Les conditions d’accès des PME au marché des capitaux, notamment les exigences de transparence et de conformité, influencent directement les avantages qu’elles peuvent en tirer, tout en exposant également les entreprises à des inconvénients tels que des coûts élevés et des risques liés à la volatilité du marché.
L’introduction des petites et moyennes entreprises (PME) marocaines à la Bourse de Casablanca représente une opportunité majeure pour stimuler la croissance économique du pays et dynamiser le marché financier. Alors, nous explorerons les principaux bénéfices que cette initiative peut offrir aux PME marocaines.
Accès à des sources de financement :
Le listing des PME marocaines sur le marché des capitaux permettrait d’accéder à d’autres sources de financement que les crédits bancaires dont l’accès peut être parfois compliqué, voire coûteux, là où il est préconisé d’envisager d’autres alternatives, parmi lesquelles figureraient, l’émission d’actions ou d’obligations des PME.
Amélioration de la transparence et de la gouvernance :
Pour satisfaire aux exigences réglementaires des marchés financiers, les PME seraient amenées à améliorer leur transparence et nécessairement renforcer leur gouvernance, ce qui aurait également un impact sur la gestion, tout autant que sur la confiance de l’investisseur et le risque de casser son inévitabilité avec la corruption ou la mauvaise gestion.
Visibilité et crédibilité :
Le listing accroîtrait la visibilité de l’entreprise, ainsi que sa notoriété. Une entreprise cotée serait un gage de crédibilité, qui pourrait faciliter son développement en termes de partenaires, d’investisseurs et de clients. La visibilité et la crédibilité accrues peuvent faciliter la conclusion de partenariats stratégiques et renforcer les relations commerciales.
Croissance et développement :
L’accès aux capitaux peut favoriser une meilleure dynamique de développement des PME en particulier si elles envisagent des projets d’expansion ou d’innovation. L’accès à des financements plus accessibles rendraient envisageables des investissements utiles pour se repositionner, en tant qu’entreprise concurrentielle dans son secteur d’activités.
Valorisation de l’entreprise :
La cotation en bourse permet d’afficher une valeur du capital de l’entreprise et d’asseoir tout son pouvoir de négociation pour convenir des modalités de partenariats stratégiques, ou encore d’éventuelles acquisitions. Cette valorisation renforce la confiance des partenaires commerciaux, des clients et des fournisseurs, facilitant ainsi les partenariats stratégiques et favorisant le développement de l’entreprise.
Liquidité pour les actionnaires :
Pour les actionnaires en place, le listing permettrait avant tout de liquéfier leur investissement, c’est-à-dire vendre une partie des titres qu’il détient sur le marché secondaire.
Néanmoins, cette démarche comporte certains défis.
Coûts d’entraînement de l’IPO et de maintenance :
L’introduction en Bourse entraîne des coûts et des frais importants (frais d’audit, de conseil, de cotation des actions,…) capable de se révéler trop lourds pour certaines PME ; mais, ensuite dans la vie des sociétés cotées les coûts de l’internalisation qui deviendront récurrents liant la conformité légale, le respect de l’audit et la communication financière.
Pression sur l’atteinte d’objectifs à court terme :
Les PME cotées peuvent être soumises à des pressions leur demandant de répondre aux attentes de leurs investisseurs à court terme qu’elles pourraient être amenées à privilégier à la rapporte avec la croissance à long terme. Elles doivent publier régulièrement leurs résultats financiers et répondre aux attentes du marché. Cette pression peut entraîner une focalisation excessive sur les résultats à court terme, ce qui peut compromettre les investissements à long terme et la stratégie de croissance de l’entreprise.
Dilution du capital/contrôle des actionnaires :
Via l’émission de nouvelles actions sur le marché, les actionnaires historiques, notamment les fondateurs ou les principaux dirigeants, risquent d’être contraints à une dilution de leur capital et de leur devenir actionnairement dominants.
