Rédaction du village

Cette génération ayant validé un Master II en Droit, mise sur la touche du marché de l’emploi...

Voici une tribune de Vanessa Desterbecq, Consultante du cabinet de recrutement TeamRH, sur une problématique très actuelle...

En tant que professionnels du recrutement, nous faisons aujourd’hui le (triste) constat qu’une grande partie des jeunes diplômés d’un Master II en Droit ne trouvent pas de poste à l’issue de leur formation universitaire.
A croire que le marché de l’emploi ne veut pas d’eux … Pourtant ils existent, et ils sont nombreux !

A l’issue de son Master II en Droit International, Eric cherche un poste de juriste. L’idéal pour lui est de pouvoir rejoindre une structure internationale qui va lui permettre de mettre en pratique ses acquis théoriques.
En pratique, Eric va devoir surmonter de nombreux obstacles avant d’être embauché en CDI à un poste de juriste qui lui plaît vraiment.

I. « Pas assez/ trop qualifié »

Certes, Eric aura pu bénéficier d’une convention de stage de plusieurs mois dans le cadre de sa formation universitaire. Ce stage lui aura permis d’appréhender l’aspect pratique de son futur métier de juriste. Néanmoins, ce stage n’est pas reconnu par les recruteurs comme une « véritable » expérience pouvant être valorisée ; sans doute à cause des tâches couramment confiées au stagiaire qui sont trop éloignées du poste auquel il prétend.
Eric se voit alors refoulé, systématiquement, avant même tout entretien, parce qu’il n’est pas assez qualifié : « nous recherchons un juriste avec au moins 5 ans d’expérience ». Il faut bien commencer quelque part, me direz-vous !

Mais par où commencer si le stage n’est pas valorisé ?

La solution du poste un peu moins qualifié
La solution de prétendre à un poste qui requiert moins de qualifications n’est pas la bonne.
Je m’explique : postuler à un emploi d’assistant juridique alors qu’Eric est titulaire d’un Master II revient à aller acheter sa baguette de pain chez le boucher !
Que les choses soient dites, un assistant juridique n’évolue pas sur un poste de juriste parce qu’un juriste n’a potentiellement pas de connaissances/ compétences en matière de secrétariat. Et la réciproque est vraie pour l’assistant juridique qui n’a pas suivi la même formation que le juriste.
Un bon assistant juridique va savoir assister son supérieur hiérarchique dans le traitement de ses tâches administratives au quotidien. Il va développer la capacité à savoir anticiper ses besoins et à le décharger au maximum, pour que ce dernier se concentre sur l’aspect juridique des dossiers traités.
Or, l’aspect juridique évoqué est l’essence même du travail du juriste…

La solution de laisser faire un cabinet de recrutement...
La recherche de poste d’Eric étant restée infructueuse, il va se tourner vers un cabinet de recrutement, pensant que nous allons pouvoir lui trouver LE super poste auquel il rêve.
Pour autant, cette solution ne s’avère pas toujours judicieuse.
Les cabinets de recrutement ne peuvent pas faire de « miracle » avec une candidature. Le rôle du professionnel est de présenter un CV de la manière la plus complète et la plus authentique possible à son client.
Le consultant va pouvoir mettre en avant vos qualités et votre personnalité, il va pouvoir apporter des recommandations complémentaires, et enfin il va pouvoir donner son avis.
Si certains cabinets cherchent un vivier de candidats « potentiellement plaçables », les plus honnêtes vous diront que les entreprises/ cabinets ne font que rarement appel à nos services pour leurs recherches de profil junior. En effet, une simple annonce mise en ligne leur apporte suffisamment de candidatures pour qu’ils puissent trouver leur bonheur seuls.

La solution de baisser ses prétentions salariales pour être plus « attractif ».
Pensez-vous réellement qu’une entreprise va miser sur vous, vous embaucher, et vous former, parce que vos prétentions salariales sont moins importantes que celles de la personne qui a postulé avant vous ?
Je n’en suis pas convaincue du tout ! Le recruteur va privilégier un bon feeling plutôt qu’une rémunération moindre. Donc, rester soi-même est une meilleure stratégie que de baisser sa rémunération ; dans la limite du raisonnable bien entendu.

II. Moralité ?

Le premier conseil que je peux vous donner est de bien choisir votre voie. Certes, le choix de carrière se fait tôt ; mais il n’est jamais immuable. Il est possible de revoir son orientation à l’issue du Master I, voire de compléter sa formation à l’issue d’un Master II. Je pense aux concours, aux formations à distance, à l’alternance, etc… Vous avez envie de devenir avocat ? Ne laisser pas tomber le CRFPA, même après un premier échec. La persévérance est le meilleur des atouts pour tout « jeune actif » !

Les écoles spécialisées sont également de très bons tremplins pour l’avenir. Elles vous permettent de vous orienter dans un domaine qui vous intéresse, de rencontrer des professionnels en la matière, et d’accéder à des entreprises grâce à leurs partenariats.
Votre réseau, que vous aurez pu développer au fil de vos stages et rencontres professionnelles, doit être exploité au maximum. Ces contacts seront de bons conseils pour vos recherches. Et ils pourront vous faire rencontrer « les bonnes personnes ».
Enfin, pensez à l’expérience à l’étranger qui, en plus de contribuer à l’amélioration des acquis linguistiques, va vous permettre de vous découvrir sur le plan personnel.

En écrivant cet article, mon but est de vous donner quelques pistes de réflexion ; mais il en existe bien d’autres. Certains d’entre vous partageront mon point de vue ; d’autres pas. Quoi qu’il en soit, si cet article vous a permis de penser à vous, j’en suis satisfaite !

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Discussions en cours :

  • par Sara , Le 29 janvier 2021 à 19:58

    Je suis en seconde et je travail sur le métier d’avocat es ce que si vous avez le temp vous pouvez me répondre à c’est deux questions s’il vous plaît ?
    Pourquoi avez vous choisi de faire le master 2 et en quoi cela peut servir ?
    Avec quelle autre professionnel du droit êtes vous amenez à travailler ?
    Je vous remercie

  • par Bolwinkel , Le 1er novembre 2016 à 19:36

    Bonjour,

    vôtre article est saisissant de vérité, en effet je suis moi-même issu d’un cursus juridique, depuis l’obtention de mon M2 en droit international en 2014 je n’ai tout simplement pas pu trouver de poste dans le droit. Je travaille donc actuellement dans la finance et encore, j’ai du accepter un poste inférieur à mes qualifications initiales.... c’est donc du d’avoir sacrifié 5 années d’études pour terminer à 1700€ bruts...
    mes conseils : sur l’aspect international c’est pas forcément systématiquement valorisé, à l’exception peut-être de certains LLM couplés à un aspect commerce/marketing, en effet plus le temps passe et plus les besoins formulés par les entreprises ou la plupart des cabinets généralistes portent sur des profils dits "plus complets" incluant systématiquement des formations supplémentaires en commerce, informatique..etc
    _un autre truc : ouvrez votre horizon, le marché du travail français n’offre plus d’opportunités pour 80% des jeunes diplômés en droit (les 20% restant intégrant les circuits sur concours où rejoignant d’autres domaines d’activité), pensez à l’international parce que les perspectives y sont [souvent] fort intéressantes. En contrepartie cela suppose une maîtrise opérationnel de l’anglais.

  • Dernière réponse : 17 février 2016 à 15:19
    par Anonyme , Le 29 janvier 2016 à 15:29

    Bonjour,

    Bon article, intéressant. Je me retrouve bien dans la situation que vous décrivez : Master 2 de Droit obtenu mi 2013 en apprentissage, et d’importantes difficultés pour trouver un travail ensuite.

    Mais je souhaite revenir sur plusieurs points que vous analysez, avec lesquels je suis en désaccord.
    Le premier étant le voyage à l’étranger. Je suis parti 8 mois au bout du monde à l’issue de mon M2. Le droit ne s’exporte pas, j’ai donc travaillé, mais pas dans mon domaine. Et même si c’était une expérience merveilleuse d’un point de vue personnel (nous voyons la vie autrement), j’ai bien eu le temps de me rendre compte, plus d’un an après mon retour, que c’était probablement la pire erreur de toute ma vie sur un plan professionnel. Car le droit est un domaine qui évolue à une vitesse folle. A mon retour, je n’avais pas fait de droit pendant environ un an (je suis parti quelques mois après la fin de mon M2, le temps de tout préparer). Et ça, ça effraie les entreprises et les recruteurs : ils me voyaient comme étant has-been. Le voyage à l’étranger est quelque chose que je déconseille pour les juristes. Au contraire, si l’étudiant a fait une école de commerce... Là, c’est une expérience qui peut être vendue !

    A mon retour j’ai passé près d’un an à moisir chez moi sans trouver de travail. J’enchainais les petits boulots (certains à l’usine, d’autres plus intéressants comme... facteur). Cet été, j’ai trouvé un petit boulot, à peine à mi temps et payé 400€ par mois, dans une juridiction, qui stimulait mon esprit juridique, mais qui n’était pas vivable à moyen terme (puisque je n’avais plus le droit au chômage, et pas non plus au RSA activité, erreur d’avoir travaillé un mois à la Poste juste avant).

    Alors j’ai pris les devants, j’ai dépensé 700€ pour m’inscrire à l’IEJ et pour bénéficier d’une convention pour un stage de 6 mois, notamment en payant une mutuelle étudiante dont je ne bénéficie même pas dans les faits (étant parti à l’étranger plus de 6 mois je n’existe pas dans les fichiers de la CPAM et donc pas dans ceux de la SMEREB). J’ai entamé un stage très intéressant en novembre et j’en suis à la moitié. J’ai donc nettement revu mes prétentions à la baisse (et ce n’est pas facile), mais je profite au maximum de ce stage pour devenir le plus opérationnel possible et pour remettre mon CV "à jour". Avec ce stage, mon apprentissage d’un an, mon voyage à l’étranger (que je pourrai peut être enfin vendre) et mes expériences associatives, je me dis que je pourrai enfin prétendre à un "vrai" CDD. Je garde toujours le même objectif à terme (juriste d’entreprise), mais en prenant une route détournée. Tout en prenant une bouffée d’oxygène au passage. Je pense qu’un stage peut être bien valorisé auprès des futurs recruteurs, à condition de bien savoir le vendre.

    Quoi qu’il en soit la route est difficile, nous sommes bien d’accord !

    • par Guillaume , Le 29 janvier 2016 à 17:47

      Bonjour,

      Ayant obtenu mon master 2 en 2010, je me retrouve en partie dans cet article ; même si j’ai eu la possibilité de décrocher un CDI quelques mois après l’obtention de mon diplôme.

      Comme le dit l’auteur, le plus important me semble de bien choisir son master 2 en ayant à l’esprit les attentes du marché du travail. Par exemple les spécialistes en droit fiscal, droit social, droit des assurances sont assez recherchés du fait de la complexité croissante de la règlementation.

      Les profils internationaux peuvent tenter leur chance mais il faut justifier à mon avis d’une vraie expérience à l’international : année erasmus, stages,... La maîtrise d’une troisième langue après l’anglais est un plus. Les meilleurs profils peuvent tenter leur chance auprès des institutions européennes. Par exemple la BCE recrute dans toute l’Europe des juristes spécialisés en banque, assurance,...

      Bon courage !

    • par Fgo , Le 30 janvier 2016 à 08:49

      Le constat est aussi réel qu’affligeant... Alors que les spécialités en droit se multiplient, que la sélection pour accéder et obtenir un M2 en droit est sévère, les débouchés sont ... Bouchés ! A défaut de poursuivre par le canal lui aussi très sélectif des concours, pour se donner une chance supplémentaire d’intégrer un cabinet ou une entreprise (beaucoup demandent une expérience en cabinet et/ou un CAPA), les jeunes juristes sont en galère. Même avec un CAPA d’ailleurs, car intégrer un cabinet n’est pas plus simple...

      Mais avant de donner des conseils aux candidats, sans doute la profession devrait-elle revoir sa copie en termes de réglementation qui vise à verrouiller le marché en créant des barrières à l’entrée et en absorbant toute activité s’avérant prometteuse dès lors qu’elle flirte avec le droit ... Sans pour autant être toujours en mesure d’aborder la charge ! (Conseil, avoués, notariat, Mediation, ... Tout y passe !).

