Projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire.

Par Franck Felix-Edouard, Doctorant.

903 lectures 1re Parution: 4.97  /5

Explorer : # justice filmée # garanties procédurales # secret professionnel # réduction de peine

Le Garde des sceaux Éric Dupond-Moretti a présenté le 14 avril 2021, son projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire. Le Garde des Sceaux souhaite avec ce projet rapprocher la justice du citoyen. Voici un panel des mesures envisagées.

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Vers une justice filmée.

L’article 1er du projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire prévoit l’enregistrement sonore ou audiovisuel des audiences. L’article précise que ces enregistrements peuvent être autorisés pour un motif d’intérêt public.

La Cour de cassation est également concernée par cette mesure. L’article 1er du projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire prévoit : « les audiences publiques de la Cour de cassation et du Conseil d’Etat peuvent, après recueil de l’avis des parties présentes, être diffusées en direct ».

L’article précise que ces enregistrements peuvent être autorisé pour un motif d’intérêt public.

Cette idée suscite des interrogations. Ainsi comme le déclare Cécile Parisot, présidente de l’Union Syndicale des Magistrat , on ne sait pas quelles audiences vont être filmées. En outre, l’enregistrement et la diffusion des audiences au public pose la question de la sérénité des débats. Par ailleurs, l’enregistrement peut induire une certaine posture des magistrats. Cécile Parisot déclare à ce propos : « on n’a pas la même attitude quand on a 20 personnes dans la salle que quand on a une caméra fixée sur soi ».

La captation des procès pose également la question de la sécurité des acteurs du procès (magistrat(s), partie(s) civile(s), personne(s) poursuivie(s)).

L’article 1er du projet de loi apporte des garanties procédurales. L’article prévoit :

« les modalités de l’enregistrement ne doivent porter atteinte ni au bon déroulement de la procédure ou des débats ni au libre exercice de leurs droits par les parties et les personnes enregistrées. Le président de l’audience peut, à tout moment, suspendre ou arrêter l’enregistrement pour l’un de ces motifs ».

L’article prévoit également un droit à l’oubli. Ainsi :

« l’image et les autres éléments d’identification des personnes enregistrées ne peuvent être diffusés qu’avec leur consentement préalablement donné par écrit. Les personnes jugées et les témoins entendus lors de l’audience peuvent rétracter ce consentement après l’audience. La diffusion ne peut, en aucun cas, permettre l’identification des mineurs et des majeurs bénéficiant d’une mesure de protection juridique ».

Face à cette garantie, il est possible d’objecter comme le souligne Cécile Parisot, présidente de l’Union Syndicale des Magistrats. Elle déclare à ce propos : « le ministre parle de droit à l’oubli, c’est complètement absurde de penser qu’à l’heure des réseaux sociaux on a un droit à l’oubli ».

Vers un renforcement des garanties procédurales en matière de procédure pénale.

Il s’agit de modifier les règles relatives à l’enquête préliminaire, à l’accès au dossier de l’enquête, au secret professionnel des avocats (secret de la défense), à la détention provisoire et au jugement des crimes (majorité au sein des cours d’assises et généralisation des cours criminelles).

a) L’enquête préliminaire.

Actuellement, la durée des enquêtes préliminaires est parfois excessive. Le projet de loi prévoit de limiter la durée. Ainsi, l’enquête préliminaire ne devrait pas excéder deux ans, avec possibilité de prolonger ce délai d’un an sur autorisation écrite du procureur. Le projet de loi prévoit également que l’enquête préliminaire soit contradictoire, si la personne a été auditionnée ou perquisitionnée plus d’un an auparavant, ou si elle a été mise en cause médiatiquement.

b) Le secret professionnel.

