Comment exercer un recours contre le refus de naturalisation ?

Par Mourad Medjnah, Avocat.

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Explorer : # recours hiérarchique # recours contentieux # refus de naturalisation # ajournement

Les demandes qu’acquisition de la nationalité française par naturalisation sont déposées auprès de la Préfecture du lieu de domicile du demandeur.

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Si le Préfet considère que la demande ne peut pas aboutir, il lui appartient de notifier soit une décision défavorable d’irrecevabilité s’il estime que l’intéressé ne satisfait pas aux conditions prévues par la loi dans le cadre d’une naturalisation, soit une décision de rejet ou d’ajournement s’il estime qu’une naturalisation n’est pas possible eu égard à la situation personnelle du demandeur. En revanche, s’il décide d’accorder la nationalité au demandeur, le Préfet rédige une proposition de naturalisation qu’il intègre dans le dossier et transmet le tout au ministre de l’Intérieur, ministre chargé des naturalisations, qui statue in fine sur la demande en question.
Le ministre peut soit donner satisfaction au demandeur, soit considérer que sa naturalisation ne peut aboutir et lui notifie donc une décision d’irrecevabilité, de rejet ou d’ajournement.

I.- Recours hiérarchique obligatoire.

S’il entend contester la décision de refus de naturalisation, le demandeur doit obligatoirement adresser un recours hiérarchique au ministre chargé des naturalisations [1] dans un délai de deux mois à compter de la notification de la présente décision, le cachet de La Poste faisant foi.
Le caractère obligatoire de ce recourir signifie qu’en l’absence de recours hiérarchique préalable, le recours contentieux sera déclaré irrecevable.
A l’appui de ce recours, le demandeur doit exposer les raisons pour lesquelles il demande un réexamen de la décision de refus, qui se fera sur le fondement de la situation de droit et de fait du demandeur à la date de la décision du ministre.

II.- Recours contentieux devant le tribunal administratif de Nantes.

Dans le cas où le ministre rejette le recours hiérarchique – autrement dit, s’il confirme la décision de refus rendue par le préfet – ou s’il garde le silence durant le délai de quatre mois suivant le recours hiérarchique, le demandeur est alors en droit d’exercer un recours pour excès de pouvoir contre la décision de refus de naturalisation devant le tribunal administratif de Nantes.
Le délai pour exercer ce recours contentieux est de deux mois à compter de la notification de la décision du ministre, ou de deux mois à la suite du silence de quatre mois du ministre.
Il est vivement conseillé de se faire assister et représenter par un avocat dans le cadre de cette procédure judiciaire.

III.- Ajournement.

Il arrive fréquemment que le préfet ou le ministre chargé des naturalisations (ministre de l’Intérieur) prononce l’ajournement de la demande de naturalisation.
Le ministre peut aussi décider d’ajourner la demande de naturalisation alors même que le préfet a émis une proposition favorable.
La décision d’ajournement de la demande de naturalisation doit être motivée [2]. Elle peut être motivée par différentes raisons : comportement répréhensible de l’intéressé fondé sur des renseignements défavorables (par exemple, de la police ou de la gendarmerie), étant précisé que la circonstance que ces faits qui lui sont reprochés n’ont pas donné lieu à des poursuites pénales ne fait pas obstacle à leur prise en considération par le ministre dans sa décision ; la faiblesse ou l’absence de ressources de l’intéressé, son défaut d’assimilation ; ou encore son niveau d’insertion professionnelle.
La décision d’ajournement de la demande de naturalisation peut fixer un délai d’ajournement (deux ans le plus souvent), ou bien imposer une condition. Elle peut être attaquée devant le juge administratif dans les mêmes formes qu’une décision de rejet. Le juge vérifiera alors si la décision d’ajournement n’est pas entachée d’une erreur manifeste d’appréciation, d’une erreur de droit ou de fait, ou si elle est constitutive d’un détournement de pouvoir.

