Réseaux sociaux : gare aux clauses abusives !

Par Jean-Baptiste Belin, Avocat.

3111 lectures 1re Parution: 4.57  /5

Explorer : # clauses abusives # réseaux sociaux # conditions générales d'utilisation # données personnelles

La Commission des clauses abusives a publié le 7 novembre 2014 une liste de 46 recommandations sanctionnant les abus présents dans les conditions générales d’utilisation des réseaux sociaux. De quoi invalider une grande partie des engagements souscrits par les utilisateurs.

-

Symbole de la lutte contre les inégalités contractuelles, les clauses abusives désignent les clauses qui créent « un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties aux contrats », c’est-à-dire entre le réseau social et l’internaute (au détriment de ce dernier bien évidemment).

Aux côtés du gouvernement et des juges, la Commission des clauses abusives a donc pour mission d’identifier les clauses abusives présentes dans les contrats entre professionnels et consommateurs : lorsqu’une clause est abusive, elle est considérée comme nulle et donc privée d’effet.

Après la croissance exponentielle des réseaux sociaux ces dernières années, la Commission des clauses abusives a donc disséqué les conditions générales d’utilisation proposées par les principaux fournisseurs de services de réseaux sociaux. Même si ces documents ne sont pratiquement jamais lus par les internautes-consommateurs (qui ont de toute manière bien conscience de l’impossibilité d’entamer une négociation avec Facebook ou Twitter…), ils n’en possèdent pas moins une réelle valeur juridique puisqu’ils encadrent l’utilisation du réseau social.

Le résultat de l’étude est plutôt édifiant puisqu’une quarantaine de clauses sont déclarées abusives.

D’une part, la Commission des clauses abusives relève une forte absence de lisibilité des conditions générales d’utilisations proposées aux internautes. Ainsi, les conditions générales d’utilisation proposées dans une langue étrangère, les clauses faisant référence de manières imprécise à différents types de documents ((charte, politique de confidentialité, politique d’utilisation, règles de communauté), ou les clauses rédigées de manière confuse sont déclarées abusives.

En effet dès lors que le contenu des conditions générales d’utilisation n’est pas aisément compréhensible par un internaute, il est en effet possible de douter de la validité du consentement de l’internaute, faute pour ce dernier de comprendre la réelle signification de ses engagements.

Ainsi, sont également déclarées abusives : (i) les clauses qui présument le consentement des utilisateurs aux conditions générales d’utilisation du seul fait qu’il utilise le réseau, ou encore (ii) les clauses qui confèrent un pouvoir discrétionnaire au fournisseur du réseau (le droit de modifier unilatéralement les conditions générales d’utilisation ou de résilier unilatéralement le contrat par exemple).

D’autre part, la Commission des clauses abusives retient le caractère abusif des clauses affirmant ou sous-entendant la gratuité du service, c’est-à-dire l’absence de contrepartie. Si le bon sens commande de se méfier de la gratuité d’un service en général, c’est particulièrement vrai sur internet où chaque site, moteur de recherche ou réseau social recèle une multitude de programmes ayant pour finalité de capter le maximum d’informations sur l’internaute. Ainsi pour la Commission des clauses abusives, l’utilisateur d’un réseau social qui livre ses données de navigation à l’exploitant du service fournit bien une « une contrepartie qui s’analyse en une rémunération ou un prix potentiellement valorisable par le professionnel  ».

On voit donc que le statut juridique des données reste encore à écrire puisque les règles existantes (droit de propriété ? protection de la vie privée ?) peinent à encadrer de manière exhaustive l’ensemble des usages opérés sur les données de tous types collectées sur internet. Une fois encore, le droit est donc en retard sur la pratique, sans pour autant freiner véritablement la monétisation progressive des données par les internautes.

Jean-Baptiste Belin
Avocat
Cabinet Staub & Associés

Recommandez-vous cet article ?

Donnez une note de 1 à 5 à cet article :
L’avez-vous apprécié ?

35 votes

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion (plus d'infos dans nos mentions légales).

A lire aussi :

Village de la justice et du Droit

Bienvenue sur le Village de la Justice.

Le 1er site de la communauté du droit: Avocats, juristes, fiscalistes, notaires, commissaires de Justice, magistrats, RH, paralegals, RH, étudiants... y trouvent services, informations, contacts et peuvent échanger et recruter. *

Aujourd'hui: 156 340 membres, 27875 articles, 127 257 messages sur les forums, 2 750 annonces d'emploi et stage... et 1 600 000 visites du site par mois en moyenne. *


FOCUS SUR...

• Assemblées Générales : les solutions 2025.

• Avocats, être visible sur le web : comment valoriser votre expertise ?




LES HABITANTS

Membres

PROFESSIONNELS DU DROIT

Solutions

Formateurs