Ce sujet est sensible. Il a donné lieu à de vifs échanges. Le projet de loi vise à renforcer le secret professionnel. Ainsi, l’article 3 du projet de loi prévoit une modification de l’article 56-1 du Code de procédure pénale dans les termes suivants :

« lorsque la perquisition est justifiée par la mise en cause de l’avocat, elle ne peut être autorisée que s’il existe contre celui-ci des raisons plausibles de le soupçonner d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction qui fait l’objet de la procédure ».

c) La justice criminelle.

Le projet de loi prévoit le rétablissement de la minorité de faveur devant la cour d’assises statuant en 1er ressort, supprimée en 2011 lors de la diminution du nombre des jurés, afin de garantir à nouveau le respect de la souveraineté populaire. Par conséquent, la condamnation ne pourrait survenir qu’avec au moins 7 voix sur 9 (au lieu des 6 actuelles, donc une majorité de 4 jurés si on enlève les 3 magistrats du décompte).

Le projet de loi prévoit également de généraliser les cours criminelles départementales, dont l’expérimentation dans 12 juridictions montre, d’après la Chancellerie, une réduction des délais et du taux d’appel. La cour criminelle juge en première instance, des faits punis d’une peine de 15 à 20 ans de réclusion. Elle est composée de magistrats. Certains comme Maître Philippe Gatti, ancien bâtonnier d’Ajaccio critique cette généralisation. Ce dernier déclare à ce propos :

« le jury d’assises est une institution, fruit de la Révolution de 1789, explique l’avocat. C’est le peuple qui parle. Il est invité à participer à la justice française. C’est un héritage qu’il faut protéger ».

Vers plus de « sens » en matière de peine.

Le projet de loi prévoit la suppression de l’automaticité des crédits de réduction de peine. Il s’agit désormais de laisser au juge le soin d’apprécier en fonction "de la conduite et des efforts de réinsertion" du détenu si une réduction de peine peut être envisagée.

L’encadrement de la détention provisoire est évoqué par le projet de loi. En la matière, le principe demeure inchangé. La détention provisoire demeure exceptionnelle. Le projet de loi renforce le caractère exceptionnel de la détention provisoire.

Ainsi, en matière correctionnelle, le projet de loi encourage les magistrats à recourir à l’assignation à résidence sous surveillance électronique.

Le texte prolonge aussi le principe de libération sous contrainte aux deux tiers de la peine, avec une libération trois mois avant la fin de la peine pour les peines inférieures à deux ans.

Vers l’instauration d’un Code de déontologie.

Le projet de loi prévoit la création d’un code de déontologie pour chaque profession du droit. Il s’agit de rendre "accessible" aux particuliers les instances disciplinaires. Ces derniers pourront donc saisir les instances disciplinaires en cas de manquement. Les instances disciplinaires devraient avoir de nouveaux pouvoirs (mise en demeure ou astreinte). Le projet de loi prévoit d’ériger l’instance disciplinaire en "une juridiction disciplinaire" présidée par un magistrat.

Franck FELIX-EDOUARD
Doctorant en droit privé à l’université Paris VIII

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Testeurs réguliers de produits pour des plateformes ou des marques, quelles obligations en matière de déclaration fiscale ? Par Yann-Maël Larher, Avocat et Mathilde Garcia, Juriste.

Un sujet proposé par la Rédaction du Village de la Justice

Testeurs réguliers de produits pour des plateformes ou des marques, quelles obligations en matière de déclaration fiscale ?

Par Yann-Maël Larher, Avocat et Mathilde Garcia, Juriste.

7037 lectures 1re Parution: Modifié: 11 commentaires 4.31  /5

Explorer : # fiscalité # testeurs de produits # marketing d'influence # avis en ligne

Ce que vous allez lire ici :

Les plateformes d'avis en ligne ont un impact significatif sur les décisions d'achat des consommateurs. Les testeurs de produits peuvent être rémunérés ou recevoir des produits gratuits en échange de leur évaluation. La législation fiscale, telle que la directive DAC7, impose désormais aux testeurs rémunérés et même à certains testeurs non rémunérés de déclarer leurs revenus et avantages. Cependant, les seuils de revenus et de valeur estimée des produits restent flous, ce qui soulève des questions et nécessite des clarifications.
Description rédigée par l'IA du Village

