Jean-Philippe Mateus
Fondateur associé | Directeur Artistique et de la Communication
Agence de communication Déontologique imagraph
www.imagraph.fr

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  • Modifié le :  3 mai 2022

    1re Parution: 28 janvier 2021

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Avocats : WhatsApp or not WhatsApp ?

Depuis plusieurs semaines et l’annonce par WhatsApp des changements de leurs conditions générales d’utilisation, de nombreux internautes, s’interrogent sur le traitement de leurs données par la maison mère Facebook.

Et vous avocats et professionnels du droit, que devez-vous faire et savoir ?

Face au « bad buzz » et au nombre significatif d’internautes mécontents ayant déjà quitté la messagerie achetée en 2014 par Facebook, Whatsapp a finalement décidé de repousser ses changements de conditions d’utilisation au 15 mai 2021.

L’entreprise tente ainsi de rassurer les utilisateurs envisageant de quitter la messagerie, ou ceux qui l’ont déjà fait, et qui partent vers des applications telles que Signal, Telegram ou encore la messagerie française Olvid.

Depuis le lancement de WhatsApp Business, de nombreux professionnels du Droit ont implémenté WhatsApp dans leur stratégie digitale en utilisant cette messagerie comme un « live chat » sur leur site internet, ou encore comme outil d’échange avec leurs clients, rassurés par le chiffrement des messages de bout en bout ou encore comme messagerie de groupe au sein de leur structure.

Mais alors, un avocat, et de manière générale un professionnel du droit, doit-il se passer de WhatsApp ?

Revenons dans un premier temps sur le pourquoi de ce changement de conditions générales d’utilisation commanditées par la maison mère Facebook.

Le réseau social de Mark Zuckerberg a pour objectif d’unifier l’expérience utilisateur sur ses principales applications (Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp) et veut optimiser la rentabilité de WhatsApp suite à l’achat si coûteux de près de 20 milliards de dollars.

Nous voyons par exemple les fonctionnalités « business » de WhatsApp évoluer et permettre aux entreprises d’y vendre des produits ou des services.

Qu’en est-il de l’utilisation de mes données ?

Actuellement, WhatsApp n’a pas accès au contenu de vos messages et de vos appels privés et ne partage pas vos contacts avec Facebook. Donc, si vous êtes par exemple avocat, soyez rassurés sur la confidentialité de vos échanges via WhatsApp.

Par contre, Whatsapp utilise, et Facebook traite :
- votre numéro de téléphone que vous avez validé lorsque vous vous êtes inscrit(e) sur WhatsApp ;
- certaines informations relatives à votre appareil (les identifiants de votre appareil associés au même appareil ou compte ;
- la version du système d’exploitation, la version de l’application, des informations sur la plateforme ;
- l’indicatif pays de l’appareil mobile, le code de réseau ;
- des indicateurs pour le suivi des options de contrôle et d’acceptation de mise à jour ;
- certaines informations sur votre utilisation (la date à laquelle vous avez utilisé WhatsApp pour la dernière fois, celle à laquelle vous avez enregistré votre compte pour la première fois, comment vous utilisez vos fonctionnalités et la fréquence à laquelle vous les utilisez).

WhatsApp partage également des informations avec d’autres Entités Facebook lorsque cela est nécessaire pour des questions de garanties en matière de sécurité et d’intégrité.

Je vous invite d’ailleurs, si vous ne l’aviez pas fait lors de votre création de compte Whatsapp, à prendre quelques minutes pour lire ceci : Sécurité et confidentialité Whatsapp.

La plupart d’entre nous, utilisateurs de Whatsapp, avons déjà une partie de nos informations enregistrées dans l’application et traitées par Facebook. Mais si nous décidions de refuser les nouvelles conditions d’utilisation, en France, notre cher RGPD (règlement général sur la protection des données) empêchera la désactivation de notre compte.

Comment savoir quelles données a Whatsapp de nous ?

Rendez-vous dans > paramètres de l’application mobile, puis dans le sous-menu « compte », formuler sa demande sur la page « Demander infos compte ». Une fois que vous aurez validé votre demande, WhatsApp vous communiquera une date prévisionnelle à laquelle les données pourront être téléchargées.

Pour l’avoir testé, j’ai pu récupérer la liste de mes données en quelques jours et là surprise ! Les données sont finalement peu nombreuses, rien à voir avec les données stockées par Facebook par exemple qui peuvent se compter parfois en giga-octets !

Mais alors, faut-il supprimer Whatsapp ?

Il faut admettre qu’au final Whatsapp n’a rien à ce jour d’une « pompe à données » comme le sont au passage certaines applications de retouches ou de filtres en tout genre de photos que vous avez peut-être actuellement installées sur votre smartphone.

Whatsapp reste une solution avec un chiffrage robuste (avec un protocole identique à celui de Signal) et simple d’utilisation. Cela explique jusqu’ici son succès et son utilisation par les professionnels du droit comme outil de digitalisation de leurs cabinets.

J’en profite au passage pour rappeler que dans l’utilisation de WhatsApp, et de manière générale des réseaux sociaux, le premier point de réflexion est : suis-je en phase avec ma déontologie professionnelle ?

En conclusion, pour ma part et de façon très pragmatique, si vous décidez de supprimer votre compte Whatsapp par crainte d’une utilisation de certaines de vos données personnelles, il va sans dire qu’il vous faudra également avoir la même démarche avec Facebook, Messenger, Instagram pour ce qui est des applications de Mark Zuckerberg, mais cette liste pourrait contenir des dizaines de noms et il est fort à parier que votre smartphone serait bien vide au final !

Jean-Philippe Mateus
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