La renonciation à un droit se déduit-elle de la seule inaction ou du silence de son titulaire ?

Par Sébastien Lagoutte, Juriste.

3047 lectures 1re Parution: 4.92  /5

Explorer : # renonciation à un droit # bail commercial # inaction # accord tacite

C’est la question qui a été posée à la Cour de cassation dans le cadre d’un litige entre un bailleur et son locataire au terme d’un bail dérogatoire. (Cass. 3ème Civ. 5 Juin 2013, pourvoi n°12-19.634)

-

Un propriétaire a consenti à une société un bail dérogatoire à compter du 1er septembre 2003 pour se terminer le 30 juin 2005.

Par acte du 27 mai 2005, le bailleur a délivré congé à la société preneuse pour le terme du bail.

La locataire est demeurée dans les lieux.

Après échec des négociations en vue de la conclusion d’un bail commercial de droit commun, le locataire a assigné le bailleur en reconnaissance du bénéfice d’un bail soumis au statut.

Pour accueillir cette demande, les juges du fonds retiennent qu’il s’est écoulé plus de 20 mois entre la fin des pourparlers et la date à laquelle la bailleresse a été assignée par la locataire et que cette inaction doit être considérée comme constitutive d’un accord tacite du bailleur sur le maintien dans les lieux de la locataire, à défaut pour le bailleur d’apporter la preuve qu’il n’entendait pas laisser le preneur en possession des locaux.

La Cour de cassation censure cette décision et rappelle que l’article L.145-5 du Code de commerce dispose que « les parties peuvent, lors de l’entrée dans les lieux du preneur, déroger aux dispositions du présent chapitre à la condition que la durée totale du bail ou des baux successifs ne soit pas supérieure à deux ans ; que si à l’expiration de cette durée le preneur reste et est laissé en possession, il s’opère un nouveau bail dont l’effet est réglé par les dispositions du présent chapitre  ».

Or, les juges du fonds avaient constaté que le bailleur avait, avant le terme du bail, délivré congé à la locataire : la renonciation à un droit ne se déduit pas de la seule inaction ou du silence de son titulaire.

Sébastien LAGOUTTE
Président Cabinet SL CONSULTING CONSILIUM
www.cabinet-sl-consulting.com
Twitter : @SASConsilium
Google+ : +SébastienLagoutte

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

48 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

A lire aussi :

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27886 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• [Dossier] Le mécanisme de la concurrence saine au sein des équipes.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs