La nullité du contrat de construction de maison individuelle. Par Antri Bouzar, Avocat.

La nullité du contrat de construction de maison individuelle.

Par Antri Bouzar, Avocat.

2679 lectures 1re Parution: 5  /5

Explorer : # nullité du contrat # construction de maison individuelle # désordres de construction # garantie de livraison

La nullité du Contrat de Construction de Maison individuelle n’entraîne pas de facto la sanction restitutio in intregrum, c’est-à-dire la remise en l’état des lieux tels qu’ils existaient préalablement à la conclusion du contrat (Cass, civ. 3e, 22 novembre 2018, n° 17-12.537).

-

Dans cette affaire, un maître d’ouvrage ayant conclu avec un constructeur un contrat de construction de maison individuelle sans fourniture de plan, reprochait au professionnel placé par suite en liquidation judiciaire, l’existence de nombreux désordres et de n’avoir pas souscrit de garantie de livraison telle qu’exigée aux articles L232-2 et L231-2 du Code de la construction et de l’habitation et dont les dispositions sont qualifiée d’ordre public par l’article L230-1 de ce même Code.

Le projet du maître de l’ouvrage se trouvait donc interrompu à l’ouverture de la procédure collective de son cocontractant.

Le constructeur en déconfiture, le maître de l’ouvrage trouvait là une audacieuse opportunité de ne pas s’acquitter du solde des travaux exécutés d’un montant de 256.840 € dont il restait devoir la somme de 172.520,46 €.

Notre maître d’ouvrage entendait probablement conserver cette somme en dédommagement de son préjudice consécutif aux nombreux désordres constatés à l’arrêt du chantier, mais qu’il avait fait reprendre pour un montant de 27.695 € en vue de lui permettre d’achever quasiment sa construction.

À l’assignation signifiée à l’initiative du mandataire liquidateur, la réplique du maître d’ouvrage était formée d’une demande en nullité de la convention de CCMI pour non-respect des règles d’ordre public des articles ensembles L232-2 et L231-2 et L230-1 du Code de la construction et de l’habitation.

Le maître de l’ouvrage demandait que soient tirées les conséquences de cette nullité sur le fondement de l’article 1178 du Code civil (actualisé), à savoir la démolition de l’ouvrage alors quasiment-achevé, comprenant les travaux réalisés par le constructeur à concurrence de 89,5 % du gros œuvre ainsi que les travaux de reprise commandés par le maître de l’ouvrage à une entreprise tierce.

À cette argumentation intempérante, la Cour de cassation oppose la pondération sur une analyse plus économique que strictement juridique. La cour accueille bien entendu la nullité de la convention de CCMI, mais refuse la démolition d’un ouvrage pour ainsi dire achevé, ce qui aurait été selon la Cour une sanction excessive :« le montant total des travaux réalisés s’élevait à 280 313 euros pour des malfaçons à reprendre pour un coût évalué à 27 695 euros, les travaux réalisés par le constructeur ayant été évalués à 89,5 % du gros-œuvre, et que les photographies versées au débat attestaient que la maison était à ce jour quasiment terminée, la Cour d’appel, qui, procédant à la recherche prétendument omise, a pu en déduire que la mesure de remise en état des lieux, seule expressément formulée par M. X..., alors qu’il avait pris l’initiative de faire achever l’ouvrage, constituerait une sanction disproportionnée, au regard des travaux réalisés, et aujourd’hui quasiment achevés, et de la gravité des désordres » [1].

Il reste à ce maître de l’ouvrage à s’acquitter auprès du mandataire liquidateur, si ce n’est déjà fait, de la somme de 172.520,46 €, déduction faite des malfaçons et moins-values et des sommes déjà versées.

Me Antri Bouzar
Dexteria Avocats

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

17 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Notes de l'article:

[1Cass, civ. 3e, 22 novembre 2018, n° 17-12.537 ; voir aussi Cass., civ. 3e, 15 octobre 2015, n° 14-23.612

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 575 membres, 28214 articles, 127 304 messages sur les forums, 2 600 annonces d'emploi et stage... et 1 500 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• [Spécial Semaine de la QVCT 2025] Les outils numériques pour le juriste : une charge mentale en plus... ou moins de charge mentale ?

• 1er Guide synthétique des solutions IA pour les avocats.




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs