- Christophe Landat.
Christophe Landat, Avocat, Membre du Conseil de l’Ordre des avocats et Président de la commission NTIC du Barreau de Montpellier :
En sortant de son cabinet !
En observant les pratiques de la profession et en se demandant en quoi elles sont inadaptées au monde qui l’entoure. Il ne s’agit pas de tout balayer d’un trait, mais de cesser de croire que tout va continuer à fonctionner comme avant. « Innover » devrait être inscrit au fronton de chaque maison des avocats en France. La profession devrait se livrer à un véritable audit de son fonctionnement.
Notre déontologie est une richesse, mais nombre de ses aspects sont étouffants, comme l’article 10-6 du RIN qui confine à la plaisanterie tant il est inadapté aux sujets qu’il entend traiter. Il faut cependant être lucide, tant que nous n’aurons pas réglé les problèmes de gouvernance de la profession nous n’avancerons pas.
Ouvrons un musée vivant des droits de l’homme, des boutiques du droit pour présenter les Ordres et les services offerts par les Barreaux dans les centres villes en respectant les codes de l’économie moderne et en proposant vidéos promotionnelles, prospectus informatifs, bons de consultations utilisables partout en France, labellisons les startup juridiques acceptant de respecter un cahier des charge respectueux du « consommateur de droit », organisons des conférences débat dans les cafés autour des sujets sociétaux d’actualité (le mariage pour tous, la récidive, le pacte de responsabilité…), ouvrons nos écoles d’avocats à la formation continue des entrepreneurs, mettons en place la journée nationale de la consultation juridique et reversons les contributions (libres) à des oeuvres caritatives de défense des droits de l’homme, créons des prix récompensant la création et l’innovation, mettons en place des numéros vert destinés aux collectivités, aux entreprises et pourquoi pas aux particuliers pour assister la démarche du premier contact vers l’avocat, sollicitons auprès de l’ICANN la mise en place d’un nom de domaine en .avocat pour identifier les confrères présents sur le web, développons un certificat numérique présent sur tous les sites web d’avocats pour permettre leur authentification auprès du CNB, labellisons les contrats d’assurance de protection juridique…
Bref, réfléchissons un peu, dans ce flot de propositions plus ou moins pertinentes, il suffit d’une seule idée judicieuse pour nous permettre de nous singulariser.
***
- Jean-Luc Forget.
Jean-Luc Forget, Ancien président de la Conférence des Bâtonniers et ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats au Barreau de Toulouse :
L’avocat assiste, conseille et défend les citoyens et les structures économiques ou sociales confrontés ou protégés par le droit qui assure ou consacre les évolutions de la société. Parfois, l’avocat, dans ses missions, va anticiper en assurant l’évolution de l’application des règles de droit, évolution qui pourra engendrer la modification de la règle elle-même.
Les évolutions sociétales suscitent l’apparition de droits nouveaux et la disparition de droits qui n’apparaissent plus adaptés à la vie contemporaine.
L’avocat n’est pas un spectateur du droit. Il est un acteur de la vie sociale.
Comme tout citoyen, il s’adapte avec plus ou moins de difficultés à la société qui évolue mais comme avocat il a le devoir de se former pour assister, conseiller et parfois défendre dans des contextes qui évoluent sans cesse.
***
- Bénédicte Bury.
Bénédicte Bury, Avocat au barreau de Paris, Ancien membre du CNB, Présidente de la commission formation de l’ACE :
L’avocat s’adapte grâce à la multiplication des confrontations. Il s’adapte grâce à l’écoute et à la compréhension des besoins de ses clients, au travail collaboratif qu’il met en place avec lui comme avec tous ses interlocuteurs, imposés ou choisis.
L’avocat s’adapte à la société parce qu’il vit son rôle de rouage social et recherche ainsi à la fois la mesure de ce qui est vécu autour de lui et la compréhension globale des enjeux sociaux permettant la mise en perspective du projet de son client.
Il s’adapte par l’analyse de la pertinence des offres concurrentes internes ou externes, grâce à son ouverture aux expériences vécues ailleurs, dans d’autres cultures.
Il s’enrichit de toutes ces diversités (culturelles, professionnelles, de personnalités, de formations, de désirs différents) et peut les favoriser dans son travail comme dans la société civile.
Il s’adapte en imaginant les modalités innovantes d’exercice professionnel offrant les moyens d’exercer pleinement sa profession avec indépendance et de réagir aux changements rapides sans précipitation parce qu’il doit conserver le recul.
L’avocat s’adaptera d’autant mieux grâce aux outils dont la profession s’est dotée et qu’elle doit, unie, développer pour anticiper les évolutions et déployer les formations innovantes, non exclusivement juridiques et favorisant cette agilité sereine attendue de lui.
Retrouver le dossier complet "Avocats, acteurs d’avenirs."