L’excellence opérationnelle et l’influence stratégique sont désormais nécessaires pour viser le meilleur niveau de compétitivité et la place du droit dans l’entreprise étant, en elle-même, un important levier de compétitivité. Dans ce contexte de « guerre économique », dans lequel partenaires, concurrents, contrefacteurs et conso-zappeurs se mêlent et s’entremêlent, les professions juridiques, en général, et les directions juridiques des entreprises, en particulier, doivent se préparer à relever de nouveaux défis et à assumer pleinement et de manière efficiente leur rôle de vigie auprès des directions générales au milieu de ce « brouillard de guerre » [1].
De ce point de vue, les directions juridiques doivent encore progresser dans leur influence stratégique et leur démarche d’excellence opérationnelle. Elles doivent, en particulier – avec le soutien des professions juridiques – relever le défi de passer de l’objectif à la contribution effective (1), de l’expertise individuelle au savoir collectif (2), de l’individualité à la coresponsabilité (3), de la mobilité à l’ouverture (4) et de l’internationalisation à la mondialisation (5).
1. DE L’OBJECTIF À LA CONTRIBUTION EFFECTIVE
La question n’est pas ici le fond de l’expertise qui doit, à ce stade, être considéré comme acquis mais la question du positionnement stratégique de la fonction juridique au sein de l’entreprise. Celle-ci se doit de connaître ses véritables enjeux en étant positionnée au bon niveau d’enjeux de l’entreprise pour être en mesure, d’une part, d’influer sur la stratégie même et, d’autre part, en mesure de développer une vraie stratégie juridique en droite ligne avec la stratégie d’entreprise plutôt que d’en subir l’absence et sur-réagir avec retard comme le ferait une direction technique, consultée au dernier moment.
Le rôle d’une direction juridique n’est pas seulement de protéger les intérêts actuels de l’entreprise mais aussi de planifier durablement leur protection dans l’avenir. Le temps est le prix de la responsabilité juridique. Ceci suppose évidemment de sortir d’une vision purement régalienne et de piloter de manière efficiente la fonction juridique comme un dirigeant pilote une entreprise : la direction juridique doit être une entreprise au sein de l’entreprise et doit, à ce titre, disposer de l’ensemble des outils nécessaires (stratégie, moyens, marketing, produits, politique de service, etc.) à sa mise en œuvre.
Un tel changement de paradigme implique un renversement de la perception de la fonction juridique : elle doit passer d’une fonction support (centre de coûts) à une fonction stratégique (centre de profits) même si l’indispensable part régalienne des fonctions ne doit et ne peut bien évidemment pas disparaître entièrement.
La direction juridique doit dès lors s’intéresser à l’analyse économique de son activité, de sa pratique et s’inscrire pleinement dans le processus de création de valeur, tant interne qu’externe : le challenge consiste alors à passer de la notion d’efforts/moyens à une pratique orientée priorités et résultats, la finalité consistant à maximiser la capacité de production de richesses de l’entreprise, qu’elles soient financières, techniques, juridiques ou humaines.
Pour ce faire, le facteur temps de la pratique juridique doit se rapprocher du temps des affaires sans pour autant s’y confondre pour éviter les impairs et erreurs dus à la précipitation et, simultanément, se projeter au plus profond de l’espace temps pour inscrire l’action présente de l’entreprise sur le chemin de l’avenir. Tel doit être le rôle d’une direction juridique stratège et stratégique.
La stratégie, l’anticipation et l’innovation doivent être les maîtres-mots d’une contribution effective de la direction juridique à la performance de l’entreprise : elle doit donc se saisir de tous les sujets pouvant l’intéresser, directement ou indirectement, à commencer par la protection des actifs immatériels de l’entreprise ou encore l’intelligence juridique.
Pour résumer, je reprendrai les paroles d’Alain JUILLET [2] , Président du Club des Directeurs de Sécurité des Entreprises : « il ne suffit plus d’être bon, chaque entreprise doit être au meilleur niveau de compétitivité. Pour cela, il faut détenir un supplément d’âme (d’information) pour gagner. »
Les 5 défis présentés par les auteurs :
1. De l’objectif à la contribution effective.
2. De l’expertise individuelle au savoir collectif.
3. De l’individualité à la co-responsabilité.
4. De la mobilité à l’ouverture.
5. De l’internationalisation à la mondialisation.