Mourad Medjnah
Avocat au Barreau de Paris
Cabinet Medjnah

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[1Ministère de l’Intérieur sis 12 rue Francis Le Carval – 44404 REZE CEDEX 04

[2art. 27 du Code civil

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  • Bjr maître ayant déposé deux dossier de naturalisation à Nice 2 fois refusé j ai déposé une autre demande auprès du tribunal administratif tjrs refusé prétendant un manque affectif mon épouse ne prouve pas sa nationalité alors qu elle est de nationalité française et de ne pas avoir donné min casier judiciaire alors qu on me l’a pas demandé que dois je faire après plusieurs refus j ai 32 ans je travaille comme agent de sécurité un cahier vierges un travail cdi je vis avec mon épouse sous le même toi depuis 2018 en vous remerciant cordialement mr kouyo

    • par Medjnah , Le 1er mai à 21:50

      Monsieur,

      Vous avez sollicité auprès de l’administration l’acquisition de la nationalité française dans la mesure où votre épouse est de nationalité française. Par deux fois, l’administration a rejeté votre demande. Le tribunal administratif a aussi rejeté votre requête dans le cadre de votre recours contentieux au motif que le lien affectif avec votre épouse n’est pas suffisamment démontré.
      Dans les deux cas, vos dossiers n’étaient pas suffisamment solides tant vis-à-vis de l’administration que du juge.
      Devant l’administration, vous vous êtes sans doute contenté de fournir, en toute transparence, les pièces figurant dans la liste fournie par la préfecture. Or, il est important de savoir que cette liste est la même pour tous les demandeurs alors que tous n’ont pas la même situation. Cette liste est ainsi insuffisante par nature, ce qui aboutit logiquement à un résultat négatif. C’est, me semble-t-il, stratégiquement voulu par l’État pour raisons politiques restrictives, parfaitement assumées.
      Devant le juge, là encore votre dossier ne devait pas contenir toutes les preuves suffisantes visant à démontrer la sincérité du mariage, la réalité de la communauté de vie et des liens affectifs au sein du couple. Si vous avez été représenté par un avocat, sachez que chaque avocat a sa propre stratégie juridique selon ses compétences et son savoir-faire. D’un avocat à un autre, votre dossier n’est pas géré de la même manière. Le problème n’est donc pas du côté du tribunal.
      Quelle serait alors la solution sachant que vous avez, en principe, droit à la nationalité française en raison de votre mariage avec une épouse française ?
      Que ce soit devant l’administration ou devant le juge, vous devez faire le bon choix de l’avocat censé défendre vos intérêts. Il faut choisir un avocat spécialiste du droit de la nationalité française, et non pas un avocat généraliste en droit des étrangers.
      Le cabinet MEDJNAH, pour sa part, intervient spécialement en matière de Naturalisation & Visa.
      Je vous suggère donc de solliciter les services d’un avocat spécialisé qui saura constituer une nouvelle demande de naturalisation et/ou vous défendre devant le tribunal en cas de refus de l’administration.
      Pour des raisons de confidentialité, vous pouvez me contacter par messagerie privée. Les coordonnées du cabinet MEDJNAH sont largement diffusées sur Internet.

      Maître Mourad MEDJNAH
      Avocat Visa & Naturalisation

  • Dernière réponse : 21 février à 21:38
    par ghizlane , Le 7 octobre 2024 à 14:53

    Bonjour Maitre,

    voila la situation , 09/02/2023 dépôt de dossier sur plateforme administration-etrangers-en-france.interieur.gouv.fr
    04/09/2024 je reçois la demande de complément de dossier
    12/09/2024 j’ai envoyé le complément de dossier
    07/10/2024 décision de ne pas donner suite à ma demande comme quoi ils ont pas reçu le complément de dossier !!!!
    qu’est ce que je dois faire dans ce cas

    merci d’avance

    • par Maître Mourad MEDJNAH , Le 7 octobre 2024 à 17:00

      Madame, Monsieur,

      Suite au dépôt de votre dossier de demande de naturalisation sur la plateforme "NATALI", la préfecture vous a notifié par voie électronique une décision d’irrecevabilité de votre demande.

      Vous avez deux mois pour contester cette décision préfectorale au moyen d’un recours hiérarchique auprès de la SDANF du ministère de l’intérieur et des outre-mer.

