"Mais pourquoi commencer maintenant ? Qu’est-ce qui a changé ?"
L’IA (Intelligence Artificielle) va changer la recherche juridique, la pratique, la productivité… et les interfaces. Tout le monde (ou presque) aime les interfaces “temps réel” et qui fournissent un premier niveau d’information, plus dynamique. Proposer ce type d’information et d’interface est un pan structurant de la relation-client : vous vous souvenez, ce premier niveau d’information qui est une grande partie des sollicitations de vos clients (internes ou externes) depuis des années...
Dans les enquêtes récentes sur l’IA générative (GenIA) et les métiers du droit, on apprend ainsi que plus de 90% des répondants à l’enquête de l’ELTA/Lefebvre Sarrut estiment que l’usage de l’IA générative est utile dans leur travail ou que plus de la moitié des professionnels du Droit interrogés dans l’enquête LexisNexis pensent que les outils d’"IA générative" transformeront significativement la pratique du droit. Dans l’enquête Wolters Kluwer, 73 % des participants estiment devoir intégrer l’IA générative dans leur travail juridique en 2024.
Les acteurs de la Legaltech et les éditeurs juridiques n’ont évidemment pas attendu 2023 pour intégrer de l’IA dans leurs offres (automatisation des contrats, recherche juridique, jurimétrie...). On le voit chaque année notamment lors des RDV des Transformations du Droit [2] où sont réunis les acteurs de la Legaltech : la technologie aide à faire face aux enjeux grandissant de la conformité, augmente la productivité, facilite le travail répétitif et chronophage, etc.
Et ceci se confirme du côté des IA génératives : les attentes des professionnels du Droit concernent la rédaction de documents (34%), la recherche juridique (26%) et la préparation de résumés et de synthèses (17%) (dans l’enquête de l’ELTA/Lefebvre Sarrut).
Dans l’enquête du Village de la Justice, la réalisation de tâches considérées comme étant « à faible valeur ajoutée » arrive en tête (78 %), juste devant la facilité pour générer des résumés (68 %) et le gain de temps pour créer des contenus de tout type (67 %). Viennent ensuite la traduction (57 %) et l’inspiration (56 %).
Êtes-vous concerné(e) ?
Les chiffres précédents (et la veille sur d’autres secteurs d’activité) incitent à répondre que oui. Au risque de passer pour un dinosaure ou un(e) inconscient(e) à l’heure du café ou de l’entretien-hiérarchie...
Quelques exemples de raisons pour lesquelles on vous interpellera :
Sur un plan commercial/concurrentiel pour les avocats : comment, à terme, justifier une facturation constante sur des taches à faible valeur ajoutée/automatisables, tâches que des concurrents ne manqueront pas de réaliser plus vite et donc... factureront moins ?
En termes de productivité : pourquoi vous priver d’outils qui vous permettent de disposer (et mieux encore en 2024-2025), d’une prestation d’information rapide sur un dossier ou d’une revue contractuelle qui vous détecte des informations contradictoires ou périmées ?
En somme, sur les sujets sur lesquels l’IA se révèle déjà performante, comment expliquer (se justifier ?) que l’on refuse cette forme d’hybridation du travail qui en "booste" l’exécution ?
Les directions des entreprises et les associés des cabinets ne veulent pas connaître les détails pour le moment, par contre ils sont tous d’accord pour que l’IA soit au programme de tous en 2024...
Que l’on devienne "Centaure" (la théorie de l’hybridation où l’on répartit le travail entre humain et technologie [3]) ou "Cyborg" (la théorie selon laquelle les humains "entrelacent" leurs efforts avec ceux de l’IA) [4], c’est certain, le travail évolue vraiment et va évoluer en profondeur ces prochaines années.
Cela ne va pas sans poser des questions évidemment. Dans l’enquête du Village de la Justice, le premier risque identifié est celui de la confidentialité des données des entreprises (79 %), suivi de très près par la désinformation (76 %) et la perte de savoir-faire et capacité à réfléchir (76 %), avant la propriété intellectuelle, la propagation des stéréotypes et discriminations, l’augmentation des fraudes et le chômage (28 %).
Mais, par principe ou du fait de votre fonction, il paraît désormais impossible de se voiler la face et ne pas au moins tester, imaginer, apprendre, car - vous le voyez bien - tout fourmille autour de nous pour développer de nouvelles approches de la vie quotidienne et du travail.
De nombreux métiers du droit s’emparent du sujet, des enseignants aux praticiens du droit en passant par les Legaltech bien entendu [5], et il n’est nullement nécessaire d’être diplômé en informatique pour y arriver.
Et maintenant, comment fait-on et à quel rythme ?
Ne confondons pas vitesse et précipitation (ce serait tomber dans un excès peu crédible et peu efficace), car on ne parle pas là de "mode" mais de changements structurants. Attention aussi aux traumatismes dans la conduite du changement, fréquents, à la résistance au changement et aux craintes des équipes, aux budgets mal dirigés et parfois gâchés.
Au contraire, avançons avec méthode. C’est le but de votre prochaine "feuille de route #technojuridique" : mettre les équipes en mouvement pour préparer demain - et dans cette approche ce ne sera jamais un échec. Parmi les effets de bord, avoir une "vision technologique" aura des effets demain sur vos offres, vos recrutements, la fidélisation des collaborateurs, la notoriété de votre équipe...
Et si en prime, cela vous permet d’être plus compétitif et de favoriser le plaisir de travailler (en faisant disparaître 2 ou 3 irritants ou pain points au passage), vous serez toujours gagnant(e)s !
Préparez donc des objectifs, un calendrier, et fonctionnez de façon itérative (progressivement, par répétitions). Le calendrier va souvent évoluer, dans un sens ou un autre, au gré des avancées technologiques. Mais il faut donner la direction.
Quelques idées pour construire votre feuille de route...
- Restez humbles. Faites une veille, informez-vous, écoutez, échangez. Le monde bouge et il fait du bruit, et la conduite du changement demande un peu de méthode. L’innovation se développe mieux dans un contexte propice à l’émergence de nouvelles idées.
Avocats, par où commencer, insuffler l’esprit d’innovation, qui embarquer... On en parle par exemple dans cet article du Village.
Et vous Directions juridiques, jetez un oeil à cet article : comment établir une véritable stratégie d’innovation.
- Soyez curieux, testez. Et rencontrez celles et ceux qui ont déjà essayé, expérimentez la rédaction des prompts sur une IA gratuite. Apprenez de celles et ceux qui ont testé, ils et elles vous feront gagner du temps, comme ces nouveaux métiers ou "geeks" que vous croisez de temps en temps... Vous serez à même de vous forger un avis éclairé après avoir compris le fonctionnement général d’une technologie et ce que vous pouvez en attendre.
Vous le constaterez : chaque test amène de nouvelles questions, et de fil en aiguille, on progresse !
- Fédérez, embarquez vos équipes, en vous appuyant sur leur curiosité, leur appétence, leurs motivations et compétences diverses (la curiosité n’est pas un vilain défaut ici !). Donnez-leur les moyens (très souvent, juste du temps), fixez tous ensemble des étapes, des objectifs pas-à-pas qui ne laisseront personne sur le bord de la route (sinon ils vous freineront plus tard ou vous quitteront).
Organisez un séminaire, invitez un consultant, écoutez des conférences inspirantes. [6]
- Misez sur votre esprit critique de professionnels du Droit [7] pour faire évoluer votre pratique avec de nouveaux outils, tout en augmentant la qualité de la prestation, pas en la réduisant. C’est une garantie de succès à long terme...
Vous voyez, on ne parle pas encore de budget, ni de compétences rares...
Et si vous commenciez dès maintenant cette feuille de route ? N’oubliez-pas de lui donner un nom motivant ! Un peu d’inspiration (made in ChatGPT : "Exploration GPT : Pas à Pas" - "Roadmap IA : Créativité Guidée" - "Mission Générative : Objectifs Clés" - "Projet Legal GPT : Objectifs à Atteindre" "Itinéraire Juridique : Intégration des IA"...
... Et puisqu’il faut garder en tête un calendrier, nous vous proposons une échéance en novembre 2024.
L’idée est que vous soyez "acculturé(e)s IA-(in)telligemment" avec un regard averti et prêt(e)s à faire votre marché de solutions au prochain Congrès #Transfodroit. Nous prenons le pari : fin 2024, vous serez GenIAFriendly et vous compterez dans les 20% les plus innovant(e)s et créatif(ve)s de votre profession !
NDLR : Si ça vous a donné envie, dîtes-le nous ! Vous avez fait des essais ? Votre "mission GPT" est en cours au sein de votre cabinet ou votre direction juridique ? Témoignez dans un prochain article ! > contactez-nous chez village-justice.com.
