Le leadership du Directeur juridique.

Le leadership du Directeur juridique.

Gilles de Sorbay – Directeur juridique.

La valeur "leadership" est diffusée à grande échelle sur tous les médias et vise en particulier celles et ceux qui sont voués à des fonctions managériales quel qu’en soit le secteur d’activité.
Le leadership concerne toutes les catégories : du salarié « traditionnel », au chef d’entreprise, au dirigeant politique, au responsable d’une caserne de pompiers, un entraineur d’une équipe de hockey sur glace, un professeur des écoles, au syndicaliste, un directeur de cirque, etc. J’ajouterai : les parents.

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L’omniprésence de la valeur "leadership"

Comme s’en expliquait Eric Labaye, directeur associé senior de McKinsey et président du MacKinsey Global Institute, lors d’une courte interview dans le Figaro du 18 avril 2016 : "Le dirigeant doit concilier deux profils a priori différents ; celui d’un solide visionnaire doublé d’un champion de la performance, pour devenir un « sprinter de fond ». Cela implique une capacité fine de compréhension du contexte et des enjeux afin d’orienter la stratégie, la capacité d’engager les hommes et les femmes derrière lui autour d’un projet nourri de sens, une capacité à réconcilier les deux horizons que sont le développement de long terme et la performance de court terme, le global et le local."
Il y parle par exemple de ce qu’il attend comme qualités des futurs leaders, leurs priorités, etc. Il est intéressant de voir aussi les personnes et personnages qui illustrent son propos : "Mère Teresa, pour son abnégation totale envers les autres.
Charles de Gaulle, pour sa vision et son engagement au service d’un pays.
Louis Pasteur, qui, par trois découvertes majeures à contre-courant de croyances établies, a durablement amélioré les conditions de vie.
Bill Gates, un innovateur bâtisseur qui, au travers de sa fondation, a aujourd’hui un impact majeur sur la santé mondiale.
Et au-delà, tous ceux, scientifiques, politiques, entrepreneurs, qui mettent leur talent et leur énergie au service d’une aspiration et qui obtiennent des résultats au quotidien pour rendre le monde meilleur.
"

Des études citent : W. Churchill, S Jobs, M Gandhi, N Mandela, J Welch, A Lincoln, M Thatcher, JF Kennedy, N Bonaparte, etc. Chacun y est allé avec un bon mot et j’en retiens un du Vieux Lion : "Agissez comme s’il était impossible d’échouer."

Les ouvrages ne manquent pas. Les conférences et séminaires non plus. C’est sans doute révélateur d’une quête de sens, toutes générations confondues. Chacun dressera sa liste des ingrédients.
Le terme n’est pourtant pas si fréquemment employé dans l’expression orale quotidienne et se résume souvent au constat de l’accès à un membre de la Direction générale ou des échanges avec des collaborateurs. Pourtant, elle est une condition d’accès permanent à des fonctions de direction.

Qu’en est-il du Directeur juridique ?

Quand on examine ses principales missions dans les annonces parues, elles sont toutes globalement similaires, de même que les compétences génériques (en communication, capacité d’écoute et de conseil, planification et organisation, honnêteté et intégrité, capacité d’influence, rigueur, esprit de décision, sens du management, etc.). Il faut aller au-delà de ce qui est exprimé.
Ne serait-ce pas avant tout une notion ayant un lien avec le comportement quotidien, un état d’esprit tourné vers un objectif, une capacité à fédérer les ressources qui peuvent avoir des objectifs convergents ou divergents ?
Il faut rappeler que le Droit n’est pas une fin en soi mais un outil agile au service de la performance collective insufflée par la gouvernance, et par lequel le juriste se trouve mêlé à des contradictions de professionnels qui ont leurs propres contraintes (budgétaires, techniques, etc.) mais apportant une coopération essentielle pour que tous les arguments puissent être présentés, notamment en cas de contentieux ?
Une intéressante étude réalisée par l’Edhec en 2007 aborde ce sujet de façon simple.

Dans son rôle, le DJ doit insuffler à son équipe un souci de compréhension aigüe des enjeux de son employeur, l’environnement, et des acteurs qui interviennent, un souci de prévention et d’adaptation aux problèmes nouveaux qui apparaissent inévitablement (textes nouveaux, jurisprudence discordante, cultures pays particulières, projets évolutifs, etc.).
Ainsi que le rappelait fort justement en 2015 Béatrice Bihr, General Counsel & Compliance Officer de Teva Laboratoire : "Les entreprises ont désormais besoin d’un directeur juridique qui ait une vision large, qui comprenne bien les enjeux de l’entreprise, qui soit capable de s’approprier et trier ces analyses et ces recommandations complexes et parfois contradictoires, de manière à pouvoir les mettre au service d’une vision et d’une stratégie."

Il doit donc expliquer (dans au moins 2 langues) clairement, sans argutie, et sans attitude frileuse, son rôle et les perspectives (légalité, licéité) et c’est là qu’intervient son leadership, quitte à avoir recours aux compétences repérées d’un expert extérieur et dont les motifs dudit recours doivent être évalués (coût par rapport à celui des prestations faites en interne, etc.), en vue de prendre parti sur sa position dans la société, sur le type de développement que sa préconisation peut favoriser :
- A la Direction générale dont il doit « épouser » les orientations et valeurs,
- Aux équipes (plusieurs dizaines de juristes parfois, de séniorités et nationalités différentes), qu’il doit encadrer de façon efficace, conviviale, en vue de les faire se connaître, grandir en savoir-faire, faire savoir et savoir-être ; il doit porter une vraie attention aux préoccupations de chacun, diffuser un partage d’expériences, et disposer d’indicateurs de performance simples ; la fonction juridique pouvant même devenir un centre de profits et un aiguilleur de compétitivité,
- A tous les échelons de l’entreprise, quelle qu’en soit la taille, l’envergure, l’ambition, via la définition d’une « politique marketing de la fonction juridique » en vue de développer une relation de confiance réciproque avec les autres opérationnels sur le traitement des questions de droit et leurs préoccupations du quotidien,
- Etre en lien avec le monde du Droit pour en répercuter les principales évolutions dans son entreprise.

Pour reprendre les mots du premier président du Cercle Montesquieu, Nicolas David : "Le directeur juridique sait écouter et entreprendre, anticiper et régler les problèmes passés. Il prend ses responsabilités, propose et tient tête. Il dirige et coordonne son ou ses équipes. Il a une grande ouverture d’esprit, pour s’intéresser à tous les problèmes de l’entreprise. Il est à la fois manager et leader. En tant que manager, il met en œuvre les décisions et organise le travail. Comme leader, il définit une stratégie grâce à son enthousiasme, ses compétences, son aura. Il lui faut du courage et de l’autorité."

Gilles de Sorbay – Directeur juridique.

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