Focus sur les événements organisés lors de la Journée nationale de la relation magistrats-avocats.
Plusieurs acteurs, plusieurs événements, plusieurs formats... partout en France !
De nombreux barreaux et juridictions se sont mobilisés conjointement le 21 mars 2024, partout sur le territoire national, pour que les magistrats, personnels de greffe et avocats, se retrouvent pour échanger et partager sous la forme de petits-déjeuners, débats, projections de films, « battles », quiz, conférences... L’objectif ? Que ces professionnels qui travaillent ensemble au quotidien se connaissent mieux, se comprennent mieux, échanger sur des sujets d’intérêt partagé afin de réaliser un travail collectif plus efficient et fluide auprès des justiciables.
Retrouvez l’allocution d’ouverture de cette journée prononcée par Christophe Soulard, premier président de la Cour de cassation ici.
Entretien avec Jean-Raphaël Fernandez, Président de la Conférence des Bâtonniers.
Village de la Justice : Quelles ont été les motivations à la mise en œuvre de cette journée ?
Jean-Raphaël Fernandez : « La mise en place de cette journée nationale, à l’initiative du Conseil consultatif conjoint de déontologie de la relation magistrats-avocats [1], est motivée par plusieurs raisons. Elle vise tout d’abord à renforcer les liens entre ces professions clés de notre grande famille judiciaire. En favorisant les échanges et les interactions entre avocats, magistrats et personnels de greffe, cette journée a également pour but de promouvoir une meilleure compréhension mutuelle et d’instaurer un climat de confiance propice à un fonctionnement harmonieux de la Justice ».
Comment cela se fait-il qu’une telle journée de rencontre n’ait pas déjà eu lieu alors que ces professionnels (avocats, greffiers, magistrats) se côtoient au quotidien ?
« Des initiatives similaires à cette journée ont pu exister par le passé, mais à une échelle plus restreinte. Étant donné l’importance de renforcer les liens et la collaboration au sein de la communauté juridique à l’échelle nationale, il était nécessaire d’étendre cette initiative à tout le territoire.
La mise en place d’une journée nationale, telle que celle proposée par le Conseil consultatif conjoint de déontologie de la relation magistrats-avocats, permet de rassembler l’ensemble des professionnels du droit, quel que soit leur lieu d’exercice, et de favoriser ainsi une interaction plus large et diversifiée. L’extension de cette initiative à tout le territoire national répond à un besoin de cohésion et de collaboration à une échelle plus vaste, permettant ainsi de renforcer l’unité au sein de cette famille judiciaire.
La famille judiciaire a aussi connu des épisodes douloureux ou des oppositions ont vu le jour entre certains professionnels et cette journée entend aussi participer à promouvoir toutes les initiatives de nature à éviter que de tels événements ne se reproduisent.
Les 163 barreaux de l’Hexagone et des Outre-mer, membres de la Conférence des bâtonniers, ont d’ailleurs largement répondu présents à cette initiative, démontrant ainsi leur adhésion et leur enthousiasme pour cette journée d’échange et de dialogue. Leur participation active renforce la dimension nationale de l’événement. À titre d’exemple, certains barreaux organisent des petits déjeuners avec quizz croisé de culture juridique par équipes avocats/magistrats, des tables rondes sur divers sujets, des débats, ou encore un échange de profession où magistrats et avocats inverseront leur rôle durant une demi-journée ».
Que signifie, pour les professionnels conviés, une telle journée d’échange ?
« Pour les professionnels conviés, une telle journée d’échange revêt une grande importance. Elle leur offre l’opportunité de se réunir dans un cadre plus informel, mais tout autant constructif, loin des contraintes et des tensions du quotidien judiciaire. C’est l’occasion de faire connaissance, de partager des expériences, des points de vue et des bonnes pratiques, mais aussi de discuter des défis et des enjeux auxquels ils font face dans leur pratique professionnelle. Ces deux professions font aussi face à des difficultés importantes : manque de moyens, charge de travail sans précédent, conditions de travail difficiles… qui ont une incidence forte sur les professionnels et il est important qu’ils puissent parler sur tout cela.
Cette journée permet également de renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté professionnelle et de valoriser le rôle essentiel que chacun joue dans le fonctionnement de la Justice ».
De façon plus générale, quels sont les objectifs attendus d’une telle initiative ? À quelles problématiques répond-elle ?
« Les objectifs attendus d’une telle journée sont multiples. Tout d’abord, elle vise à promouvoir la collaboration et la coopération entre avocats, magistrats et greffiers, afin d’améliorer la qualité et l’efficacité du service rendu aux justiciables. Elle cherche également à sensibiliser les professionnels aux enjeux éthiques et déontologiques qui sous-tendent leur pratique, en mettant en lumière les meilleures pratiques en la matière.
De plus, en favorisant le dialogue et le partage d’expérience, cette journée contribue à renforcer la confiance du public dans le système judiciaire et à promouvoir une culture de transparence et d’intégrité ».
Une telle initiative est-elle amenée à se reproduire régulièrement ?
« Quant à la pérennité de cette initiative, tout dépendra de son succès et de l’engouement qu’elle suscitera auprès des professionnels du droit. Si la première édition de la journée nationale s’avère être un succès et répond aux attentes des participants, il est fort probable qu’elle soit amenée à se reproduire. Cela permettrait de consolider les liens entre les professionnels du droit, de promouvoir une culture de collaboration et de contribuer ainsi à l’amélioration continue du système judiciaire ».
Discussions en cours :
Excellente initiative à propos des rapports devant exister entre les différents professionnels du droit . On place toujours le focus sur les relations magistrats - avocats mais il y a un rouage essentiel dans le monde judiciaire qui est le corps des greffiers et directeurs des services de greffe judiciaires qui à mon sens ne sont pas considérés à leur juste valeur, or leur rôle est fondamental en matière de procédure. Ils devraient être associés de façon plus représentative dans la marche et l’avancement de la vie de la famille judiciaire. Claude Volny-Anne - Greffier en chef retraité du Parquet Autonome de Paris.
Bonjour,
en effet, si dans l’intitulé de cette journée les greffiers n’étaient pas précisément nommés (peut-être pour une question de longueur de "titre"), mais, comme vous pouvez le lire dans cet article et cette interview, ils étaient bien inclus dans ces rencontres et échanges. Ces derniers ayant aussi un rôle à jouer pour un fonctionnement efficient de la Justice.
La rédaction du Village de la Justice.