Les avis sur internet, également connus sous le nom de "reviews" ou "avis en ligne", ont un impact significatif sur les comportements d’achat des consommateurs. 98% des consommateurs déclarent lire les avis en ligne afin d’influencer leurs décisions d’achat (BrightLocal [1]). Une étude de Spiegel Research Center [2] a, par ailleurs, révélé que les produits ayant des critiques plus nombreuses ont tendance à avoir des taux de conversion plus élevés. De plus, les avis récents sont également plus influents que les anciens. C’est la raison pour laquelle on voit apparaître, depuis quelques années, des sites qui collaborent avec des internautes pour les encourager à rédiger des avis. A mesure que cette pratique prend de l’ampleur, se pose la question de l’encadrement juridique et des conséquences fiscales.

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L’économie des avis en ligne.

Les plateformes comme Yelp, TripAdvisor, Google Reviews, Amazon Reviews, et bien d’autres ont créé des marchés où les consommateurs peuvent publier leurs avis et évaluer les entreprises. Ces plateformes captent l’attention des consommateurs à la recherche d’informations et influencent directement les décisions d’achat. Ce type de marketing est souvent appelé "marketing de recommandation" ou "marketing de bouche-à-oreille numérique". Il exploite la puissance des avis des clients pour influencer les décisions d’achat d’autres consommateurs.

L’économie des avis en ligne s’est développée autour de plusieurs aspects clés qui ont transformé la manière dont les entreprises interagissent avec les consommateurs et comment ces derniers prennent leurs décisions d’achat. Selon une analyse de Harvard Business School [3], une augmentation d’une étoile sur Yelp (une plateforme d’avis en ligne) peut se traduire par une augmentation de 5 à 9% du chiffre d’affaires d’un restaurant.

Les avis en ligne ont ainsi donné naissance à une forme de marketing d’influence où les entreprises collaborent avec des influenceurs et des blogueurs populaires pour obtenir des critiques positives ou des recommandations. Cela est particulièrement courant dans les industries comme le voyage, la mode et la technologie.

Une différence entre testeurs rémunérés et testeurs non rémunérés.

Les testeurs rémunérés perçoivent généralement une rémunération pour chaque test effectué, en moyenne 7 euros par test, selon Testapic [4]. Cette rémunération est considérée comme un revenu imposable qu’ils doivent déclarer aux impôts. Cela inclut les paiements en espèces, les chèques, les virements bancaires ou toute autre forme de compensation reçue en échange des services de testeur.

Les testeurs non rémunérés, eux, ne perçoivent pas d’argent mais reçoivent gratuitement les produits à tester, qu’ils peuvent généralement garder après le test. Jusqu’à présent, ces produits gratuits n’étaient pas considérés comme un revenu imposable à déclarer. Cependant, avec la nouvelle loi DAC7 entrée en vigueur en 2024, même les testeurs non rémunérés devront déclarer la valeur estimée des produits reçus gratuitement si elle dépasse un certain seuil.

Tester des produits en ligne : la possibilité d’être rémunéré ou non pour cette activité.

De nos jours, tester des produits s’avère être une opportunité lucrative pour de nombreux consommateurs à la recherche d’un complément de revenu ou d’avantages intéressants. Le rôle d’un testeur de produit, qu’il soit rémunéré ou non, consiste à évaluer divers articles qui lui sont envoyés à son domicile ou de manière virtuelle, allant des cosmétiques aux produits électroniques, en passant par les vêtements, les jeux et bien d’autres. Ce processus implique souvent de s’inscrire en ligne auprès d’une entreprise ou d’une plateforme spécialisée, de remplir un profil détaillé, puis de tester les produits et de fournir un retour d’expérience.