      Il est vivement conseillé de solliciter les services d’un avocat intervenant spécialement en matière de naturalisation, à l’instar du cabinet MEDJNAH, dans la mesure où la contestation doit se fonder principalement sur des arguments juridiques.

      Pour des raisons de confidentialité des échanges, je vous propose de me contacter en privée. Les coordonnées du cabinet MEDJNAH sont largement diffusées sur Internet. Vous n’aurez aucun mal à les trouver.

      Maître Mourad MEDJNAH
      Avocat Visa & Naturalisation
      Cabinet MEDJNAH
      13, rue de la Jonquière 75017 PARIS

    • Bonsoir,
      Je suis dans le même cas que vous.
      Je compte contester cette décision.
      Qu’avez-vous fait à la suite de ce refus ?
      Quelles ont été vos démarches ?
      Merci par avance de votre retour.

    • Monsieur,

      De plus en plus de demandeurs se plaignent de se voir notifier une décision irrecevabilité de leur demande de naturalisation sous prétexte que l’administration prétend ne pas avoir reçu les pièces complémentaires qu’elle a demandées dans un lettre de complétude du dossier, alors même que les demandeurs concernés affirment qu’ils ont bien transmis lesdites pièces dans les délais impartis.
      L’administration les a-t-elle bien réceptionnées ? En cas de réception, les a-t-elle prise en compte ? Ont-elles été égarées ?
      Dans la majorité des cas, la transmission de ces pièces complémentaires peut être aisément prouvée, puisqu’elle s’opère généralement voie électronique via la plateforme NATALI dédiée aux demandes de naturalisation.
      La preuve étant acquise, il est alors vivement conseillé de contester la décision d’irrecevabilité :
      - soit par le biais d’un recours hiérarchique auprès du ministre chargé des naturalisations, si la décision contestée a été rendue par la préfecture ;
      - soit par le biais d’un recours contentieux devant le tribunal administratif de Nantes, si la décision contestée émane du ministre de l’intérieur.
      Dans les deux cas, il faut impérativement respecter le délai de contestation de deux mois, à peine d’irrecevabilité du recours.
      Et surtout, il est vivement conseillé de se faire assister d’un avocat intervenant spécialement en matière de naturalisation (à bien distinguer des avocats généralistes en droit des étrangers) dans le cadre de ces procédures dans la mesure où la matière est éminemment complexe sur le plan juridique.
      Si vous souhaitez solliciter les services du cabinet MEDJNAH, il est important de le faire par messagerie privée pour des raisons de confidentialité. Les coordonnées du cabinet MEDJNAH sont largement diffusées sur Internet.

      Maître Mourad MEDJNAH
      Cabinet MEDJNAH
      Avocat Visa & Naturalisation
      13, rue de la Jonquière 75017 PARIS

  • par Rim Khader , Le 20 décembre 2024 à 15:19

    Bonjour Maître,

    Je suis actuellement doctorante, apatride (Palestinienne de Jérusalem et donc dépourvue de nationalité) et enseignante sous contrat CDDU à l’Institut Catholique. Mon contrat prévoit un maximum de 6 heures par semaine, ce qui correspond à un revenu mensuel de 750 € ou 500 €, selon le nombre d’heures effectuées, de septembre à juin.

    Je reconnais que ma situation professionnelle n’est pas idéale, mais je poursuis également une thèse après avoir obtenu deux masters en France ainsi qu’une licence, et après avoir séjourné en France pendant neuf ans au total. Je pensais que mon statut d’apatride serait pris en considération, mais j’ai reçu, deux semaines après mon entretien, une décision d’ajournement motivée par l’insuffisance de mon insertion professionnelle (ressources instables et insuffisantes).

    Pensez-vous qu’un recours pourrait m’aider, soit en permettant un réexamen de mon dossier, soit en réduisant le délai de deux ans ? Par ailleurs, si je trouve un emploi plus stable et augmente mes ressources, cela pourrait-il renforcer ma situation ? Estimez-vous qu’un recours accompagné par un avocat pourrait offrir une chance d’aboutir à une décision favorable ?

