La plus puissante des écoles de l’imagination.
On aura beau demander au moteur de l’IA de mettre en musique des articles du code et de la jurisprudence, la partition sera toujours limitée à ce qui aura été enregistré dans la machine raisonnante.
L’imagination de l’avocat est autrement illimitée.
Jean Giraudoux rappelait que le juriste et donc l’avocat maître en imaginaire : « Nous savons tous ici que le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité » [1].
Confier votre affaire à l’avocat, c’est bénéficier d’une capacité créatrice illimitée pour résoudre votre litige.
Une anecdote de Sylvain Tesson lors d’une visite de la maison de Dostoïevski à Saint-Pétersbourg illustre ce que peut représenter l’activité du cerveau d’avocat : « Le calme, l’ennui exsudent des murs. L’ordre est petit-bourgeois. Sa vie ? Réglée comme du papier à musique. (…) Et avec ça, l’œuvre la plus agitée, la plus tumultueuse, la plus remuante qu’un cerveau n’ait jamais produite. (…) Et l’on sort de l’endroit et l’on se retrouve dans la rue en ses disant que, décidément, il n’y a pas trente-si choix sur cette terre : soit on décide de vivre légèrement et de danser sous le soleil, soit on tire les rideaux et l’on s’enferme pour créer » [2].
L’avocat pourrait se contenter d’une vie de bureau, assis derrière son écritoire, la tête agitée à créer du droit et trouver une solution pour résoudre au mieux un litige.
Mais, l’avocat n’est pas un professionnel de l’alternative. Ou l’action, ou le cabinet et son travail d’écritoire. L’avocat embrasse tout : il s’enferme dans son cabinet pour rédiger les conclusions récapitulatives les plus percutantes. Mais, il a aussi une vie sous le soleil.
De l’énergie aux jeux de l’avocat.
L’avocat est un auxiliaire de justice. Sa fonction est donc de relier le monde réel au juge. Et logiquement, plus l’avocat est relié au monde, plus il a le sens du réel ; et plus il a le sens du réel, mieux, il servira votre cause.
L’IA est reliée aux informations qu’on a bien voulu rentrer dans un logiciel. L’avocat est relié au monde réel et à ses multiples fourmillements. Cela lui donne un avantage considérable. Le quotidien de l’avocat nourrit son art.
Chesterton, rappelait le lien entre vie réelle de l’homme de loi et qualités de l’avocat :« Nous ne souhaitons pas que (…) notre procès personnel fournisse de l’énergie aux jeux de l’avocat avec ses enfants, à ses promenades à bicyclette ou à ses méditations sur l’étoile Polaire. Mais, nous souhaitons bel et bien que ses jeux avec ses enfants, ses promenades à bicyclette et ses méditations sur l’étoile Polaire fournissent un peu de leur énergie à notre procès. Et si la bicyclette a de quelque manière développé ses poumons, s’il a tiré quelque brillantes et séduisantes métaphores de l’étoile Polaire, nous souhaitons qu’il le mette à notre disposition lorsque notre différend sera jugé à la barre. En un mot, nous sommes d’autant plus heureux qu’il soit un homme ordinaire que cela lui permet d’être un avocat exceptionnel » [3].
À la différence de l’IA, l’avocat a donc une vie ancrée dans le palpable. Et plus l’avocat aura une expérience dense dans le monde réel, plus il apportera à votre affaire une solution reliée précisément à votre vie et ses préoccupations et non simplement conforme à un code, mais totalement abstraite et hors-sol.
N’est-ce pas pour cela que Saint-Exupéry a constamment cherché ce contact avec le tangible ? Pour être au plus proche de la vérité du monde et des êtres ? « L’avion, ce n’est pas une fin, c’est un moyen. (…) par l’avion, on quitte les villes et leurs comptables, et l’on retrouve une vérité paysanne. (…) On est en contact avec le vent, avec les étoiles, avec la nuit, avec le sable, avec la mer. On ruse avec les forces naturelles. (…) et l’on cherche sa vérité dans les étoiles » [4].
Ou encore : « La terre nous en apprend plus sur nous que tous les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle » [5].
Planter son chevalet entre deux livraisons d’armes.
Enfin, confier un litige à l’avocat plutôt qu’à lA c’est choisir une promesse de justice intégrale corps, cœur et âme et pas simplement une justice livresque délivrée par un algorithme glacial.
Vous consultez un avocat en rendez-vous. Vous pensiez n’avoir affaire qu’à un technicien des lois et vous découvrez un juriste sensible à l’écoute de vos difficultés. Étonnant ?
C’est le même étonnement que certains ont eu avec l’aventurier Henry de Monfreid loin des clichés du mercenaire froid et sans pitié : « Aussi étonnant que cela puisse paraître, Monfreid est un artiste, dimension inattendue faisant de lui un être unique parmi ces confrères. Au début il l’ignorait ou la refusait, tout à son action et à ses rêves de fortune. Mais a-t-on déjà vu un aventurier planter son chevalet entre deux livraisons d’armes (ou de haschich) et sortir sa boîte d’aquarelle ? En a-t-on déjà vu faire des pieds et des mains pour faire venir son piano au fin fond de l’Afrique, à dos de mulet ? » [6].
Pour l’avocat, rien de surprenant, lui qui passe régulièrement de la légalité à l’humanité suivant l’exorde célèbre de Maître Léonce Peyrecave : « Fermons les Codes, ouvrons les cœurs ! »
Cerveau fourmillant, pieds dans la glaise et oreille attentive, l’avocat est donc votre meilleur interlocuteur en cas de litige.
Paradoxe : c’est l’IA qui me souffle l’acmé de cette réflexion en me rappelant les termes la déontologie de l’homme de loi qui synthétise mon propos : « L’avocat exerce ses fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité. Il respecte en outre, dans cet exercice, les principes d’honneur, de loyauté, d’égalité et de non-discrimination, de désintéressement, de confraternité, de délicatesse, de modération et de courtoisie. Il fait preuve, à l’égard de ses clients, de compétence, de dévouement, de diligence et de prudence » [7].