On peut par exemple citer Amazon Vine [5] qui est un programme sur invitation destiné à sélectionner les avis les plus perspicaces des clients d’Amazon qui peuvent passer au statut de testeurs Vine. Ces testeurs reçoivent ensuite gratuitement des produits de diverses marques vendues sur Amazon et partagent leurs avis pour aider les autres clients à prendre des décisions d’achat éclairées.

En échange de ces services, le testeur peut être rémunéré sous différentes formes, que ce soit par chèque, virement bancaire, produits gratuits ou bons d’achat. Cependant, il est important de noter que la réception de "cadeaux" en nature ou rémunérations peut avoir des implications sociales et fiscales. Les cadeaux reçus en tant que testeur de produit peuvent être considérés comme des avantages imposables. Par exemple, si la valeur des produits ou des rémunérations dépasse un certain seuil, le testeur peut être tenu de déclarer ces avantages dans sa déclaration de revenus et de les soumettre à l’impôt sur le revenu.

On ajoutera qu’en dehors des particuliers qui peuvent réaliser ces prestations à titre de complémentarité, certains influenceurs peuvent réaliser cette activité à titre principal, ou encore une fois à titre complémentaire via des placements de produits, par exemple. Porté par Bruno Le Maire, la "Loi influenceurs" du 9 juin 2023 a déjà clarifié le statut de ces nouveaux acteurs du marketing digital qui sont désignés comme des personnes qui, contre rémunération ou avantages en nature, "mobilisent leur notoriété auprès de leur audience pour communiquer" en ligne "des contenus visant à faire la promotion, directement ou indirectement, de biens, de services ou d’une cause quelconque" (Article 1 de la Loi n° 2023-451 du 9 juin 2023 visant à encadrer l’influence commerciale et à lutter contre les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux).

Une question éthique, sociale et fiscale : à partir de quel seuil soumettre les testeurs de produits à la fiscalité ?

La question de savoir à partir de quel seuil soumettre les testeurs de produits à la fiscalité suscite un débat complexe, mettant en balance plusieurs considérations importantes.

D’un côté, soumettre les testeurs de produits à la fiscalité est nécessaire pour garantir une équité fiscale en traitant tous les revenus de manière égale. Les revenus tirés de cette activité, qu’ils soient monétaires ou en nature, sont considérés comme un gain financier et doivent donc être inclus dans le calcul des impôts comme tout autre revenu. De plus, la taxation contribue au financement des services publics essentiels, tels que les infrastructures, les services sociaux et l’éducation, bénéficiant ainsi à l’ensemble de la société. Enfin, en assujettissant les testeurs de produits à la fiscalité, cela garantit une concurrence juste et équitable sur le marché du travail.

D’un autre côté, certains soulèvent des préoccupations quant à la justesse de cette imposition. Le statut de testeur de produits est souvent associé à une activité secondaire ou à un revenu d’appoint, avec des contreparties potentiellement modestes. Imposer leurs revenus pourrait être considéré comme une pénalisation injuste pour les personnes qui tentent spécifiquement d’améliorer leur quotidien. Par ailleurs, il est difficile d’évaluer le bénéfice réel du testeur d’un produit ou d’un service qu’il a obtenu gratuitement et dont il n’a pas nécessairement besoin. Même si la revente des produits physiques est possible, la conversion en espèces n’est pas automatique, ni sans coûts de transaction. D’autres soutiennent également que les testeurs de produits jouent un rôle important dans l’amélioration des produits et que taxer leurs revenus les dissuaderait de participer à leur amélioration. La complexité des règles fiscales concernant les testeurs de produits pourrait enfin conduire à des incohérences et à un manque d’équilibre dans le traitement fiscal des revenus associés.

Nouvelles obligations déclaratives depuis la loi DAC7.

La directive relative à la coopération administrative dans le domaine fiscal entre les États membres de l’UE (Directive DAC7), tente d’apporter une réponse à la question de la déclaration fiscale des revenus des testeurs de produits en ligne.