    Je vous remercie par avance pour vos conseils et votre aide.
    Cordialement,
    Rim

  • Bonjour Maître,
    J’ai déposé ma demande de naturalisation en janvier 2022. Il y a 4 mois, j’ai reçu une lettre de rejet de la demande avec la motif suivant : "vous êtes défavorablement connu par le service de Police et Judiciaire". J’ai 31 ans, j’ai deux casiers judiciaire vierges, j’ai étudié le master 2 (diplome français) et je suis venue en France en 2016. Actuellement en CDI depuis 2018 et je n’avais jamais le problème au niveua de la Police et judiciaire.
    J’ai fait le recours en envoyant les casiers judiciaires mais depuis 29 mai, je n’ai aucun réponse. Quoi peux-je faire à votre avis ?
    Merci bien d’avance

    • par Maître Mourad MEDJNAH , Le 2 octobre 2024 à 15:42

      Cher Monsieur,

      Dans le cadre de votre demande de naturalisation par décret, le ministre chargé des naturalisations a rejeté votre recours hiérarchique et a donc confirmé l’ajournement que vous a opposé le préfet dans sa décision préfectorale pour les faits qui vous sont reprochés.

      A présent, vous pouvez choisir de contester la décision du ministre par le biais d’un recours contentieux devant le tribunal administratif de Nantes. Attention ! le délai de recours contentieux est limité à deux mois à compter de la date de notification de la décision de rejet du ministre.

      Je vous suggère de mon contacter en privée pour des raisons de confidentialité, si vous souhaitez que mon cabinet prenne en charge votre dossier dans le cadre de ce recours. Mes coordonnées sont largement diffusées sur Internet, vous les trouverez donc facilement.

      Votre bien dévoué.

      Maître Mourad MEDJNAH
      Avocat Visa & Naturalisation

  • Bonjour Maître,

    Je vous contacte concernant ma demande de naturalisation par décret qui dépasse le délai légal sans réponse de l’administration.
    Date de dépôt : septembre 2022, avec attestation de dépôt et numéro de dossier.
    Selon l’article 21-25-1 du Code civil, l’administration avait 18 mois pour statuer, délai expiré en mars 2024. À ce jour, en septembre 2024, je n’ai reçu aucune réponse de l’administration. Mes démarches auprès de la préfecture restent sans réponse ou se limitent à des messages automatiques indiquant que mon dossier est "en cours d’instruction".
    Mes questions :
    L’absence de réponse de l’administration après le délai légal de 18 mois est-elle considérée comme un refus implicite de ma demande de naturalisation ?
    Quels recours puis-je engager pour obtenir une décision de l’administration ?
    Est-il judicieux d’envoyer une mise en demeure à la préfecture pour qu’elle statue sur ma demande ?

    Je vous remercie par avance pour votre aide.

    • par Maître Mourad MEDJNAH , Le 25 septembre 2024 à 16:40

      Madame, Monsieur,

      Vous avez déposé à la préfecture une demande de naturalisation par décret, sans doute par voie électronique via votre compte personnel sur la plateforme NATALI dédiée aux demandes de naturalisations.

      Après plus de 18 mois d’attente, les services préfectoraux n’ont toujours pas répondu.

      Bien que le délai d’attente soit anormalement long, cette absence de réponse n’équivaut pas pour autant à une décision implicite de rejet de votre demande à ce stade de la procédure, puisque votre dossier est toujours "en cours d’instruction".

      Afin d’accélérer le traitement de votre demande, il y a deux options possibles à travers les services d’un avocat intervenant spécialement en matière de naturalisation :
      - d’abord notifier une correspondance officielle d’avocat mettant en demeure la préfecture de rendre sa décision dans les meilleurs délais ;
      - à faut de réponse, porter l’affaire devant le juge des référés pour obtenir un injonction de faire.

      Si vous souhaitez me contacter, en privé, les coordonnées du cabinet MEDJNAH sont largement diffusées sur Internet.

      Maître Mourad MEDJNAH
      Avocat Visa & Naturalisation

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