Tour du Monde de la Legaltech : et si finalement on oubliait les frontières ?

Tour du Monde de la Legaltech : et si finalement on oubliait les frontières ?

Propos recueillis par Nathalie Hantz
Rédaction du Village de la justice.

2127 lectures 1re Parution: Modifié: 5  /5

La rédaction du Village de la justice a voulu déplacer le débat autour des Legaltech en dehors de nos frontières. Sans être exhaustif, nous avons cependant pu visiter d’autres continents, d’autres pays et d’autres systèmes juridiques grâce à des hôtes de choix qui nous ont servi de guide, des États-Unis à la Russie [1]. Ce tour du monde s’achève, mais avant de ranger les bagages et de se remettre du décalage horaire, tentons un premier bilan de ce voyage, et pourquoi pas un peu de prospective. C’est Jeremie Eskenazi, en tant qu’acteur et observateur du marché international des legaltech, qui nous aide dans cette tâche.

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Village de la justice : Après avoir lu les différents articles de notre tour du monde, et en tant que fondateur d’une legaltech internationale, pourriez-vous nous dire s’il existe un ou des points communs "universels" aux legaltech, conditionnant leur succès ?

Jeremie Eskenazi : "Le principal point commun est à mes yeux la forte attente nourrie à l’égard des legaltech : globalement, les legaltech sont très bien reçues par le grand public, qui les accueille avec enthousiasme.

"L’appétence d’une population pour le droit conditionne le succès des legaltech dans son pays".

Quant à la réussite du développement de la legaltech en elle-même, elle tient évidemment aux nombres d’acteurs déjà en place sur le marché, et donc à la concurrence, mais également surtout à l’appétence pour le droit et au besoin de droit au quotidien de la population en la matière, indépendamment finalement de l’état de développement de ce pays.

Concrètement, un pays dans lequel le souci de respecter le droit et de formaliser les rapports est fort va nécessairement mieux accueillir une legaltech.

Jeremie Eskenazi, ingénieur de formation, dirige Wonder Legal, une legaltech internationale qu’il a fondé il y a 4 ans, et qui propose la création automatisée de documents juridiques. Tout en étant gérée uniquement depuis la France, sa société offre ses services dans une vingtaine de pays, dont le Chili et la Thaïlande tout récemment.

Côté difficulté, la principale restera surtout de se faire connaître. C’est une chose difficile dans un marché où les legaltech sont déjà nombreuses, il faut alors se démarquer. A l’inverse, si le marché est restreint, cela n’est pas simple non plus car il faut alors presque le créer."

VJ : Quel est votre point de vue sur les débats que suscitent l’arrivée des legaltech au sein des professions du droit notamment ?

"De notre côté, je dois avouer que nous ne participons pas ou peu aux événements sur le sujet. Nous sommes très rapidement devenus une legaltech à dimension internationale, et c’est sans doute pour cela que nous nous sommes détachés des débats qui peuvent se tenir dans chaque pays.

Quoiqu’il en soit, pour ma part, je suis contre cette tendance qui consiste à penser que l’uberisation de la société est partout. Pour moi, l’avocat ne sera jamais remplacé, c’est un métier humain, et cette dimension humaine est irremplaçable. Dire l’inverse, c’est simplement s’amuser à se faire peur.

Oui certaines fonctions sont automatisées, mais c’est à la marge du travail d’un avocat. Aucun avocat ne vit de faire des documents à la chaîne toute la journée. Nous aurons toujours besoin d’avocats pour ce qu’ils apportent vraiment, le conseil personnalisé notamment."

"La dimension humaine de l’avocat est irremplaçable".

Quelles sont pour vous les évolutions à venir à court terme sur le marché des legaltech ? Les legaltech internationales peuvent-elles et vont-elles se développer ?

"Je pense, sans vouloir jouer au devin, qu’on assistera dans les prochaines années à un reflux du côté des "petites" legaltech qui se sont spécialisées sur un domaine très précis. En tout cas, elles ne se développeront pas.

On assiste d’ores et déjà par ailleurs à une baisse de création de sociétés. En France, depuis plus d’un an, il n’y a pas eu d’arrivée de nouveaux acteurs importants sur la création de documents juridiques par exemple.

"Les services classiques comme la création de documents peuvent être dupliqués aisément et internationalement."

Le développement à l’international est quant à lui tout à fait envisageable pour les services classiques tels que création de documents ou mise en relation avec des avocats. Ces services là peuvent être dupliqués aisément dans tous les pays.
En revanche, je ne pense pas que cela puisse se faire sur les services de type "justice prédictive". Cela tient à la spécificité de chaque système juridique. La procédure de discovery [2] est propre aux États-Unis par exemple."

Note de la Rédaction...
Notre tour du Monde s’achève ainsi, en ouvrant la réflexion sur les perspectives de développement des legaltech à l’échelle mondiale...

De ce périple, nous retenons pour notre part l’enthousiasme des passionnés de ce sujet pour en parler. Peu de jours se passent sans qu’une conférence, un salon, un débat ou table ronde ne se tiennent pour réfléchir à l’avenir du droit sous ce prisme.

Enfin, bonne nouvelle pour nous, la France a été souvent citée comme exemple par ceux que nous avons rencontrés. Nous ne serions donc pas si "gaulois réfractaires" que ça ?
Pour vous en convaincre, nous vous invitons à consulter notre guide et observatoire permanent de la legaltech. et, bien entendu à vous inscrire dès maintenant au Village de la Legaltech à Paris, co-organisé par OpenLaw et le Village de la Justice.

Propos recueillis par Nathalie Hantz
Rédaction du Village de la justice.

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Notes de l'article:

[1Retrouvez nos précédentes escales : États-Unis, Afrique, Espagne, Chine, Allemagne, Belgique et Russie.

[2Phase d’investigation et d’instruction préalable au procès civil et commercial.

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