRF

Nadia découvre en 1921, dans les pages de L’Esprit nouveau, la revue fondée par Le Corbusier, des reproductions d’œuvres d’un artiste, le français Fernand Léger. Déterminée à suivre son enseignement, elle se fixe pour ambition de rejoindre Paris, après un passage de quatre ans aux Beaux-Arts de Varsovie.
En 1925, installée à Paris et après sa visite à l’Exposition internationale des Arts décoratifs, la jeune femme réalise enfin son rêve : elle s’inscrit à l’Académie moderne, créée par Fernand Léger et Amédée Ozenfant. Nadia se plonge dans leur esthétique « puriste » et adopte les principes de ce style. L’influence de Léger ne se limite pas à son travail artistique, puisqu’elle entame avec lui une relation amoureuse.

En plus de leur passion pour la peinture, Nadia et Fernand partagent un fort engagement politique marqué à gauche. Nadia exerce même une influence notable sur Fernand, elle rejoint le Parti communiste français dès 1933, soit douze ans avant lui. Elle participe ensuite activement aux grands mouvements de l’époque, de la campagne en faveur du Front populaire en 1936 à la Résistance, alors que Fernand Léger est exilé aux États-Unis. Après la Libération, Nadia se consacre à la promotion de la culture soviétique et contribue au rapatriement des prisonniers de guerre. Durant cette période, elle rencontre Picasso, se lie d’amitié avec Louis Aragon et Elsa Triolet, et réalise de grands portraits de figures marxistes destinés aux rassemblements du Parti communiste français.

Grâce au bel héritage que lui lègue Fernand, à sa mort en 1955, Nadia dirige avec Georges Bauquier, qui deviendra son second époux, la construction d’un musée Fernand Léger à Biot (Alpes-Maritime). Elle fait don à l’État français d’un ensemble de 348 œuvres du peintre en 1967 et deux ans plus tard, par décision d’André Malraux, le musée Fernand Léger, devient musée national.

Staline et la pionnière, Nadia Khodossievtich-Léger, 1953 © Musée Maillol, photo JLRF

Artiste avant tout, son œuvre picturale n’a cessé d’évoluer au contact des avant-gardes de son temps, en tension constante entre abstraction et figuration. Du cubisme au suprématisme, du suprématisme au réalisme et un retour au suprématisme, sa production témoigne d’une capacité à se réinventer, illustrée par une signature changeant au gré des étapes de sa vie créatrice.

Virtuellement disparue de la mémoire collective, peut-être parce que c’était une femme, qu’elle était communiste, qu’elle était dans l’ombre de son mari, peut-être un peu de tout cela, celle qui a fait partie de ceux, que l’on a appelé les milliardaires rouges à son époque, méritait bien d’être ressuscitée. 

Cette exposition entend ainsi lui assurer la place qu’elle mérite dans l’histoire de l’art moderne, en ancrant son œuvre dans l’histoire politique, culturelle et de « mentalités » de son temps.

Nadia Khodossievtich-Léger, autoportrait, 1939 © Musée Maillol, photo JLRF

Nadia Léger. Une femme d’avant-garde, jusqu’au 23 mars 2025
Musée Maillol, 59-61 Rue de Grenelle, Paris 7, ligne 12, station Rue du Bac.
Informations : https://museemaillol.com

Photo en logo : Nadia Khodossievtich-Léger © Musée Maillol, photo JLRF

Par la Rédaction de Liberalis. 

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