Vulnérabilité vis-à-vis des fluctuations du marché :
Dans un environnement où l’entreprise cotée doit faire face à la volatilité des marchés financiers, le cours de bourse de ses actions sera d’autant plus mobile qu’il sera susceptible de résultats à partir des attentes du marché ou de la réaction des investisseurs, affectant potentiellement l’exercice de ses financements et la mise en place de nouvelles actionnaires répondant à ses besoins. Cette volatilité peut rendre difficile la valorisation précise de l’entreprise et créer une incertitude pour les actionnaires. De plus, la volatilité des cours de l’action peut rendre plus difficile l’accès à de nouveaux financements ou l’émission d’actions supplémentaires.
Complexité des régulations à assurer et de la conformité à respecter :
Il sera compliqué pour la PME, structurée de façon petite en particulier, de mener à bien ces objectifs régulateurs de conformité des découvertes d’informations financières, des satisfactions des conditions de gestion de risques et de contrôle de la gouvernance.
Risques de spéculation :
Certaines sociétés, spécialisées en partie dans des secteurs risqués et émergents ou n’étant pas performantes, pourraient être la cible d’investisseurs spéculatifs plutôt que d’investisseurs pérennes conduisant à une stabilisation particulière de leurs évolutions boursières et nuisant à leur image.
L’introduction des PME marocaines à la Bourse de Casablanca présente des inconvénients importants. Ces aspects doivent être pris en compte et évalués avec soin par les PME avant de décider de s’introduire en bourse. Il est essentiel d’élaborer une stratégie claire et de mettre en place des mesures d’atténuation pour minimiser les risques potentiels et maximiser les avantages de cette démarche.
Cependant, cette dynamique a été profondément bouleversée par la pandémie de Covid-19, qui a exacerbé les défis existants et introduit de nouvelles contraintes, affectant significativement la capacité des PME marocaines à accéder aux marchés financiers.
La pandémie de Covid-19 a eu des répercussions majeures sur les PME marocaines et leur capacité à accéder aux marchés financiers, mettant en lumière des défis structurels exacerbés par la crise. En raison de l’incertitude économique mondiale et nationale, la performance des entreprises a drastiquement chuté, avec 82 % signalant une baisse de la demande pour leurs produits et services. Les PME marocaines ont perdu environ 47% de leur chiffre d’affaires pendant la pandémie, une érosion particulièrement marquée pour les petites structures, comparables aux pertes enregistrées en Italie et en Jordanie. Ce contexte a amplifié les difficultés d’accès au financement et accru la vulnérabilité des PME face à une introduction en bourse.
Face à cette situation, le gouvernement marocain a déployé des mesures d’urgence pour soutenir la trésorerie et le financement des PME, notamment avec la création d’un fonds Covid de 3,3 milliards de dollars et le lancement du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Ces dispositifs visent à préserver l’accès au crédit et à financer des projets stratégiques pour limiter les faillites massives.
En parallèle, la crise a mis en évidence l’importance de la numérisation et de l’innovation comme facteurs de résilience. Les PME dotées d’une forte présence en ligne ont été mieux placées pour absorber les chocs économiques. Néanmoins, un grand nombre d’entreprises ont montré des lacunes dans l’adoption des technologies numériques, nécessitant un accompagnement renforcé pour accélérer leur transition.
La pandémie a également ralenti les projets d’introduction en bourse, les PME préférant se concentrer sur leur survie immédiate. Les investisseurs, de leur côté, ont fait preuve de prudence face aux entreprises perçues comme fragiles. Ces contraintes soulignent la nécessité de réformes structurelles pour renforcer la résilience des PME et leur préparer un meilleur accès au marché des capitaux dans un contexte post-crise.
Enfin, l’impact de la pandémie sur des secteurs-clés tels que le tourisme, l’hébergement et le transport a été particulièrement marqué, ces domaines étant majoritairement composés de PME. Les mesures de soutien public ont joué un rôle crucial dans l’atténuation des effets de la crise, mais elles n’ont pas toujours suffi à garantir une relance uniforme. La pandémie a ainsi révélé l’importance d’une stratégie financière plus inclusive et durable pour les PME marocaines.
La pandémie a mis en lumière l’importance de diversifier les sources de financement des PME et de renforcer les mécanismes de soutien, notamment par des programmes comme Elite, qui pourraient jouer un rôle clé dans la préparation des PME à de futures opportunités de cotation. Ces enjeux restent au cœur des stratégies post-pandémiques visant à dynamiser le rôle des PME dans l’économie marocaine.