« J’ai viré mon employeur ».

Par Théodore Dalb, Juriste.

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Explorer : # démission # relations de travail # risques juridiques # gestion des talents

Bien heureux l’employé qui n’a pas à justifier des raisons de son départ. Enfin presque.

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Le droit commun dans de nombreux pays est de pouvoir se libérer de ses obligations professionnelles moyennant un préavis de rupture du contrat. À ce prix, nul n’est besoin en général de justifier d’une raison, valable ou non n’est pas là la question, de vouloir prendre le large. Ça, c’est le droit.

En pratique, la question est un peu différente. Il y aura l’employeur qui veut savoir ce qui se passe ou ce qui a pu se passer. Cela pose deux questions différentes :

1. Mon employé a-t’ il des intentions procédurales (pénales, prud’homales) ? (mon employé est-il un risque juridique pour mon entreprise ?) ; ou
2. Ai-je failli en ma qualité d’employeur à voir dans mon employé un talent en manque de reconnaissance et qui s’en va déçu ? (suis-je comme employeur un risque managérial pour mon entreprise ?)

Comment répondre à cette question ? Avant d’y répondre, il faudrait déjà connaître la question implicite que se pose l’employeur. Pour l’employé démissionnaire déçu par son employeur qui ne lui a pas assez donné sa chance l’exercice peut être périlleux. Il risquerait d’émettre une critique mal reçue par son employeur parce qu’elle touche à sa fonction d’employeur et à son projet d’entreprise. Un projet qui aura demandé beaucoup d’efforts sans doute. Une critique qui peut s’avérer non-nécessaire puisque la décision de partir est une décision réfléchie et irréversible – la déception ne se transformera pas en satisfaction d’avoir été révélée.

Quant à l’hypothèse du salarié qui aurait des projets de « revanche » juridique, mieux vaut ne pas abattre ses cartes et garder l’effet de surprise.

Malheureux l’employeur qui reste ainsi planté là avec ses doutes. Pourtant tout cela est fait pour la paix des relations de travail.

Dans le cas d’une relation qui se passerait au plus mal, il n’est pas rare de voir la loi quel que soit le pays prévoir que l’employé peut se retirer, tout simplement. Il lui faudra des raisons valables qu’il peut prouver afin de ne pas se retrouver dans une situation où l’employeur se retournerait contre son employé ou alors ferait savoir les bonnes manières de son ex-employé dans son réseau. Oui mais alors attention pour l’employeur à se garder de toute diffamation (tout comme d’ailleurs dans le cas où l’employé s’en va à l’issue de son préavis sans avoir été très loquace sur les raisons de son départ qu’il aura justifié comme « mûrement réfléchi »).

Bref, démissionner de son emploi peut revêtir des situations factuelles très diverses, qui n’ont en général qu’un traitement juridique unique : la rupture unilatéral du contrat de travail à l’initiative de l’employé. Là où la loi ne distingue pas, l’être humain devrait se garder de poser trop de questions.

Théodore Dalb, Juriste

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