L’objectif principal de cette nouvelle directive est de lutter contre la fraude et l’évasion fiscales. En effet, DAC7 comprend la collecte et le traitement de données sur les commerçants et leurs revenus qui opèrent via des places de marché numériques en ligne et d’autres plateformes. Une coopération entre les Etats membres permet de garantir une fiscalité correcte et transparente au sein de l’UE. Les commerçants seront désormais tenus de déclarer toutes les commissions qu’ils reçoivent de leurs activités.

La directive DAC7 s’applique aux "opérateurs de plateforme" [6], c’est-à-dire les entités permettant la mise en relation par voie électronique entre vendeurs/prestataires et acheteurs pour réaliser des transactions. Ainsi, depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, les opérateurs de plateforme, mettant à la disposition d’utilisateurs un dispositif permettant une mise en relation, par voie électronique, afin d’effectuer, directement ou indirectement, certaines prestations limitativement énumérées par le texte, sont dans l’obligation de souscrire auprès de l’administration fiscale une déclaration relative aux opérations réalisées par les vendeurs et les prestataires utilisateurs de plateformes par leur intermédiaire.

Quelles modalités ?

Les plateformes devront collecter et transmettre chaque année à l’administration fiscale :

  • Les informations d’identification de chaque vendeur/prestataire (nom, adresse, NIF, etc.)
  • Le montant total des rémunérations/contreparties versées par vendeur
  • La déclaration relative à la directive DAC7 est une obligation de déclaration annuelle, devant être souscrite au plus tard le 31 janvier de l’année suivante pour les opérations de l’année écoulée. La 1ʳᵉ déclaration était ainsi à déposer avant le 31 janvier 2024 au titre des opérations de l’année 2023. Les plateformes devront également informer chaque année les vendeurs/prestataires des informations les concernant qui ont été transmises à l’administration.

Des sanctions, pouvant aller jusqu’à 50 000 euros d’amende [7], sont prévues en cas de manquement à ces nouvelles obligations déclaratives.

Ainsi, la loi DAC7 introduit de nouvelles contraintes déclaratives importantes pour les plateformes en ligne, y compris celles faisant appel à des testeurs rémunérés ou non, dans un objectif de transparence fiscale accrue sur ces nouveaux modes de revenus.

Les zones d’ombre et les cas d’exonération.

Les testeurs rémunérés doivent déclarer leurs revenus comme tout autre gain financier. En tant que testeurs réguliers de produits pour des plateformes ou des marques, les obligations en matière de déclaration fiscale vont ainsi devenir cruciales avec l’évolution du marketing de recommandation et de la réglementation. Toutefois, la directive DAC7 soulève plus d’interrogations qu’elle n’apporte de réponses… et manque également de praticité.

En effet, si les testeurs de produits rémunérés sont concernés et que les plateformes doivent déclarer leurs rémunérations dès qu’elles dépassent un certain seuil, mais ce dernier n’est pas précisé, ajoutant une couche de complexité et de transparence fiscale. Cette fiscalisation vise à garantir une équité et à encadrer les nouveaux métiers du marketing digital.

Par ailleurs, pour les testeurs non rémunérés recevant seulement des produits gratuits, l’application de DAC7 dépendra cette fois de la valeur estimée de ces produits et des seuils fixés par chaque État membre. En France, on peut imaginer que l’administration applique les seuils déjà préexistants dans d’autres domaines, par exemple celui où les particuliers n’ont pas à déclarer les ventes d’objets d’occasion inférieures à 5 000 euros par an lors de brocante. L’instauration d’un seuil européen pour les testeurs de produits aurait permis d’exclure immédiatement les activités vraiment occasionnelles et de faible ampleur.

Au-delà de l’aspect purement déclaratif, cette fiscalisation accrue des revenus vise aussi à lutter contre une potentielle concurrence déloyale par rapport aux acteurs traditionnels de la publicité. Elle participe à l’encadrement et à la professionnalisation de ce nouveau métier en plein essor.

