CDD : il est possible de signer un CDD avec une signature manuscrite numérisée.

Par Frédéric Chhum, Avocat.

1327 lectures 1re Parution: 4.2  /5

Explorer : # signature manuscrite numérisée # contrat à durée déterminée # requalification en cdi # validité juridique

Selon l’article L1242-12, alinéa 1, du Code du travail, le contrat de travail à durée déterminée est établi par écrit et comporte la définition précise de son motif. A défaut, il est réputé conclu pour une durée indéterminée.

-

Doit être approuvée la cour d’appel qui, après avoir énoncé que l’apposition d’une signature sous forme d’une image numérisée ne pouvait être assimilée à une signature électronique au sens de l’article 1367 du Code civil et constaté qu’il n’était pas contesté que la signature en cause était celle du gérant de la société et permettait parfaitement d’identifier son auteur, lequel était habilité à signer un contrat de travail, en a déduit que l’apposition de la signature manuscrite numérisée du gérant de la société ne valait pas absence de signature, en sorte que la demande de requalification du contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée devait être rejetée [1].

1) Faits et procédure.

M. [N] a été engagé par la société Vergers des Verries le 4 octobre 2017 suivant contrat à durée déterminée saisonnier aux fonctions d’exécutant occasionnel.

Par lettre du 5 octobre 2017, le salarié a « pris acte » de la rupture du contrat de travail estimant que le lien de confiance était rompu du fait de la transmission pour signature d’un contrat de travail comportant une signature de l’employeur photocopiée et non manuscrite.

Le 14 décembre 2017, il a saisi la juridiction prud’homale d’une demande de requalification du contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée et de demandes se rapportant à la rupture du contrat.

2) Moyen.

Le salarié fait grief à l’arrêt de le débouter de ses demandes en paiement d’une indemnité de requalification de contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée, de dommages-intérêts pour licenciement abusif et d’une indemnité compensatrice de préavis, outre congés payés afférents, alors :

« 1° / qu’une signature manuscrite scannée n’est ni une signature originale, ni une signature électronique et n’a aucune valeur juridique ; qu’en l’absence de signature régulière par l’une des parties, le contrat à durée déterminée n’est pas considéré comme ayant été établi par écrit et, par suite, est réputé conclu pour une durée indéterminée ; qu’en l’espèce, en repoussant la demande de requalification du contrat de travail à durée déterminée en un contrat de travail à durée indéterminée aux motifs que l’apposition sur le contrat de l’image numérisée de la signature n’équivalait pas à une absence de signature de l’employeur et n’aurait ni affecté la validité formelle du contrat, ni contrevenu aux règles qui précèdent, la cour d’appel a violé l’article L1242-12 du Code du travail, ensemble l’article 1367 du Code civil.

2°/ qu’en retenant encore, pour statuer comme elle l’a fait, que M. [N] avait signé le contrat de travail à durée déterminée dont il demandait la requalification, qu’il n’était pas contesté que la signature dont l’image était reproduite sur le contrat de travail était celle du gérant de la société Vergers des Verries, lequel était habilité à le signer, peu important le procédé technique utilisé, et permettait d’identifier clairement le représentant légal de la société, la cour d’appel, qui a statué par des motifs inopérants, la cour d’appel a violé l’article L1242-12 du Code du travail, ensemble l’article 1367 du Code civil ».

3) Réponse de la Cour.

Selon l’article L1242-12, alinéa 1, du Code du travail, le contrat de travail à durée déterminée est établi par écrit et comporte la définition précise de son motif. A défaut, il est réputé conclu pour une durée indéterminée.

La Cour d’appel d’Angers, après avoir énoncé que l’apposition d’une signature sous forme d’une image numérisée ne pouvait être assimilée à une signature électronique au sens de l’article 1367 du Code civil et constaté qu’il n’était pas contesté que la signature en cause était celle du gérant de la société et permettait parfaitement d’identifier son auteur, lequel était habilité à signer un contrat de travail, en a exactement déduit que l’apposition de la signature manuscrite numérisée du gérant de la société ne valait pas absence de signature, en sorte que la demande de requalification devait être rejetée.

4) Analyse.

C’est la première fois à notre connaissance que la Cour de cassation devait trancher cette question.

Faute de comporter la signature de l’une des parties, les CDD ne peuvent être considérés comme ayant été établis par écrit et sont réputés conclus pour une durée indéterminée [2].

Si certains CDD litigieux ne sont pas revêtus de la signature de l’employeur, cela entraîne une requalification en CDI de la relation de travail [3].

Le salarié avait « pris acte » de la rupture du contrat de travail estimant que le lien de confiance était rompu du fait de la transmission pour signature d’un contrat de travail comportant une signature de l’employeur photocopiée et non manuscrite.

Le salarié plaidait qu’une signature manuscrite scannée n’est ni une signature originale, ni une signature électronique et n’a aucune valeur juridique.

Qu’en l’absence de signature régulière par l’une des parties, le contrat à durée déterminée n’est pas considéré comme ayant été établi par écrit et, par suite, est réputé conclu pour une durée indéterminée.

Qu’en l’espèce, en repoussant la demande de requalification du contrat de travail à durée déterminée en un contrat de travail à durée indéterminée aux motifs que l’apposition sur le contrat de l’image numérisée de la signature n’équivalait pas à une absence de signature de l’employeur et n’aurait ni affecté la validité formelle du contrat, ni contrevenu aux règles qui précèdent, la Cour d’appel d’Anger avait violé l’article L1242-12 du Code du travail, ensemble l’article 1367 du Code civil.

Cette position était assez audacieuse.

Toutefois, la Cour de cassation ne suit pas le salarié.

Elle affirme que « l’apposition de la signature manuscrite numérisée du gérant de la société ne valait pas absence de signature ».

Cette solution est favorable aux employeurs, la Cour de cassation voulant faciliter la vie de ses derniers, lors de la signature des CDD.

Source.

C. cass. 14 dec. 2022, n° 21-19.841.

Frédéric Chhum avocat et ancien membre du Conseil de l\’ordre des avocats de Paris (mandat 2019 -2021)
CHHUM AVOCATS (Paris, Nantes, Lille)
chhum chez chhum-avocats.com
www.chhum-avocats.fr
http://twitter.com/#!/fchhum

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

5 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

Notes de l'article:

[1C. cass. 14 déc. 2021, n° 21-19.841.

[2C. cass. 14 nov. 2018, n°16-19.038.

[3C. cass. 9 dec. 2020, n°19-16.138.

A lire aussi :

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27877 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs