Il s’agit ici de comprendre la réalité, cultiver son humilité, accepter la difficulté et maitriser l’art de la concession.
Je partage ici ma propre erreur d’avoir orgueilleusement ou désespérément imaginé qu’une ville comme Londres pouvait potentiellement avoir besoin d’une juriste française fraichement diplômée d’un Master 2 en droit pour booster son économie. Après tout, j’étais juriste civiliste, maitrisant l’une des langues les plus parlées au monde et un système juridique diffèrent du leur. Et pourtant…
La réalité est la suivante : arriver dans un marché de l’emploi étranger vous fait tomber dans une concurrence insoupçonnée bien loin de simplement rassembler les autres français/francophones ayant un profil similaire au vôtre.
Considérons l’hypothèse d’une offre de juriste d’entreprise au Royaume-Uni ne nécessitant aucune compétence linguistique particulière. Un juriste français y répondant sera confronté à une concurrence provenant de :
Moi Plus Toi (les juristes francophones = les profils similaires)
Plus Nous (les juristes anglais = les profils locaux)
Plus Tous ceux qui le veulent (les juristes européens, les juristes de pays de Common Law (Australie, Nouvelle-Zélande) = les profils substituables )
(Au passage – j’espère que vous avez reconnu la référence musicale. 😊)
Ce déséquilibre entre l’offre et de la demande vient appuyer le fait que rechercher une opportunité juridique internationale (et particulièrement la première) n’est pas une mince affaire, d’où l’importance de demeurer humble dans son approche et accepter que ce cheminement devienne difficile, avec des résultats qui trainent en longueur.
Une fois que l’on comprends que le monde du travail étranger ne nous appartient pas encore, un changement d’attitude et de positionnement intervient presque naturellement.
Nous devenons en effet plus enclin à faire des concessions. D’ailleurs le premier pas vers une carrière à l’étranger rime souvent avec :
Considérer des offres non satisfaisantes (parce que précaires, peu rémunératrices ou non conforme à nos attentes immédiates)
Considérer des offres dans des villes autres que celles souhaitées (au Royaume-Uni il est évident que Londres est probablement plus prisée que Manchester ou Liverpool.
Considérer les opportunités convertibles (par exemple commencer par un emploi en deçà de ses compétences en contrepartie d’une perspective d’évolution en fonction des résultats)
Ne se fermer aucune porte. Par exemple, les anglais sont parfois disposés à créer des offres ou aménager des postes existants lorsque le candidat les a particulièrement convaincu (ceci est arrivé à trois personnes de mon réseau Londonien, une fois n’est pas coutume, mais ce phénomène semble ressembler de plus en plus à une possibilité probante)
Alors certes, ce n’est pas l’idéal, mais la maitrise de la concession est à mon sens essentielle car elle vous permet de développer une patience et de ne négliger aucune opportunité de réussite future pour des raisons de confort ou considérations matérielles, finalement sans grande importance dans la construction d’un projet de carrière.
En effet, le développement d’une carrière juridique même à l’étranger est souvent l’objet d’une vision à long terme ce qui vient nécessairement contrecarrer tout souhait de pouvoir bénéficier d’une gratification instantanée.
Cette notion de vision à long terme se valide également dans le développement de votre réseau à l’étranger qui constituera la dernière partie de cette saga dédiée à la réussite de tout projet d’expatriation pour les juristes.
A très vite pour le dernier billet !