En conclusion, la réglementation fiscale des testeurs de produits évolue pour s’adapter à l’essor du marketing d’influence, nécessitant une vigilance accrue de la part des testeurs et des plateformes. Cette professionnalisation vise à équilibrer les obligations fiscales tout en reconnaissant l’importance des avis en ligne dans l’économie moderne. La directive DAC7, bien qu’elle apporte un cadre, laisse certaines zones d’ombre, surtout pour les testeurs occasionnels. En France, l’application de cette directive pourrait s’inspirer des seuils existants pour d’autres revenus non commerciaux, mais des clarifications sont nécessaires.

Yann-Maël Larher, Avocat au barreau de Paris
Docteur en droit social - relations numériques de travail
contact chez yml-avocat.fr
https://legalbrain-avocats.fr
https://yml-avocat.fr
et Mathilde Garcia - juriste

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Notes de l'article:

"Ce que vous allez lire ici". La présentation de cet article et seulement celle-ci a été générée automatiquement par l'intelligence artificielle du Village de la Justice. Elle n'engage pas l'auteur et n'a vocation qu'à présenter les grandes lignes de l'article pour une meilleure appréhension de l'article par les lecteurs. Elle ne dispense pas d'une lecture complète.

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Discussions en cours :

  • Étant moi même testeur du programme Vine d’Amazon, je me sens très concerné et inquiet de la fiscalisation de mon activité de testeur. C’est pourquoi j’ai fait une demande de rescrit général auprès de la Direction Régionale des Finances Publiques afin d’avoir une réponse formelle sur le sujet.
    L’analyse de la situation par l’administration fiscale est la suivante : J’exerce une activité d’influence commerciale et je dois déclarer les produits gratuits reçus pour test en tant qu’avantages en nature au titre des bénéfices non commerciaux. (case BNC donc).
    J’ai contesté cette prise de position comme me le permet la loi (et je dois être entendu bientôt à l’inspection des finances) car :
    - La loi sur les influenceurs du 9 juin 2023 définit leur statut comme étant des personnes qui "mobilisent leur notoriété auprès de leur audience pour communiquer" en ligne "des contenus visant à faire la promotion, directement ou indirectement, de biens, de services ou d’une cause quelconque" - Je n’ai ni notoriété ni audience attitrée et ne fais pas de promotion mais donne un avais éclairé qui peut-être négatif.
    - La prise de position de l’administration ne précise par ailleurs pas le seuil pour la valeur des produits à déclarer et je suis bien incapable malgré mes recherches de trouver un décret qui fixe ce seuil dans le cas des testeurs non rémunérés.

    Il me semble que mon cas (et celui de milliers d’autres testeurs Amazon) ne rentre dans aucune case clairement établie et que l’administration essaie d’en trouver une malgré tout.

    Je serai très preneur d’un avis juridique éclairé sur le sujet - Peut-être de l’auteur de l’article ?

    • par Maitre Larher , Le 10 juin à 16:20

      Bonjour,

      Votre démarche de demande de rescrit général auprès de la Direction Régionale des Finances Publiques est tout à fait pertinente.

      Vous avez de solides arguments pour contester la qualification d’influenceur au sens de la loi du 9 juin 2023. Cette loi vise à encadrer une activité commerciale générant des revenus directs ou indirects via la promotion. Votre activité de testeur Vine, telle que vous la décrivez, ne correspond pas à cette finalité.

      Malgré l’évolution du droit positif et l’entrée en vigueur de DAC7, il n’y a pas eu, à ce jour, de clarification spécifique et générale par voie de décret ou de jurisprudence constante concernant la fiscalité des "testeurs non rémunérés", particulièrement en ce qui concerne l’évaluation des avantages en nature de faible valeur.

      Voici quelques recommandations pour votre audition :
      Mettez en avant le fait que vous êtes un "testeur" et non un "promoteur", et que vous n’avez aucune obligation de publier un avis positif ou de générer des ventes, de même que vous n’avez pas de notoriété en tant que tel.
      Soulignez l’absence d’intention lucrative
      Comment évaluer la valeur réelle d’un produit reçu et ouvert ? Cela démontre l’absurdité pratique de la position de l’administration.
      Évoquez le principe de la sécurité juridique : L’absence de seuil crée une incertitude et une charge administrative disproportionnée pour les testeurs.

      In fine, il est probable que même l’administration ne sache pas quoi faire… si vous avez une réponse à votre rescrit je serais curieux d’en obtenir la communication.

      Bien sincérement,

    • par Charmasson Laurent , Le 16 juin à 06:49

      Je vous remercie pour votre réponse qui m’aidera dans mon argumentation. Je suis entendu ce matin 16 juin et ne manquerai pas de vous transmettre les résultats de cette audience.
      Bien cordialement,
      Laurent Charmasson

    • par Charmasson Laurent , Le 16 juin à 13:19

      Je reviens vers vers vous suite à l’audience de 2nd examen de rescrit fiscal. Comme vous l’aviez prédit avec perspicacité, le collège de réexamen a préféré ne pas se prononcer sur ma situation fiscale de testeur Amazon. Elle transmet donc le dossier à l’administration centrale.
      Son argument étant qu’il s’agit d’une situation impliquant de très nombreuses personnes et ne pouvant donc être l’objet d’une position formelle locale au risque d’être utilisée par d’autres testeurs pour contester une éventuelle taxation.
      Je ne suis donc pas beaucoup avancé et doit attendre une réponse qui prendra des mois.
      Il semblerait néanmoins que le principe d’une taxation soit inévitable mais qu’en l’absence de cadre juridique clair, celle ci reste à définir.
      Merci encore pour votre réponse précédente, particulièrement pour m’avoir éclairé sur le principe de sécurité juridique, je le garde sous le coude...
      Bien cordialement,
      Laurent Charmasson

    • par Orsu , Le 6 novembre à 11:51

      Bonjour Laurent,

      Avez-vous eu une réponse depuis le 7 juin ?
      Dans l’affirmative, pourriez-vous la poster

      Merci

  • Dernière réponse : 2 novembre à 20:19
    par VERDUGIER Jocelyne , Le 14 avril à 13:24

    Bonjour,
    Je suis testeur Amazon et je connais le montant total fiscal des produits que j’ai testé en 2024.
    A quel endroit de ma déclaration fiscale dois je mettre ce montant ?
    merci

    • par Stéphane , Le 24 avril à 16:36

      Sur la déclaration en ligne, on trouve ceci, mais sans précision sur l’endroit où on peut trouver les bonnes cases de déclaration. J’ai cherché également, sans succès.

      « Comment dois-je déclarer les revenus transmis par les plateformes numériques ?
      Depuis 2020, les plateformes de l’économie collaborative transmettent à l’administration fiscale les revenus perçus par leurs utilisateurs. Les revenus perçus sont affichés afin que vous puissiez les vérifier avant de les déclarer dans les rubriques fiscales concernées. Le tableau qui vous est présenté contient une dernière colonne afin que, pour chaque ligne, vous indiquiez la rubrique fiscale dans laquelle vous comptez déclarer ce revenu. Dans l’hypothèse où vous avez perçu de tels revenus mais que ceux-ci ne sont pas affichés, car la plateforme ne les aurait pas transmis, vous devez tout de même les déclarer.

      Pour vous aider, vous pouvez consulter les fiches pratiques mises à votre disposition pour vérifier si ces revenus sont imposables. Si c’est le cas, vous devez déclarer ces revenus dans la catégorie concernée. »

    • par Viner , Le 2 juin à 20:59

      L’évaluation du prix des produits est biaisée par le fait que les vendeurs (pour les rendre plus attractifs ?) annoncent des prix élevés quand les produits sont proposés aux "vinees".
      Assez rapidement, il n’est pas rare de voir ces mêmes produits avec des prix bien inférieurs.

