Les entreprises ont besoin d’investisseurs pour pouvoir grandir, croître et créer de la richesse. Les investisseurs sont rémunérés par le biais des dividendes. Les dividendes sont donc un des piliers du capitalisme. Les limiter ou les encadrer paralyseraient tout le système.
Le salarié qui participe à la création de cette richesse est rétribué par son salaire.
Le système se grippe quand les dividendes cannibalisent la richesse à répartir. En 2010 les augmentations de salaires ont été plus que symboliques. Afin de forcer à répartir un peu mieux les richesses, il a été instauré « la participation des salariés ». Cette répartition est assise sur des critères légaux et basée sur un calcul dont la logique laisse encore perplexe les mathématiciens le plus brillants. La variable qui prédomine est le bénéfice fiscal.
Si on ouvre un petit mémento de droit des sociétés (je sens poindre les premiers bâillements) on comprend que les entreprises ont un résultat comptable et un résultat fiscal. On peut avoir un bénéfice comptable et une perte fiscale.Les dividendes sont basés sur le résultat comptable et la participation sur le résultat fiscal. Les lecteurs qui ont survécu à ce cours de droit comptable comprennent donc qu’on peut avoir une société qui distribue des dividendes (bénéfice comptable) et qui ne verse pas de participation (perte fiscale). Par conséquent, une même année on va considérer que l’entreprise a créé des richesses à répartir pour l’actionnaire, mais n’a pas créé de richesse à répartir pour le salarié. Même les économistes les plus libéraux ne peuvent trouver cette situation intellectuellement juste (même si pour eux elle est idéologiquement justifiée).
Le sentiment actuel est que la répartition des richesses ne se fait qu’au profit des actionnaires. La solution serait peut être d’assoir cette répartition aussi sur les dividendes, et de créer un « dividende salarié », qui se substituerait à la participation dans les cas de distribution de dividende. Le coût ne serait pas forcément important pour les entreprises, et serait un signe fort pour le salarié.
Il n’y a pas de raison que la rétribution de la richesse créée par l’entreprise soit effectuée de façon différente en fonction que l’on soit salarié ou actionnaire. Que la part qui revient à l’un et à l’autre ne soit pas la même a un sens, l’équité a toujours plus de sens que l’égalité. Cependant la base de calcul et le moment où l’on redistribue doivent être les mêmes.
Il n’y a qu’une richesse créée par l’entreprise il ne peut y en avoir plusieurs.
Gregory Groleas
http://republique-mon-amour.blog.lemonde.fr/