      Pourquoi ne pas jouer les synergies et les complémentarités en laissant à chacun sa spécialité et sa spécificité ?
      Pas sûr que la profession y perdrait.

    • par d’artagnan , Le 30 janvier 2016 à 21:36

      Bien d’accord avec l’article
      Des juristes qui cherchent du travail il y en a pléthore. Pour se distinguer il faut se spécialiser dans des domaines porteurs (le m2 carrières judiciaires, le pénal, le droit de la famille, le droit public des affaires c’est bouché ou trop vague, ), qui ne nécessitent pas de qualification difficile à obtenir (par ex, les procédures collectives sont un domaine porteur mais pour percer il faut devenir mandataire ce qui nécessite encore de lourds efforts) avec un master 2 droit bancaire/financier, de gestion de patrimoine, de droit social, de droit fiscal, de droit des ntic, immobilier urbanisme vous trouverez du travail c’est certain.
      Il est bon aussi de cultiver les doubles compétences, je fais un master droit social, je peux compléter ma formation avec une année en école de commerce spécialisée ds les rh. Je veux devenir avocat d’affaire dans un grand cabinet, je complète ma formation juridique avec une école de commerce spécialisée dans le management juridique ou un LLM.
      Enfin, dites vous bien que vous pouvez pousser vos études jusqu’à 26 ans sans être grillé et qu’il est facile de faire des prêts étudiants. Ce sont vos études qui vous permettront de capitaliser pour la suite de votre carrière, après il sera trop tard.
      Et dans tous les cas l’anglais est indispensable

    • par Anonyme , Le 2 février 2016 à 13:39

      Pour information, j’avais fait un Master 2 Droit social bien réputé (donc dans un domaine que l’on vend comme porteur à la fac). Attention, étudiants, même dans ce genre de secteur les places sont chères et le chômage présent à la sortie.

    • par Sophie , Le 2 février 2016 à 16:25

      Bonjour,

      je me retrouve tout à fait dans cet article
      Je suis diplômée depuis l’année de 2013 d’un M2 droit privé, et je ne trouve pas de CDI. J’ai du également m’inscrire à l’IEJ pour avoir la convention de stage, car pas de convention, pas de stage. J’ai ainsi du débourser 700 euros chaque année depuis 2013..pour faire des stages payés le minimum.... ainsi il faut payer pour bosser ! le comble ... mais pas le choix, ainsi je suis à mon 4ème stage, et j’ai même fait un an dans la même entreprise. Je fais du boulot de juriste et non de stagiaire mais comment après sur mon CV revendre cette expérience.

      J’étais à des années lumières de me douter de la galère de trouver un poste de juriste junior.....

    • par jurista , Le 2 février 2016 à 18:32

      Je suis étonnée par cet article. On a l’ impression que c’est une nouvelle tendance alors que, franchement, ça ne date pas d’hier.
      Et cela tout simplement pare que les vrais postes de juriste sont rares. Pour l’expérience à l’etranger, je confirme, ce n’est absolument pas valorise. Quant au choix du M2, je suis sceptique. Il n’ y a pas de M2 miracle...

    • par Nooch , Le 17 février 2016 à 15:19

      Je confirme, pas de M2 miracle... j’étais diplômée du magistère de juriste d’affaires de Paris II (1ère formation en France tout de même), j’ai fait un LLM à NYU (plutôt pas mal classée non plus) et j’ai ensuite enchaîné les stages pendant un an et demi avant d’en avoir marre. Résultat : reprises d’études pour faire du marketing digital.
      Impossible de s’exporter en droit, de sortir de la case "stage", et apparemment les gens trop diplômés effraient les entreprises (même si on trouvait quand même le moyen de me casser sur le fait que je n’avais pas passé le barreau, alors que je voulais travailler directement en entreprise => logique). Je ressors très amère de l’expérience, et avec une vision du monde universitaire plus que cynique.
      Moralité : faites une école de commerce qui propose des stages, des apprentissages, des années de césure, bref, une vraie formation professionnalisante, l’université finira par se faire bouffer par ces écoles qui comprennent comment fonctionne le marché.

  • par N’guessan , Le 2 février 2016 à 17:56

    Merci pour cette rubrique qui va dans l’esprit de mon blog
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