      Les montants déclarés par Amazon devraient donc pouvoir être contestés si on est imposé dessus...

    • par Orsu , Le 2 novembre à 20:19

      Bonjour @Viner,

      - En effet, le prix est très élevé quand le produit nous est proposé. Il baisse souvent de moitié voire bien plus quelques temps après. Il n’est pas rare d’ailleurs que l’article soit retiré de la vente après notre commande.

      - Il y a le fait aussi que le site peut nous réclamer un retour des produits et il ne faut pas occulter le fait que durant 6 mois nous ne pouvons ni vendre, ni céder la possession des articles à toute autre personne. Si je comprends bien ces termes, techniquement, le produit ne nous appartient que 6 mois après la commande puisqu’on ne peut pas en faire ce que l’on veut. De ce fait, il y a forcément une décote qui doit s’appliquer si le montant de la valeur fiscale est soumis à l’impôt. Et le montant de la valeur fiscale en fin d’année ne correspond plus au montant fiscal réel puisqu’il y a cette notion de 6 mois.

      - D’autre part, comment un produit peut-il être assimilé à du numéraire et être imposable ? Nous ne pouvons pas troquer un article pour nous nourrir ou payer une facture, alors que ce n’est pas le cas avec un salaire ou un % sur une vente.
      Il y a le fait aussi, que nous n’aurions pas acheté ces produits si on ne nous avait pas proposé de les tester. D’autant plus que notre avis peut être négatif et contre productif pour le vendeur. Ce n’est pas une promotion d’un article, nous n’avons rien à gagner.

      Je me demande si nous rentrons réellement dans le cadre de la DAC7, car nous ne vendons pas de produits, nous ne faisons pas de promotion, nous ne sommes pas influenceurs, nous sommes des "clients" auxquels on a proposé de tester des produits et de donner un avis qu’il soit négatif-ou positif. Nous ne facturons rien et nous n’avons pas un barème de prix par rapport à la longueur d’un avis, par exemple.

      J’aimerais aussi avoir l’avis des juristes du site sur ces conditions, s’ils le veulent bien.

      Avec mes remerciements

  • Bonjour,

    Etant moi aussi testeuse Amazon Vine, j’ai posé la question à la DDFP de Nancy, d’où je dépends.

    La réponse apportée est celle-ci :

    Si le nombre de vos opérations réalisées dans l’année sur Amazon Vine est inférieur a 20 ou si les montants perçus au titre de ces opérations sont inférieurs a 3 000 €, l’ opérateur de plateforme ne transmet pas a !’administration fiscale les informations correspondantes, et vous n’avez done pas a déclarer ces montants.

    Le modèle est identique aux ventes effectuées sur la plateforme Vinted, limitées à 5000€ ou 26 ventes. Sachant que les impôts se basent réellement sur le montant max des ventes réalisées et non sur le nombre.

    Il serait donc logique d’en déduire que c’est le cas ici aussi.

    La DDFP a du faire des recherches, car l’agente sollicitée lors d’un premier appel m’a expliqué que rien n’était très clair sur le sujet.

    Bien à vous

    Helene

  • par pierre , Le 16 juin à 07:42

    Bonjour,

    Je suis récemment devenu testeur vine.

    Je constate comme tous qu’il faut fournir nos données fiscales.

    Par contre, comment allons nous être imposés sur les articles que l’on reçoit ?

    Pour l’instant, je n’ai rien trouvé de clair sur la question.

    Quel seuil ? Quel case pour la déclaration ?

    Je vois mon onglet "valeur imposable" gonfler à chaque commande, et je m’inquiète des répercutions que peut avoir ce système de testeur : la plupart du temps, les objets n’ont pas de necessité premire et sont plus ou moins laissés de côté après le test.

    Donc j’aimerai savoir à quoi dois-je m’attendre sur ma prochaine déclaration. Et par conséquent, si je dois quitter le programme.

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