L'importance du bien-être au travail pour les avocats.

L’importance du bien-être au travail pour les avocats.

Simon Brenot
Rédaction du Village de la Justice

La thématique du bien-être au travail a le vent en poupe dans le monde professionnel. Dans l’avocature également, et c’est dans l’optique d’en parler que le Lab UJA, think tank lancé à l’initiative de l’Union des Jeunes Avocats, syndicat professionnel apolitique, ont organisé une conférence-débat en 2019.
Le Village de la Justice en a tiré des enseignements - toujours d’actualité - à lire ici.

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« Le bien-être au travail dans le milieu du droit nous intéresse car nous voyons que, si majoritairement les avocats ne sont pas malheureux au travail, l’une des principales préoccupations de notre profession est la conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle » rappelait Frédéric Perrin, président de l’Union des jeunes avocats de Paris.

« Les avocats sont préoccupés par la conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle »

Pour en parler, le syndicat réunissait trois professionnels impliqués dans la promotion de la qualité de vie au travail, à différents niveaux : Aurélie Chaney, tout d’abord, intervenait en tant que juriste et ancienne avocate au barreau de Paris, mais aussi auteur de Ma vie rêvée d’avocate junior. Christophe Nguyen, ensuite, venait parler en tant que psychologue du travail. Siham Hadjam, enfin, a donné son point de vue de cheffe d’entreprise dans une start up, Cyconia, créatrice d’un logiciel facilitant la vie au travail.

L’organisation du débat a permis au public d’intervenir de manière très directe pendant 1h30. Les échanges ont ainsi amené tout le monde à discuter d’une multitude de sujets, souvent en lien avec les actions du syndicat : les congés parentaux, le statut du collaborateur, le management d’équipe et le rapport à la hiérarchie, la prise d’autonomie des jeunes avocats, le rapport au travail, l’irruption des nouvelles technologies.

Pour débuter cette conférence-débat, Christophe Nguyen a défini le bien-être au travail en soulignant le fait qu’il n’y a « pas de bien être sans qu’on trouve un sens à son travail. Pour cela, il faut avoir les moyens de bien faire son travail, avoir un management qui nous soutient et est à l’écoute et avoir des relations saines avec ses collègues. »

« Il faut pouvoir bien faire son travail, avoir une hiérarchie qui est à l’écoute et des relations saines avec ses collègues »

A une des personnes présentes dans le public qui demandait s’il existe des approches ou des méthodologies qui marchent dans n’importe quelle structure pour imposer une atmosphère de bien-être au travail, le psychologue du travail a répondu qu’il faut globalement « développer un climat de sécurité psychologique sain où les gens peuvent dialoguer sereinement, sans facticité émotionnelle, en parlant vrai. Il faut privilégier le sur-mesure car on ne peut pas copier des méthodes utilisées dans une entreprise en pensant qu’elles vont marcher dans une autre. »

Le critère du sens que l’on donne au travail a fait l’unanimité pour définir le bien-être, comme le rappelait Aurélie Chaney pour qui « il est parfois compliqué de se sentir tout à fait bien si l’on est cantonné à certaines tâches. Il faut ainsi essayer de gagner en autonomie, que l’on acquiert avec son associé. »

Siham Hadjam, elle, apportait son regard de directrice générale dans le milieu des start up. Un secteur économique vu comme un eldorado professionnel par les personnes en recherche de challenges et de bien-être... « alors qu’en réalité tout ceci est assez factice » met-elle en garde. « En effet, les conditions de travail sont difficiles : horaires à rallonge, grande polyvalence, insécurité psychologique et juridique, peu de congés, salaires très réduits par rapports à d’autres secteurs. » Pour éviter une désillusion fatale, elle dit mettre « tout de suite les choses au clair en demandant aux candidats s’ils savent où ils atterrissent ». Pour elle, « la verbalisation et la discussion avec les collaborateurs » est la clé d’une bonne relation.

Sur le sujet de la relation avec les managers, Aurélie Chaney s’est souvenue de ses débuts : « Quand on débute sa collaboration, on n’ose pas forcément prendre la parole. Puis au fur et à mesure, la personne peut s’affirmer. Il est important de ne pas hésiter à dialoguer avec les associés. »

Christophe Nguyen rappelait également que les profils de managers sont toujours différents. Il est donc important d’ « évaluer quel type de patron est la personne : est-ce qu’il considère que ce par quoi vous passez est le parcours classique d’un collaborateur ? Est-ce qu’au contraire il vous considère avec plus d’empathie, avec des possibilités d’évolution dans le management pour plus d’aide ? ».

Un exemple de cette relation à tisser avec le responsable se retrouve dans l’acceptation du télétravail. Une pratique qui n’est pas toujours bien vue par les managers, pour qui cette option est synonyme d’absence de travail. Or, au contraire, ce peut être un véritable outil de performance, notamment pour permettre au collaborateur de rattraper, chez soi, de longues heures perdues dans les transports entre les audiences. De même, ce procédé permet d’entretenir un lien social, essentiel lorsque le professionnel enchaine les longues journées au travail.

Un sujet lié au stress au travail, et sur ce point « il faut être conscient de son corps, de son état émotionnel et psychologique, surtout sur la durée, et ne pas lâcher dans la négociation avec les managers. » Si dans votre entourage, l’on vous fait remarquer un changement de comportement, vraisemblablement lié à un surmenage, « il est nécessaire, lorsque vous vous retrouvez devant votre manager, d’être factuel, en disant « je » et en évitant de mettre la faute sur l’employeur. »

Une connaissance de soi qui n’est pas à la portée de tous, comme le rappelait une personne dans l’audience. Les collaborateurs débutant dans le métier sont souvent naïfs, et ont du mal à se situer dans leurs possibilités physiques et mentales. Une donnée qui les soumet très vite à un stress intense. Sur la durée, dans le pire des cas, la répétition de ces périodes de grand stress peut amener le collaborateur ou l’avocat à sombrer dans le burn out.

A l’attention des futurs managers, il est donc important d’intégrer les bonnes pratiques au travail afin de changer de logiciel en matière de management, actuellement généralement encore basé sur la pression et le stress. La responsabilité est sociale car c’est tout un système qu’il faut modifier pour mettre en place des alertes.

Parmi les paramètres de ce système, la relation-client tient une place centrale car elle représente l’alpha et l’oméga du métier d’avocat. Or, aujourd’hui des voix s’élèvent parmi la jeune génération pour changer cette mentalité et innover dans le rapport au client. Christophe Nguyen conseille alors, si vous avez une visio-conférence chez vous tard le soir, donc par principe hors des horaires de travail, et qu’une obligation familiale vous oblige à vous absenter quelques minutes de ce rendez-vous, « de faire comprendre au client, qui peut s’impatienter, qu’il y a des limites car il est chez vous. »

« Aucun travail au monde ne doit autoriser de se mettre dans une situation de mal être »

Pour conclure, les trois intervenants ont essayé de donner des conseils à l’auditoire, et se sont rejoints sur plusieurs points : la nécessité de sortir, rencontrer des gens, se cultiver, varier les plaisirs, prendre du recul par rapport à son travail, car « ce n’est qu’un travail » comme le rappelle Sihem Hadjam. Pour le jeune collaborateur, l’expérience « doit lui apprendre à relativiser les urgences » selon Aurélie Chaney. Il en va de votre santé : aucun travail au monde ne doit autoriser de se mettre dans une situation de mal être.

Simon Brenot
Rédaction du Village de la Justice

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